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06 juillet 2020

À la fenêtre la nuit d'été

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Tard dans la nuit d'été, la fenêtre de ma chambre s’ouvre sur un monde secret qui n’a pourtant rien d’extraordinaire.

 

La rue devient-elle étonnante parce que les gens dorment ?

 

Dans l’ombre, plus personne ne s’inquiète du chat noir qui traverse entre deux lampadaires, il a même toute sa place au moins jusqu’à l’aube laborieuse des superstitieux.

 

Je vois briller ses yeux depuis le balcon lorsqu’il entend le clic de mon briquet.

 

Peut-être me croit-il près du ciel comme un oiseau nocturne alors que j’essaie de me rapprocher de la terre pleine de promesses.

 

© Club, Orage-Lagune-Express et Blog littéraire de Christian Cottet-Emard, ISSN 2266-3959.

Image : je reprends ce dessin de Frédéric Guénot pour illustrer un texte de la série de mes Quatre songeries du ciel ouvert intégrée à la fin de mon recueil à paraître intitulé Aux grands jours. À l'origine, ce dessin avait été choisi pour la publication en feuilleton dans la revue Salmigondis de mon livre Le Grand variable (éditions Éditinter, épuisé).

 

04 juillet 2020

Au parc

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Il fait trop chaud, se plaint quelqu’un que je ne vois pas, non loin du kiosque à musique vide où les feuillages envoient des ombres dansantes.

 

Le ciel est si vaste que les bancs publics semblent y flotter comme dans la mer.

 

Eau non potable est-il écrit sur la fontaine qu’il suffit d’écouter pour se rafraîchir.

 

L’été est la saison où l’on habite l'immense et claire demeure de l’instant.

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Extrait de Quatre songeries du ciel ouvert, ensemble intégré à mon recueil Aux grands jours © Club, Orage-Lagune-Express et Blog littéraire de Christian Cottet-Emard, ISSN 2266-3959.

Photos C. C-E

 

17 juin 2020

Carnet / À propos de Aux grands jours (à paraître)

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Empressé ou patient, fragile et lumineux comme un coquelicot, chaque poème avec audace se dédie aux grands jours

(Poème de 4ème de couverture) 

Photo © Marie-Christine Caredda


Aux grands jours regroupe cinq recueils parus entre 1992 et 2004 en éditions limitées. Quatre sont des plaquettes : Le passant du grand large (1995), L'alerte joyeuse (1997), La jeune fille (édition bilingue français / portugais, 2001) et Le monde lisible (2004). Le plus ancien des cinq recueils, Le pétrin de la foudre, date de 1992 et provient d'un livre collectif illustré par le peintre Gabriel Guy.

J'ai hésité à réunir ces ouvrages en un volume aussi longtemps après leur première publication. Le principal problème d'une telle entreprise est de savoir s'il faut corriger voire réécrire ou tout laisser en l'état d'origine. J'ai choisi la première option, notamment pour l'ensemble intitulé Le pétrin de la foudre écrit dans une période de ma vie marquée par une exaltation parfois préjudiciable à la précision de la forme. Je ne pense pas que les modifications apportées nuiront à l'expression de l'élan vital qui s'exprime dans ce cycle. On trouvera en conclusion de ce volume l'extrait d'un entretien avec mon ami Jean-Jacques Nuel, éditeur de deux de mes livres.

 

Le pétrin de la foudre parut quelques semaines avant une rupture dans ma vie professionnelle. Il fallait à cet ensemble un titre en mesure d'exprimer les forces contradictoires qui me tenaillaient à cette époque où l'inquiétude du lendemain et l'élan de renaissance me consumaient. C'est en visitant une exposition consacrée à l'environnement naturel de ma région que ce titre me fut révélé, je n'ose dire par hasard. Arrivé à la section spéléologie, mon attention fut attirée par une grande carte du relief jurassien affichée sur un panneau. Au milieu des noms de massifs forestiers, de monts et de rivières, la mention Pétrin de la foudre me sauta aux yeux. Il s'agit d'un gouffre situé à proximité de la commune de Choux très proche de mon village dans ces montagnes parfois frappées par de violents orages où j'ai pour le meilleur et pour le pire mes racines.

 

Le congé du buveur est une suite de miniatures qui portait dans l'édition de 1992 le sous-titre d'interludes narratifs. J'ai renoncé à cette mention que je juge aujourd'hui trop pompeuse pour qualifier ces instantanés comportant parfois quelques références surréalistes parodiques et quelques traits d'humour. Dans le titre, le mot congé est à lire non seulement dans sa signification habituelle de vacances mais encore dans le sens qu'il revêt dans la législation du commerce et de la circulation de l'alcool soumise à des droits de douane. Cela nous amène au personnage du buveur livré aux humeurs changeantes de sa fatigue et de son demi-songe.

 

Le Passant du grand large est le recueil que j'ai le plus modifié pour la présente édition parce que les différents thèmes abordés s'y côtoient dans un désordre que je juge aujourd'hui excessif. J'ai donc élagué et raboté cet ensemble qui méritait plus de cohérence.

 

J'ai écrit L'alerte joyeuse dans le sillage du Passant du grand large, c'est-à-dire dans un état d'esprit assez proche mais moins aventureux.

Il s'agissait de retrouver un équilibre, de renouer avec des sensations simples, de tenter d'habiter poétiquement le monde (Hölderlin).

 

La jeune fille. L'opportunité d'une traduction en portugais, à mon goût la langue idéale de la poésie, me conduisit à écrire cette évocation du personnage quasi mythologique de la jeune fille. On trouvera en annexe de ce volume le texte traduit.

 

Le monde lisible. Malgré son titre pouvant évoquer une certaine sérénité, Le monde lisible marque une rupture avec l'univers poétique de mes débuts. Cet ensemble annonce le ton et les choix narratifs adoptés par la suite dans mes Poèmes du bois de chauffage publiés quatorze ans plus tard en 2018.

 

Poèmes rescapés. Il s'agit de quelques textes issus de différents recueils et revues introuvables, des écrits de mes débuts. Des rescapés, évidemment, parce que je n'ai pas éprouvé le besoin de les retoucher.

 

La jeune fille aux sandales de sable et L'île des libellules transparentes. La publication de textes revus et corrigés laisse à l'auteur une légère frustration. J'ai donc décidé d'intégrer en conclusion de ce volume deux inédits déjà anciens qui partagent une particularité. Ils n'ont jamais voulu se stabiliser en prose ou en vers. Le problème n'est pas rare mais il trouve d'habitude une solution en quelques mois. Il n'en va pas de même pour La jeune fille aux sandales de sable et pour L'île des libellules transparentes qui refusent tous deux depuis des années de se couler dans le moule du poème ou de la nouvelle. Je pense donc qu'ils ont leur place dans cet ensemble dominé par le thème récurrent de l'été, notamment avec la figure poétique de la jeune fille qui symbolise à mes yeux beaucoup plus cette saison que le printemps, tout comme le voyageur stupéfait de découvrir que son île, rêvée dans une chambre d'hôtel, existe.

 

© Club, 2020.

© Blog littéraire de Christian Cottet-Emard, ISSN 2266-3959.