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03 janvier 2008

Petite scène

L’insomniaque horloge bâilla péniblement, rêvant un jour de s’arrêter. Effleurée par la fuite de l’ombre, elle fit tressaillir un noctambule que le silence empêchait de dormir. Pressé d’être au diapason, le noctambule bouscula un hibou renfrogné auquel on sabotait quotidiennement le coucher. eb47e1237c928149e8e540bc1b0aed86.jpegSon aile muette dispersa les dernières voiles du vaisseau nocturne et la lune, dépouillée du scapulaire moucheté qu’elle affectionnait, en voulut au soleil qui la rendit scarieuse comme une corolle de Perce-neige éblouie.
Saisissant l’opportunité d’un tel spectacle, le noctambule qui se trouvait être un poète trempa cérémonieusement le croissant de la lune dans son café au lait, l’aube naissante.

© L’auteur, 1979.
(Ce texte, datant de 1977 ou 1978, a été publié dans mon premier recueil de poèmes sorti en 1979. Le fond est aussi léger que la forme alourdie d’adverbes mais j’avais envie de commencer l’année avec lui, tel qu’il fut écrit voici trois décennies. Après tout, on fait ce qu’on veut sur un blog !)

Bonne année 2008 !

05 décembre 2007

L'ardoise magique

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Tu as trop sommeil tu ne peux vraiment plus accueillir le début d’un nouveau poème tu te couches

Tu t’endors tu penses : note cette bribe pour demain tu penses : pour tout à l’heure souviens-t’en au réveil note dors n’oublie pas

Tu te réveilles avant le réveil longtemps avant tu te lèves pour noter trop tard tu as oublié trop tôt

Tu déambules dans la maison tu cherches tu as oublié de fermer les volets le cerisier te prévient tu le vois gesticuler dans le vent sous la lune contre le mur à travers les voilages des rideaux tout s’est effacé sauf l’ombre du cerisier


© Orage-Lagune-Express 2007.
Photo Christian Cottet-Emard.

16 novembre 2007

Le voyageur nocturne

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Un soir blotti dans ton petit lit tu entends
tu entends un vélomoteur dans la nuit et tu te dis
tu te dis qu’il faut
qu’il faut qu’un homme soit
soit bien malheureux pour avoir
pour avoir à circuler
à circuler ainsi par les chemins vicinaux obscurs et par les rues vides à lampadaires livides

Ce soir immobile dans ton grand lit tu entends
tu entends un avion et tu te dis
tu te dis qu’il faut
qu’il faut être
être bien tourmenté pour avoir
avoir ainsi à voyager dans la nuit ivre de givre et dans les ténèbres glacées du ciel à dix kilomètres d’altitude et pour aller
aller où ?

© Éditions Orage-Lagune-Express 2007
(Photo Clara Cottet-Emard)