10 janvier 2023
Carnet / Le silence des poètes
On le sait, la démocratie est le pire des régimes politiques mais il n’y en pas de meilleur. Pourtant, jamais cette démocratie à laquelle nous sommes nombreux à être attachés malgré ses défauts, ses manques et ses excès n’a connu un tel recul que celui que nous avons observé lors de la récente crise sanitaire, notamment avec la mise en place du passeport vaccinal qui a créé de fait, brutalement et sans contestation massive, une discrimination officielle c’est-à-dire la création sur une période donnée d’une catégorie de sous-citoyens, de citoyens de seconde zone, approuvée, décidée et appliquée au plus haut niveau de l’État avec un zèle tout particulier des exécutants à tous les échelons de la population.
Il faut hélas continuer de parler au présent de cet événement effrayant même si les mesures d’exception ont été suspendues (essentiellement pour des raisons d’évolution du contexte politique liées aux surprises des dernières élections législatives) parce que nous voyons bien qu’à la lumière de ce qui s’est passé pendant ces deux ans, c’est une nouvelle société qui pointe son nez, et pas la plus rassurante, celle qui risque de sortir discrètement du cadre démocratique au profit d’une post-démocratie parfaitement prête à verser dans une forme inédite de pré-dictature. Le danger n’est pas imminent mais à prendre au sérieux et seuls ceux qui n’ont pas envie de le voir et de le dénoncer pour continuer à vaquer tranquillement à leurs occupations se gaussent de cette inquiétude.
Parmi eux, une mention toute particulière est à réserver (ce n’est qu’un petit exemple dont je conçois bien qu’il peut paraître négligeable) à une majorité de ces poètes que je vois tourner dans l’espace des réseaux sociaux, presque entièrement silencieux sur l’épisode que nous venons de vivre (et qui est loin d’être terminé) alors qu’il n’est pas un recoin de leurs pages où ils ne dévident pas leurs mantras du genre « la poésie sauvera le monde » quand ils ne débitent pas leurs chapelets de curés laïques poussant leurs fades homélies sur Facebook, tels d’anciens « nouveaux Rimbaud » finissant en sous-notables parfois médaillés !
Pas un mot de la part de ces défenseurs si bien politisés de la liberté loin de chez eux sur ce qu’ils avaient sous leur nez : une nouvelle caste de parias, des professionnels privés de leur emploi du jour au lendemain, des victimes d’effets secondaires suite à l’administration de produits expérimentaux sous la pression du chantage gouvernemental, autant de victimes collatérales d’un déchaînement de menaces et de contraintes qui se retrouvent aujourd’hui abandonnées à leur sort, privées de tout recours officiel hormis celui d’associations d’avocats courageux et de très rares journalistes qui font encore leur métier dans des médias encore critiques : Cnews (Pascal Praud), Sud radio (André Bercoff) et quelques autres bien loin des grandes chaînes et des journaux nationaux tellement subventionnés par l’État qu’ils sont devenus des médias officiels (je nuance ce jugement à propos du Figaro).
Écrire sur cette situation ne m’amuse pas. Je préférerais moi aussi ne m’occuper que de mes petits livres (sans pour autant être étiqueté poète) car en réalité, la catégorie de poètes dont je viens de parler, leur silence au moment où leurs paroles et leurs écrits auraient peut-être enfin pu compter un peu et bien souvent la lecture de leur littérature calibrée aux bons sentiments à la mode, tout cela me provoque plus de flatulences et de météorismes que l’ingestion par négligence d’un cassoulet en boîte périmé servi à l’estaminet célébré par Pierre Perret dont la poésie particulière décolle parfois plus haut que celle éditée à grand renfort de subventions par l’édition autoproclamée « alternative » .
On me reprochera peut-être à juste titre de tirer sur des ambulances mais quand même, ces rebelles dont on nous rebat les oreilles, où sont-ils quand on aurait besoin qu’ils se manifestent un tantinet sur un sujet aussi grave et aussi proche que celui que je viens d’évoquer au lieu de se contenter de manifester contre ce qui cloche à l’autre bout de la planète dans des contrées où la démocratie n’est même pas encore le début d’une idée ? Mais laissons les poètes où ils en ont envie, après tout pourquoi pas ? (Et d’ailleurs, méritent-ils tant d’emportement de ma part puisque depuis longtemps, ils ne s’écoutent et ne se lisent qu’entre eux — et encore… ? Probablement pas, ça ne vaut pas le coup).
