Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

18 juillet 2021

Mon feuilleton de l'été / 2ème épisode. Au Bazar à cent francs

articles publicitaires, plastique, oyonnax, ain, rhône-alpes, haut bugey, vallée des plastiques, plastic vallée, souvenirs, enfance, boulevard dupuy oyonnax, cottet-emard, récit, feuilleton, autobiographie, blog littéraire de christian cottet-emard, articles en plastique, christian cottet-emard, suisse,

Oyonnax, fin des années soixante.

 

Ce jour d’été commençait pourtant bien mais voilà que les bretelles de monsieur Carlizi sont à l’origine d’un petit drame.

 

Ma mère accepte de m’accompagner au Bazar à cent francs, le seul étal du marché qui m’intéresse parce qu’on y vend toutes sortes d’accessoires en plastique, de l’utilitaire bien sûr (cuvettes, arrosoirs, couverts de camping, pinces à linge, gobelets, fleurs artificielles) mais surtout des jouets de toutes les couleurs, en particulier des petites voitures, des épées de Zorro, des rapières, des boucliers ainsi que des mitraillettes, des pistolets et revolvers dont certains fonctionnent avec des amorces, ces rubans de papier sur lesquels sont alignés des amas de poudre qui explosent lorsqu’ils sont frappés par le percuteur de l’arme. Ce sont bien sûr ces articles que je convoite d’autant plus que leur prix, comme la majorité de ce que propose le bazar, se limite à une pièce de cent francs, d’où le nom du Bazar qu’on appelle aussi le Bazar à cent balles.

 

À chaque visite à ce merveilleux commerce, je dois négocier sans faiblesse avec ma mère qui essaye de me dissuader de choisir des armes parce que cela contrarie mon père. Je revins une fois à la maison avec un pistolet mitrailleur tout noir, assez bien imité. Lorsqu’il le vit, mon père se fâcha sérieusement. Je ne compris que bien plus tard la raison de cette colère disproportionnée. Il admettait plus volontiers les épées, sabres et rapières que je ne me privais pas de collectionner.

 

articles publicitaires, plastique, oyonnax, ain, rhône-alpes, haut bugey, vallée des plastiques, plastic vallée, souvenirs, enfance, boulevard dupuy oyonnax, cottet-emard, récit, feuilleton, autobiographie, blog littéraire de christian cottet-emard, articles en plastique, christian cottet-emard, suisse,Nous sommes donc prêts au départ, ma mère et moi, en direction du bazar, mais voici le grain de sable. Ma mère juge ma tenue négligée et me demande d’en changer au profit d’un short que je déteste parce qu’il tient avec des bretelles qui viennent encore enlaidir une méchante petite chemise affreusement inconfortable. Il ne manque plus que ma mère croise les bretelles dans mon dos pour que je me retrouve transformé en monsieur Carlizi miniature, donc, pas question de porter ces horreurs pour aller faire mes emplettes ! (En feuilletant des albums de photos de cette époque, j’en ai retrouvé une qui me conforte aujourd’hui, cinquante après, dans mon refus. Sur ce tirage, dans cette tenue abhorrée et avec ma brosse courte, je ne ressemble certes pas à monsieur Carlizi qui n’avait plus de cheveux (et plus de fesses, ainsi que je l’ai précisé dans le premier épisode de ce feuilleton) mais à Francis Blanche dans les Tontons flingueurs).

 

Refermons cette parenthèse du vingt-et-unième siècle et revenons à la fin des années soixante du vingtième.

 

La situation est bloquée et ma mère s’en plaint à mon père qui a du mal à s’habituer à m’entendre si souvent dire non depuis que je sais parler. Cet enfant est négatif, dit-il, répétant ainsi la remarque d’un médecin qui avait jugé bon de me demander, sans doute pour m’amadouer, si j’aimais l’école, si je voulais partir en colonie de vacances et si cela m’intéresserait d’apprendre à faire du ski, autant de questions indiscrètes auxquelles j’avais répondu par le mot magique, ce non que je considère comme le plus beau mot de la langue française (en plus, il fonctionne dans les deux sens). Je le pense toujours aujourd’hui, même si j’ai fini par nuancer légèrement, sans doute un effet de l’âge.

