04 juillet 2007
Comment certains de mes livres ont été publiés
Le Grand variable
Curieux destin que celui des livres. Je me suis attelé à mon Grand variable en novembre 1996, en même temps qu’à un autre livre, et j’ai terminé la version manuscrite en octobre 1997, l’année du passage près de la Terre de la comète Hale Bopp. J’utilisais des cahiers en papier recyclé offerts par ma fille alors écolière. J’écrivais avec des stylos à plume jetables à l’encre de couleur, souvent dans le jardin, au soleil. J’avançais assez vite malgré le contexte défavorable de cette année. J’avais presque renoncé à publier ce texte lorsque deux événements se produisirent.
En visite à Oyonnax lors de Pâques très neigeuses, mon ami Bernard Deson pianota sur mon Macintosh Performa 6300 pour disposer dans un ordre que je trouvai judicieux les cent séquences du récit. Il m’avait préalablement révélé que les deux livres auxquels je croyais travailler n’en formaient en réalité qu’un seul, ce que je n’avais pas réalisé, le nez dans mes cahiers et sur mon écran depuis trop longtemps. Quelques semaines ou quelques mois après cette intervention, il établit une première édition hors commerce du Grand variable. On en trouve un exemplaire relié à la bibliothèque municipale d’Oyonnax. Bernard composa aussi spécialement pour Le Grand variable le collage que j’ai partiellement reproduit sur ce blog dans la note précédente, en illustration de la séquence 72, mais qui ne put malheureusement pas être retenu pour la couverture.
Entre temps, j’avais aussi porté le manuscrit à mes nouveaux amis, Roland et Emmanuelle Fuentès, qui le publièrent en 1999 sous forme de feuilleton dans leur revue Salmigondis, rehaussé de superbes dessins de Frédéric Guénot.
L’idée me vint ensuite d’envoyer le manuscrit aux éditions Editinter. Le Grand variable est le seul roman, si l’on peut ainsi qualifier ce texte, qu’il m’ait été donné de publier à la suite d’un envoi postal spontané. Robert Dadillon, le patron d’Editinter, que je regrette de n’avoir jamais rencontré, en fit en 2002 une édition très soignée, ornée d’une encre du peintre Gabriel Guy. Dans un courrier, Robert Dadillon m’apprit qu’il avait lu certains de mes textes dans des revues. J’ignore s’il parlait des épisodes du Grand variable et je n’en sais pas plus aujourd’hui puisque nous n’avons pas eu l’occasion de discuter, même par téléphone. Je téléphone peu et je me déplace rarement, excepté lors de courtes vacances. Par un hasard assez incroyable, Le Grand variable, aujourd’hui épuisé, parut en même temps, chez le même éditeur, que Portraits d’écrivains, le beau livre de mon ami Jean-Jacques Nuel.
Image : manuscrit du Grand variable
13:20 Publié dans Et à part ça ? | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Édition, publication, Le Grand variable, Christian Cottet-Emard, manuscrit, encre, couleur
03 octobre 2006
Tu écris toujours ? (42)
Lorsque je veux avoir des nouvelles de moi-même ou plutôt de la destinée de mes publications au-delà de ma ville culturellement enclavée, je me téléporte d’un clic sur internet où je peux m’informer de ce qui s’écrit et se publie à propos de mes modestes travaux littéraires. Je n’ai pas d’autre solution car, je ne sais pas comment je me débrouille, je suis toujours le dernier informé. L’actualité (“ennemi le mieux masqué du poète” selon René Char) n’a jamais été mon fort, même quand j’étais journaliste !
Mais tous les journalistes, heureusement, ne détestent pas comme moi l’actualité et font bravement leur métier en allant chercher, creuser, explorer, enquêter, découvrir, si possible au-delà du ballet savamment orchestré des apparences, des leurres et de l’intox. De ces journalistes consciencieux, il en existe encore, par exemple sur Wanadoo Maroc où j’appris un jour avec intérêt, dans un billet intitulé Voyage dans la blogosphère littéraire, que j’étais “un écrivain anonyme” ! J’avais déjà entendu parler des alcooliques anonymes mais des écrivains anonymes, pas encore (et pour cause !).
Encore un plumitif vexé, allez-vous dire. Eh bien pas du tout. Au contraire, je vais vous démontrer pourquoi un écrivain a tout intérêt à rester discret à défaut de pouvoir s’offrir l’anonymat. La célébrité, dont le seul avantage consiste à vous faire tinter un peu de monnaie aux oreilles, me semble effrayante. Je m’explique.
J’ai actuellement la chance d’avoir des amis écrivains qui me font souvent des compliments après m’avoir lu. Ils paraissent sincères et leur avis revêt pour moi une certaine importance. Mais si par extraordinaire un de mes livres me faisait accéder à une subite célébrité, ces mêmes amis ne risqueraient-ils pas d’apposer un bémol dans le concert de leurs louanges ? Et leurs critiques ne se multiplieraient-elles pas à chaque nouvel opus produit dans le sillage du succès d’origine ? Alors, mon style s’alourdirait, ma thématique se ferait répétitive, quant à ma technique narrative, elle glisserait vers les inévitables facilités et paresses liées au succès.
“Christian ? Oh, ce n’est plus ce que c’était. Il a gagné en carbure ce qu’il a perdu en poésie. Son dernier n’est pas mal... Quoique... Peut-être un peu bâclé. Il y aurait du fond de tiroir là-dedans que ça ne m’étonnerait pas. Croyez-moi, il a baissé. Rien à voir avec “avant”. Au début, oui, quand il ne vendait rien, alors là, c’était quelque chose ! Mais maintenant... Ah, c’est sûr, je préférais ses premiers bouquins !”
Les voilà, les effets de la célébrité ! Tout cela jetterait un froid. Après avoir agacé les amis, le succès et la célébrité s’attaqueraient aux vacances. Alors que j’aurais désormais les moyens de la Costa Smeralda en été et de Crans-Montana en hiver, je serais obligé, pour avoir la paix, d’aller ne pas me faire voir dans la Creuse ou pire, si mes livres m’apportaient la vraie fortune, d’acquérir des morceaux entiers de Patagonie et de devoir dévaliser M Bricolage pour clôturer tout ça. Vous voyez le tableau ? Pour sûr, tiens, ce serait du chouette !
(À suivre)
00:24 Publié dans FEUILLETON : tu écris toujours ? | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Feuilleton en ligne, aventures dans l'édition, publication