18 octobre 2020
Les ennemis du poète
La plupart des ennemis du poète sont de passage
Ils font souche ou carrière ou roulent poussés par le vent comme des amas de brindilles et de racines coupées et sont contraints de subsister un certain temps en ces contrées paisibles qu’ils veulent changer comme ils veulent te changer toi aussi
Naturellement ils se cassent vite les dents à cette tâche lugubre et repartent un beau jour un très beau jour lassés et furieux non sans avoir cependant provoqué quelques dégâts
De leur défaite et des dégâts qu’ils ont causés ils conçoivent une nostalgie et les voici sans cesse revenant sous ces cieux qu’ils ont voulu changer mais qui les ont changés et vaincus
Et toi toujours pareil à toi-même comme ce pays profond est toujours pareil à lui-même il t’arrive parfois de les apercevoir errant sans âme au détour d’une rue ombreuse et déserte du soir
Et tu t’arrêtes un instant pour les voir passer comme on s’assoit au bord du fleuve à regarder glisser les corps des ennemis du poète bercés par l’onde sûre et tranquille
© Éditions Orage-Lagune-Express. Photo et retouche Christian Cottet-Emard.
00:31 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ennemis, ennemis du poète, résistance, combat, occident, pays, identité, racines, france, pays profond, pays natal, culture chrétienne, estime-toi heureux©, orage-lagune-express éditions, droits réservés, hymnes, christian cottet-emard, poésie, littérature, blog littéraire de christian cottet-emard, rue déserte, ombre
21 juin 2020
Légende d'été
Photo Marie-Christine Caredda
Dans mon rêve l’été est une grande fleur qui s’ouvre et qui contient toutes les autres
comme une légende qui contient toutes les histoires
ou bien un parasol qui fleurit dans les rues du monde et qui contient tous les autres
puis sous l’averse fraîche et parfumée comme une passante inaccessible
un parapluie qui éclôt et qui contient tous les autres
et dans sa brève nuit de fête où l’on erre comme une ombre heureuse avant de s’éloigner des lampions
un abat-jour qui veille jusqu’à l’aube et qui contient tous les autres
Mais peut-être n’ai-je pas rêvé
Extrait de mon recueil Estime-toi heureux
© Éditions Orage-Lagune-Express
01:33 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : été, heure d'été, rêve d'été, légende d'été, jour, nuit, fleur, parasol, parapluie, monde, averse d'été, passante, abat-jour, pluie d'été, lampion, ombre, aube, blog littéraire de christian cottet-emard, poésie, littérature, estime-toi heureux, ©orage lagune express, christian cottet-emard, dépôt électronique n°, archive office notarial n°, droits réservés, texte, photo ©marie-christine caredda, lumière
11 juin 2020
Carnet / Dans le seul but de bien rêver
Photo © Ch. Cottet-Emard
Moi qui suis accroché pour le meilleur et pour le pire à ces vallons et à ces forêts où j’habite aux confins de l’Ain et du Jura, je me demande toujours, piètre voyageur, touriste des plus ordinaires, ce qui me rend si familier de mes villes étrangères préférées parmi lesquelles, évidemment, Lisbonne où je me rendis pour la première fois en octobre 2013.
Cette photo date de cette époque. Sept ans déjà, et le souvenir intact, comme neuf, de cet instant privilégié, de ce moment à poème où un changement d’angle et de perspective transformait en quelques pas ma vision de ce coin de place.
Dans le carnet de voyage et de lecture que j’ai récemment publié dans le cinquième numéro de la belle revue Instinct nomade (éditions germes de barbarie) intitulé Les sept vies de Fernando Pessoa (Lisbonne est bâtie sur sept collines, comme Rome) je me demande si la capitale portugaise est une ville borgésienne. Malgré toutes ses bibliothèques, je ne le crois pas.
Cette question m’est pourtant venue à l’esprit au moment de prendre la photo, peut-être à cause de quelques couleurs aux nuances sombres malgré la lumière qui se joue des courbes et des plis de la ville et qui entre partout. Rien de suffisant pour penser à Borges et Buenos Aires.
Chaque regard invente sa propre géographie dans le seul but de bien rêver.
01:14 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : carnet, note, journal, carnet de voyage, carnet de lecture, lisbonne, portugal, buenos aires, argentine, capitales littéraires, photographie, lisbonne pessoa et ses ombres, revue instinct nomade, les 7 vies de fernando pessoa, éditions germes de barbarie, christian cottet-emard, ain, jura, vallons, forêts, blog littéraire de christian cottet-emard, borges, bibliothèques, labyrinthe, rêve, géographie rêvée, regard, rome, italie, sept collines, capitales d'europe, continent européen, voyageur, touriste, lumière, ombre, terrasse de café, vert, bleu, jaune