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13 mai 2018

Interlude

Ces jours, en écoutant les merles. (Avec l'aimable participation de Linette !)

 

 

05 mai 2013

Flower power

flower power,allen ginsberg,blog littéraire de christian cottet-emard,poésie,journal,note,littérature,récit des lisières,estime-toi heureux,droits réservés,copyright,avril,mai,tulipe,éditions orage-lagune-expressMai trempé après la neige sur les tulipes les derniers jours d’avril

Dans la nuit gronde la rivière d’avoir à tant charrier et si vite

Tard tu l’entends dans le noir à la fenêtre l’eau toujours vieille l’eau toujours jeune

Tu as des motifs d’être très gai et très triste qui ne sauraient en rien intéresser d’authentiques lecteurs et lectrices de vénérable et vraie littérature

Leur confier que la météo n’étant pas propice à la dégustation d’un Cohiba tu grilles en vitesse de corrects cigarillos ne tombe pas encore sous le coup de la Loi mais rien ne dit qu’un jour tu ne sois pas contraint de couper cette phrase

Voilà qui ferait peut-être bien rire ou pleurer Allen Ginsberg que tu aurais aimé rencontrer à cause de sa bonne tête son air flower power de toujours dire ne t’en fais pas

Ne t’en fais pas s’il neige sur les tulipes

© Éditions Orage-Lagune-Express, 2013. Droits réservés pour texte et photo.

À voir et à écouter ici, Allen Ginsberg et Paul McCartney : The Ballad of the Skeletons

20 mai 2011

Carnet des pivoines

Ces nuits, un vent doux fait onduler les frênes et encourage les pivoines à s’ouvrir.

Toujours du suspens avec les pivoines. Elles se méfient de la lune rousse, des Saints de glace et des ruses du vieil hiver épuisé en gardant leurs boutons hermétiquement clos jusqu’à la véritable installation des beaux jours. Elles risquent alors un pétale, pas un de plus, qui va rester ainsi déplié tout seul en éclaireur, parfois pendant plusieurs jours, puis se décident à s’épanouir, je dirais plutôt à se défroisser, lorsque le second printemps prend des airs d’été.pivoine,fleur,jardin,mai,printemps,été,campagne,nature,frêne,arbre,nuit,orage,brise,christian cottet-emard,blog littéraire,carnet,journal,note

Le vent tiède de ces nuits de mai a convaincu les pivoines de se lancer dans l’aventure. Le pétale éclaireur se confond  avec les autres et l’ensemble se déploie très vite comme une boule de papier crépon.

Les pivoines dont je parle sont celles qui m’ont accompagné pendant mon enfance. Une variété ancienne. Larges, blanches avec un liséré rouge en leur cœur au parfum sans pareil, elles sont toutes issues du même plan qui a prospéré au moins depuis les années 1950 dans le jardin de la maison construite par mon aïeul au début du vingtième siècle. La vente de cette propriété a été un tel crève-cœur pour moi que j’ai emporté des rhizomes du grand massif dans ma propre maison, achetée en 1992,  où les pivoines se sont parfaitement acclimatées. J’ai renouvelé l’opération lorsque j’ai vendu ma maison de ville pour acquérir, à la campagne, la propriété de famille où je vis désormais depuis plus de deux ans, le temps qu’il a fallu cette fois aux pivoines pour reformer un début de massif à une altitude supérieure et sous un climat plus rude.

Mes belles parfumées en sont à leur troisième déménagement. Je les contemple longuement car une fois fleuries, leur vie est courte. Les fleurs sont en effet si lourdes qu’elles fragilisent les tiges. Un coup de vent impétueux, un pluie trop lourde, un orage, et voilà les pivoines en déroute. Pour l’instant, la météo leur est favorable et je vais pouvoir entendre auprès d’elles les vieilles histoires qu’elles me racontaient déjà dans le jardin lorsque j’étais en culottes courtes. Elles vont aussi me parler de mes chers défunts comme elles seules peuvent le faire.

J’aime les pivoines pour leurs paradoxes. Vivaces et fragiles, rustiques et sophistiquées, résistantes et inadaptées, capricieuses et vaillantes. Finalement, j’ai toujours vécu avec elles malgré mes déménagements Dieu merci peu nombreux et peu lointains. Je mesure en ces nuits de douce brise ma chance de pouvoir vivre encore auprès d’elles, sous les grands frênes, dans un vaste espace de verdure et dans des heures lentes, le seul luxe qui compte pour moi.