28 septembre 2010
Tu écris toujours ? (59)
Mon feuilleton Tu écris toujours ? continue dans le Magazine des Livres n°26 (septembre/octobre 2010) qui vient de sortir en kiosques. Titre de cet épisode : Conseils aux écrivains excédés par le bricolage.
Retrouvez des épisodes de mon feuilleton dans l'édition en volume de Tu écris toujours ? publié aux éditions Le Pont du Change.
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23 septembre 2010
Tu écris toujours ? (57)

Tout d’abord, il est excessif d’affirmer que je caressais ce projet car, je le répète, il s’agissait d’une simple idée qui m’effleura et l’on ne peut, que je sache, disposer d’assez de temps pour caresser quelque chose qui ne fit que vous effleurer. À ce stade d’un raisonnement auquel ne peuvent accéder que les caractères enclins à une certaine qualité de vie contemplative, je préfère me contenter d’expliquer pourquoi la première page de mon journal intime est encore vierge aujourd’hui.
Le jour où cette idée se manifesta, je n’étais pas dans mon état normal. J’étais en pleine forme, débordant d’énergie et de soif d’entreprendre. Peut-être avais-je trop bu de café. Si je me souviens bien, c’était la Toussaint, donc pas question de me lancer dans une nouvelle activité en plein milieu d’un jour de fête. Après les fêtes, il y a toujours des restes mais pour ma part, le lendemain, il ne me restait déjà presque plus d’énergie, peut-être parce que c’était le jour des Défunts. Par la suite, revenu à mon état normal, j’hésitai : un journal intime... Est-ce vraiment une bonne idée ? Je décidai de me donner quelques jours pour faire le point. On ne fait jamais assez le point mais encore faut-il bien le faire, c’est-à-dire y consacrer du temps. Faire le point à la va-vite ? Allons, allons ! Ce serait trop facile. Cette fois-ci, je m’appliquai encore plus que d’habitude. Je fis le point cinq jours d’affilée et à la fin, j’étais presque décidé mais c’était sans compter avec l’Armistice de 1918. Travailler un onze novembre ? Jamais !
Le lendemain, 12 novembre, Saint Christian, constitue pour moi une date plus propice à la réception de nombreux témoignages d’affection qu’à la concentration nécessaire à cette activité hautement intellectuelle qu’est la rédaction d’un journal intime. Du 12 novembre, on a vite fait d’arriver sans s’en apercevoir au 24 qui est pour moi entièrement consacré à l’ouverture de mes cadeaux d’anniversaire. Je me vois mal dire aux gens en ce jour spécial : « merci, vous êtes gentils mais maintenant, je dois vous laisser pour rédiger mon journal intime. »
N’allez cependant pas croire à mon renoncement. Il ne faut jamais renoncer. Moi, je préfère ne rien faire du tout plutôt que de renoncer. Ainsi m’abîmai-je, chaque soir avant d’aller au lit, dans la contemplation du grand cahier de mon futur journal intime ouvert à la première page. Je déposai même sur ma table de chevet une lampe de poche dont le discret faisceau m’eût éventuellement permis de me lever, à la faveur d’une insomnie, pour me rendre à l’écritoire sans me cogner dans le noir et sans réveiller mon épouse. Par malchance, sur une bonne vingtaine de nuits, je ne connus durant cette période que dix minutes d’insomnie, à peine le temps d’appuyer sans résultat sur l’interrupteur de la lampe de poche, d’ouvrir le boîtier pour constater qu’il ne contenait pas de pile et de me rendormir aussitôt jusqu’à une heure plus habituellement réservée à l’apéritif qu’au petit déjeuner.
Novembre me laissant encore quelques jours, je ne désespérai point de fixer un bel instantané de ma vie sur la surface immaculée de mon cahier tout neuf. Hélas, le temps que je prenne conscience de ce délai qui m’était offert, le premier dimanche de l’Avent me surprit en pleine méditation sur cette incroyable accélération du temps qui permet à Noël d’arriver chaque année alors qu’on se demande comment Pâques devint si vite un souvenir. Tout cela pour dire que j’ai l’habitude, pendant les quatre semaines de l’Avent, de m’imprégner de l’esprit de Noël et, à la rigueur, de faire un peu le point.
