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02 décembre 2010

Carnet de l’Avent

Même si, malheureusement pour moi, je n’ai pas la foi, je suis très attaché à la période si particulière de l’Avent. Penser, comme les agnostiques, qu’il est inutile de se soucier à l’excès d’un mystère hors de portée de l’humain ne m’empêche pas de me sentir à l’aise dans ma culture chrétienne. J’aime la manière dont les grandes fêtes chrétiennes ponctuent l’année et donnent au temps sa saveur.
Cette nuit, les petites flammes du foyer se reflètent dans les vitres et leur image se mêle à celle des grands frênes courbés sous le poids de la neige. Je ne peux me résoudre à me priver de cette féerie en fermant les volets et en montant me coucher.

passereau.JPG

Je me demande où se réfugie, dans cette splendeur glaciale, le passereau qui est venu se percher ce matin dans le lilas, guettant la fin du repas des chats pour  becqueter un peu de gras dans leurs gamelles.

Si cela ne représentait pas un danger certain, je chausserais volontiers les raquettes maintenant, à presque deux heures, pour une promenade dans cette nuit blanche. Cela doit s’appeler de l’insomnie, sans doute favorisée par la musique qui ne me quitte pas après l’écoute d’affilée, cet après-midi, de deux grandes œuvres d’Elgar, Sea Pictures (23 minutes) et The Music Makers (40 minutes). De plus en plus souvent, les premiers vers du poème d’Arthur O’Shaughnessy choisi par Elgar me tournent dans la tête du matin au soir : « We are the music makers, / And we are the dreamers of dreams » ...

Photo : notre petit visiteur hivernal photographié hier matin.

07 novembre 2010

Goûter l'air des jours



regarder boire la lune

écouter la pluie

ne perdre son temps

de toute façon perdu

avec rien d'autre

À la rigueur écrire


© Éditions Orage-Lagune-Express 2010

Illustration : ombres des frênes en fin de matinée sur le sol de mon bureau

21 mai 2010

Carnet du premier quartier de lune

P1000218.JPGDimanche dernier en début de soirée, sous un ciel encore incertain, alors que j’allumais un cigare avec une braise du barbecue, la solution au problème d’une nouvelle bloquée en plein milieu depuis au moins deux ans m’est apparue à l’improviste. Je me suis donc attelé à la tâche dès que j’ai en ai eu le loisir, dans la nuit de mercredi à jeudi. Je n’ai eu qu’à tirer un fil et toute la pelote s’est dénouée. J’en ai ressenti un intense soulagement. Vers 1h30, une fois la première version de cette deuxième partie du texte fixée, enregistrée et sauvegardée sur une clef, je me suis autorisé une pause et je suis sorti fumer un cigare dans la nuit. Quelques coups de vents finissaient de dégager le ciel de plus en plus étoilé. Dans mon coin du Haut-Jura, les étoiles brillent avec beaucoup d’intensité en raison de la faible pollution lumineuse. Après avoir fini mon cigare, je suis resté encore un moment immobile dans la pénombre lorsqu’un froissement dans les hautes herbes à ma droite a révélé le passage du renard à quelques mètres de moi. Un beau spécimen, très costaud. Il a fournaté dans les taillis, repris tranquillement son chemin en prenant soin de ne jamais s’exposer au clair de lune et a disparu dans les fourrés. C’est la première fois que je le vois d’aussi près. Quelques minutes après, le cri de la hulotte a retenti juste au-dessus de ma tête. Elle aussi était tout près. D’habitude, je l’entends dans les grands champs qui s’étendent autour de la maison. Pour finir, le chat a surgi en silence du gros buisson de lilas en fleur et m’a fait des fêtes semblables à celles qu’il me dispense à mon lever qui correspond pour lui à l’arrivée dans sa gamelle de la première boîte de la journée. Il m’a regardé avec l’air de me dire : « qu’est-ce que tu fabriques encore debout à cette heure-là ? » Pendant qu’il reprenait ses incessantes patrouilles destinées à marquer tout son territoire et au besoin à en chasser tout rival, je suis rentré et me suis remis à l’ouvrage. Une fois la narration fixée, je procède à un élagage (coupures, corrections, chasse aux coquilles) puis à un lissage (autres coupures, recherche de toutes les simplifications possibles et chasse aux fausses bonnes idées qui contentent sur le moment mais qui se révèlent souvent lamentables en seconde ou troisième lecture). Vers 3h, j’ai déclaré forfait car il me restait à éteindre les lumières, fermer les volets, vérifier le verrouillage des portes et préparer la table du petit-déjeuner. Cette dernière opération me permet de fournir le minimum d’efforts lorsque, quelques heures après, je dois me lever hébété de fatigue au moment de commencer la journée suivante...