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11 juin 2020

Carnet / Dans le seul but de bien rêver

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Photo © Ch. Cottet-Emard

Moi qui suis accroché pour le meilleur et pour le pire à ces vallons et à ces forêts où j’habite aux confins de l’Ain et du Jura, je me demande toujours, piètre voyageur, touriste des plus ordinaires, ce qui me rend si familier de mes villes étrangères préférées parmi lesquelles, évidemment, Lisbonne où je me rendis pour la première fois en octobre 2013.

Cette photo date de cette époque. Sept ans déjà, et le souvenir intact, comme neuf, de cet instant privilégié, de ce moment à poème où un changement d’angle et de perspective transformait en quelques pas ma vision de ce coin de place.

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Cette question m’est pourtant venue à l’esprit au moment de prendre la photo, peut-être à cause de quelques couleurs aux nuances sombres malgré la lumière qui se joue des courbes et des plis de la ville et qui entre partout. Rien de suffisant pour penser à Borges et Buenos Aires.

Chaque regard invente sa propre géographie dans le seul but de bien rêver.

 

09 mars 2020

Ombre élastique au petit matin

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Mon ombre ne rassure que moi

 

On dit que ceux qui errent sans elle ne savent qu’ainsi leur infortune de spectres chagrinés et perplexes

 

et je vois bien la mienne hésiter entre chien et loup sur les pavés de vieilles villes aux tramways hantés

 

sans comprendre pourquoi elle aussi voudrait s’étirer comme un élastique et claquer d’un coup sec

 

tel l'adieu impatient et sans regrets des femmes qui n'aiment plus

 

(Extrait de mon recueil Estime-toi heureux. © Éditions Orage-Lagune-Express.)

Image : rails du tramway à Lisbonne (photo Christian Cottet-Emard)

 

16 novembre 2019

Portrait au pont Dom-Luís

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Je dors d’un œil 

Je vote en me bouchant le nez

Je me méfie des poètes 

Je doute des amoureux 

Je flotte dans les fêtes de rue 

Je croise une ombre 

Je tourne dans la nuit 

Mes rêves m’essoufflent 

Je fais des vœux sous la pluie d’étoiles filantes 

Je rajoute du sucre

 

© Éditions Orage-Lagune-Express 2015, droits réservés