Revenons plutôt à nos moutons, c’est le cas de le dire. Pour ceux-là (ceux qui consentent sans barguigner), la tempête est dernière nous, oubliée, zappée, et ce n’est pas parce que la France est, si je ne me trompe, le dernier pays européen à se venger contre les personnels de santé et de secours non-piqués en refusant de les réintégrer avec les excuses et surtout les indemnités, qu’ils vont se poser d’autres questions sur ce que cette crise de folie générale et institutionnelle annonce pour demain : labos en embuscade car shootés aux records de bénéfices jamais vus et mesurés en heures, politiques à leurs ordres et à ceux d’une gouvernance européenne censée nous protéger de tout (crise économique, excès de nationalisme, risque de guerre, corruption…) alors que cette Europe-là finit quand même par faire la une de l’actualité avec toute cette panoplie parce qu’en fin de compte, toute cette imposture est impossible à mettre sous le tapis, même par des médias complaisants qui regardent encore un tout petit peu, de temps en temps, quand le chaudron s’emballe un peu trop, du côté de ce qui leur reste de vague crédibilité pour exister encore, même sous perfusion de leur drogue dure, la « subventionnite » (également très prisée, si j’ose dire, des poètes, à leur humble niveau).
Ah, encore les poètes, voilà que ça me reprend, peut-être parce que l’Histoire se souvient qu’en des époques autrement plus dangereuses et désespérées, leurs voix ont porté alors qu’elles n’avaient que le mauvais papier de pénurie des livres imprimés clandestinement et des tracts largués par avion pour recueillir leurs écrits, leurs protestations, leur résistance…
Et pour ne pas oublier :
Pass Vaccinal : "Juridiquement, cette situation est de la folie" - Marc Gotti -
Charles Gave : "L'empire du mensonge est en train de s'écrouler".
03:04 Publié dans carnet, NOUVELLES DU FRONT | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : crise sanitaire, produits expérimentaux, consentement, poètes, silence, blog littéraire de christian cottet-emard, actualité, post-démocratie, pré-dictature, danger totalitaire, politique, christian cottet-emard, santé, réseaux sociaux, facebook, information, presse, radio, télé, médias, journaux, édition, passeport vaccinal
16 novembre 2019
Portrait au pont Dom-Luís
Je dors d’un œil
Je vote en me bouchant le nez
Je me méfie des poètes
Je doute des amoureux
Je flotte dans les fêtes de rue
Je croise une ombre
Je tourne dans la nuit
Mes rêves m’essoufflent
Je fais des vœux sous la pluie d’étoiles filantes
Je rajoute du sucre
© Éditions Orage-Lagune-Express 2015, droits réservés
00:03 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christian cottet-emard, court, texte bref, blog littéraire de christian cottet-emard, ©éditions orage-lagune-express, droits réservés, nuit, littérature, poésie, œil, nez, poètes, amoureux, quai, rue, ombre, rêves, étoiles filantes, vœux, sucre, promenade nocturne, porto, portugal, douro, fleuve, photo, portrait, pont dom luis
15 octobre 2018
Carnet / Des notaires et des poètes
En lisant une nouvelle de Julian Barnes, Expérience, j’apprends qu’il existe un dicton français selon lequel chaque notaire porte en soi les débris d’un poète. Et le narrateur de poursuivre : cet échantillon de sagesse populaire est-il plus vrai que son contraire : chaque poète porte en soi les débris d’un notaire ? Je précise que je n’ai rien contre les notaires, je les estime même beaucoup car sans eux, ce serait le chaos. Cela précisé, plus j’y réfléchi, plus je crois qu’il existe une grande proximité entre les notaires et les poètes. Les uns comme les autres gèrent une manière acceptable d’habiter le monde des humains.
Tableau : Le rêve du poète de Giorgio de Chirico, appelé aussi la nostalgie du poète.
01:36 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : notaires, poètes, blog littéraire de christian cottet-emard, julian barnes, expérience, nouvelle, le rêve du poète, giorgio de chirico, la nostalgie du poète, carnet, note, journal