Cette année, en ces heures printanières où je vous parle, j’observe depuis ma fenêtre mes frères les grands frênes qui sont les premiers arbres à se débarrasser de leurs feuilles et les derniers à s’en revêtir. N’ayant toujours pas trouvé comment débuter la rédaction de mon journal intime, j’ouvris au hasard celui d’un écrivain célèbre et je lus : « aujourd’hui, il a plu et les enfants sont venus déjeuner. » Trop fort !
Extrait de TU ÉCRIS TOUJOURS ? (FEUILLETON D’UN ÉCRIVAIN DE CAMPAGNE), inédit.
Retrouvez des épisodes de mon feuilleton dans l'édition en volume de Tu écris toujours ? publié aux éditions Le Pont du Change.
00:59 Publié dans FEUILLETON : tu écris toujours ? | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : magazine des livres n°24, tu écris toujours ?, christian cottet-emard, éditions le pont du change, lyon, feuilleton, miège, feuilleton d'un écrivain de campagne, lafont presse, blog littéraire de christian cottet-emard, humour, journal intime
21 septembre 2010
Véronique Rougier, Olivier Leguay (orgue) et Florence Grasset (chant) très applaudis au concert des Journées du patrimoine
Rendez-vous désormais plébiscité par le public, les journées du patrimoine ont trouvé dimanche leur conclusion en musique grâce aux efforts conjoints de l’association Histoire, monuments et sites du Haut-Bugey, des Amis de l’orgue de Nantua, de la paroisse Saint Michel de Nantua et du Conservatoire à rayonnement départemental d’Oyonnax.
Véronique Rougier, Olivier Leguay, organistes, et la chanteuse Florence Grasset étaient réunis à la tribune de l’orgue de l’abbatiale Saint Michel de Nantua pour offrir aux nombreux mélomanes invités à visiter l’instrument l’avant-dernier concert d’une riche saison 2010. L’interprétation d’œuvres de quatre compositeurs, Henry Purcell, Richard Wagner, Franz Liszt et Jean-François Dandrieu témoignait de la variété des répertoires que peut mettre en valeur l’orgue construit en 1845 par Nicolas-Antoine Lété.
On dit souvent que l’orgue est un témoin de son époque, en particulier l’instrument de Nantua qui restitue si bien la voix du romantisme portée dimanche par la transcription d’Olivier Leguay de deux pièces pour piano de Franz Liszt, « En rêve » et « Nuages gris » . L’interprétation d’Olivier Leguay a aussi révélé l’étonnante modernité de Liszt. Autre transcription jouée par Olivier Leguay et signée en son temps par Franz Liszt, celle de la Marche solennelle vers le Saint Graal extraite de l’opéra Parsifal de Richard Wagner suggérait dans son irrésistible progression les liens complexes et profonds entre les œuvres de ces deux compositeurs.
On affirme parfois de manière peut-être péremptoire que l’orgue de Nantua ne sonne pas au mieux dans les répertoires baroque et classique. Cette affirmation vole en éclats après avoir écouté Véronique Rougier, titulaire de cet instrument, tirer le meilleur parti des très expressives sonorités classiques françaises de l’orgue en jouant les pièces de Jean-François Dandrieu qui terminaient la partie instrumentale d’un concert réservant une place de choix au chant.
Florence Grasset, soprano, gagne à chacun de ses concerts un public de plus en plus fervent. Il est très émouvant, pour qui a eu la chance de la suivre depuis le début, d’écouter sa voix limpide gagner sans cesse en maturité, notamment dans les cinq pièces d’Henry Purcell, accompagnées à l’orgue par Olivier Leguay, parmi lesquelles le public a reconnu l’air le plus célèbre, Music for a while.
Deux extraits du concert :
http://www.youtube.com/watch?v=0SD3fpoCSYs
http://www.youtube.com/watch?v=qrGpHSdeZUU
Prochains concerts à Nantua :
- Dimanche 26 septembre 2010 à 17h en l’abbatiale Saint Michel : chœur et orchestre du Conservatoire d’Oyonnax. Entrée : 10 €, gratuit pour les moins de dix ans. Au programme, Vivaldi, Haydn, Purcell. Direction, Dominique Salomez, Michel Hardouin.
- Samedi 4 décembre à 15h en l’abbatiale Saint Michel (entrée libre): concert d’orgue sur les thèmes de l’Avent par Véronique Rougier, Olivier Leguay et les élèves de la classe d’orgue du Conservatoire d’Oyonnax.
13:49 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : orgue, chant, nantua, ain, rhône-alpes, olivier leguay, véronique rougier, florence grasset, journées du patrimoine 2010, site clunisien