23 avril 2014
Jim Harrison et la nature humaine
« C'est amusant, et je suis certain qu'un anthropologue pourrait l'expliquer, cette manie qu'ont les hommes de jauger et de commenter l'anatomie féminine, sans s'inquiéter une seconde de leur propre aspect négligé ou de leur inélégance foncière. J'ai vu le salopard le plus ignoble du monde noter une pauvre femme selon une échelle allant de un à dix, mais je ne doute pas une seconde que les femmes ont des comportements à peu près similaires, qu'elles ne dévoilent pas aux membres du sexe opposé. »
(Extrait de La Bête que Dieu oublia d'inventer de Jim Harrison, dans le recueil En route vers l'Ouest, éditions 10/18.)
13:06 Publié dans Alliés substantiels | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jim harrison, en route vers l'ouest, la bête que dieu oublia d'inventer, nouvelle, littérature américaine, auteur américain, amérique, usa, états unis, prose, blog littéraire de christian cottet-emard, alliés substantiels, citation, homme, femme, nature humaine, anatomie, anthropologue, anthropologie, élégance, inélégance
20 janvier 2014
Carnet : du sucre, du tabac et de l’écriture.
Puisque les gens qui me font l’amitié de me lire me reprochent souvent de publier des livres trop minces, je finis en ce moment de composer un gros recueil de nouvelles thématiques dont la plupart sont prêtes à l’envoi. Le travail qui reste relève de l’élagage et de la disposition des textes en vue d’obtenir un ensemble cohérent et bien rythmé, ce qui constitue pour moi la tâche la plus compliquée, bien plus difficile et fastidieuse que la rédaction en elle-même.
À cette étape délicate, il se passe toujours le même phénomène étrange qui affecte mon corps et mon esprit. En premier lieu des phases d’excitation et de découragement très rapprochées les unes des autres et un besoin permanent de sucre et de tabac. Cette fois, c’est encore plus marqué que d’habitude et je suis étonné que les doses de sucre que j’absorbe au quotidien n’aient pas entravé ma réussite d’être passé à la fin du printemps dernier en quelques semaines d’un poids de 86 kilos (mon poids depuis une vingtaine d’années) à 76 kilos (75 dans les meilleurs jours de l’été) sans faire de régime particulier mais en veillant à réduire les quantités de nourriture.
L’envie de gueuletons et d’excès est cependant toujours là. Je connais bien un autre moyen naturel de maigrir mais je ne peux en parler ici. Quant au tabac, c’est de pire en pire avec une faible consolation : comme je ne fume que des cigares, je n’en arrive pas encore aux records de consommation des fumeurs de cigarettes.
Tout cela est bizarre et prouve que nous ne décidons pas de grand-chose, que nous ne maîtrisons rien et que nous ne sommes que les spectateurs le plus souvent passifs et sans cesse dépassés de nos propres existences.
Photo de sucre prise ici.
02:37 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : sucre, tabac, cigare, écriture, addiction, dépendance, compensation, frustration, littérature, nouvelle, perte de poids, surcharge pondérale, régime, nourriture, cigarette, blog littéraire de christian cottet-emard, maigrir, ligne, poids, balance, kilos, taille, poignées d'amour, bedaine, brioche, embonpoint, gras, gueuleton, glouton, gourmand, friandise, havane, cuaba
21 décembre 2013
Des nuages lenticulaires et du bonheur
Il était souvent vêtu d'un caban, parlait peu mais acceptait volontiers un cigare et un verre d'alcool mais pas de thé. Un jour, il sortit de sa réserve habituelle, peut-être sous l'effet d'un vieux porto, et demanda à Andrade s'il était heureux de la vie qu'il menait. Sur le moment, Andrade ne sut que répondre et se contenta de remplir de nouveau le verre de son visiteur. Quand celui-ci prit congé, il repensa à la question et la jugea indiscrète. Quant à l'adjectif « heureux », il le trouva saugrenu mais lié à deux souvenirs, l'un d'enfance et l'autre d'adolescence.
Dans le premier, il revit un nuage en forme de soucoupe volante qui s'était installé dans le ciel, et sous le ciel courait ce jeune garçon qu'il avait été. Après s'être arrêté un moment le nez en l'air, il était rentré chez lui où il avait appris dans un livre qu'il s'agissait d'un nuage lenticulaire. « Les nuages lenticulaires, en forme de pile d’assiettes, peuvent rester sur place durant plusieurs heures » disait le livre. Cette apparition l'avait comblé d'un étrange et fugace bonheur. Ainsi la formation d'un nuage lenticulaire pouvait-elle susciter le sentiment d'être heureux. Pourquoi ? Alors là, mystère...
Dans le second souvenir, celui d'une promenade dans le parc municipal, Andrade se revit en jeune homme franchissant un pont. Son regard s'était mêlé au cours tranquille de la rivière. Ce jour-là, non loin du kiosque à musique, lui apparut le mystère de cette eau claire qui dansait sur les cailloux et dans le soleil, fantasque comme le rire tumultueux d'une jeune fille. Mais la rivière n'est jamais fantasque. Seul peut l'être celui qui, sans savoir pourquoi, s'est arrêté sur le pont, le passant du parc municipal soudain traversé par l'énigme de l'eau.
Presque trente ans plus tard, celui qui reste le passant du parc s'immobilise encore sur le pont, et la rivière, toujours pareille à elle-même, lui signifie qu'il ne sait toujours rien de cette inexplicable joie à propos de laquelle les gens se questionnent parfois dans la solitude lorsqu’il leur arrive de réfléchir à leur destin.
Extrait d'un ouvrage en cours. Droits réservés. © L'auteur et Orlag, 2013.
Photo de nuages lenticulaires prise ici.
00:13 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : nouvelle, nuage lenticulaire, bonheur, joie, destin, andrade, christian cottet-emard, blog littéraire de christian cottet-emard, droits réservés, édition, publication, manuscrit déposé, extrait, fêtes lointaines, mariage d'automne, notaire