 

Alors, me direz-vous, cette sortie au Bazar à cent francs ? Eh bien ce jour-là, chacun a campé sur ses positions mais la semaine suivante, le jour du marché, ma mère avait tout oublié, y compris le short et les bretelles. De toute façon, elle aurait eu du mal à m’en vêtir pour la simple raison que je les avais cachés au fond d’une penderie dont elle ne se servait jamais.

 

Finalement, cela valait le coup d’attendre, même une semaine, car le Bazar à cent balles était une véritable institution oyonnaxienne qui dura des décennies, autant dire l’éternité pour un gamin d’à peine dix ans !

 

À suivre...

 

© Éditions Orage-Lagune-Express, 2021.

 

 

 

 

29 novembre 2020

Carnet / « Je te dis pas que c'est pas injuste, je te dis que ça soulage. »

carnet,court,littérature,roman,poésie,théo,tontons flingueurs,blog littéraire de christian cottet-emard,vacheries,christian cottet-emard,humeur,fatigue,pléiade,poésiegallimard,tombeau,jeune auteur

Photo : Théo

Écrire un roman n’est pas une mauvaise idée... Quand on n’a rien d’autre à faire.

 

Écrire un roman, c’est construire une machine qui ne sert à rien mais qui demande sans cesse des réglages.

 

Malgré tout leur intérêt, il faut bien reconnaître que les prestigieuses collections de littérature telles que la Pléiade et Poésie / Gallimard, où rêvent d’entrer les jeunes auteurs, sont des tombeaux.

 

Mes priorités lorsque j’arrive dans une ville pour y faire du tourisme : trouver la cave à cigares, la boutique vins et spiritueux, le bon restaurant et le lendemain, la librairie. 

 

Poètes, rendez-moi service : soyez heureux.

 

© Christian Cottet-Emard / Éditions  Orage-Lagune-Express.

 

08 novembre 2012

Le bruit et ma fureur

bruit,boucan,vacarme,radio,information,musique,rave party,musique amplifiée,subvention,alpine renault,nettoyeur haute pression,bagnole,voiture,automobile,auto,nain de jardin,casquette,bleu de travail,retraité,salopette,chat,police,ami 6,harley davidson,brigitte bardot,blog cottet-emard,fureur,france musique,tontons flingueurs,pomme,betteraveIci on apprend qu’une coquette subvention a été accordée par de très officielles instances à un festival de « musique amplifiée » en pleine nature (espérons que le chant des oiseaux et la brise dans les feuillages ne viendra pas déranger les « musiciens »).

Là on s’étonne que les décibels d’une « rave party » aient pu faire entrer en vibration trois vallons de petite montagne sans qu’un képi apparaisse à l’horizon sous prétexte que le propriétaire des champs concernés a donné son autorisation.

Aux journal télévisé, un présentateur qui, faut-il le rappeler, est détenteur d’une carte de presse, nous aboie sa séquence nostalgie sur le thème de la vieille Alpine Renault dont le constructeur sort une version actualisée mais qui — réjouissons-nous — conservera le charme désuet du « son d’enfer » d’origine.

Sur une autre chaîne, son clone nous explique doctement que le fabricant du fameux outil de lavage à haute pression dont un ancien président de la République préconisait l’usage dans les banlieues étudie des modèles encore plus bruyants attestant de « l’image de marque virile du produit » . Je suppose que l'image de marque virile est celle du dynamique retraité à casquette et salopette si désespéré de se retrouver en liberté face à lui-même qu’il en est réduit à se sentir utile en décapant ses nains de jardin chaque fois qu’un matou leur pisse dessus (rien que pour cela, j’aimerais me réincarner en chat).

Sur un chantier, trois types maniant des outils bruyants ne jugent pas utile de protéger leurs oreilles au moyen du casque prévu à cet effet car cela les empêcherait sans doute d’entendre le volume poussé à fond de Radio Nostalgie s’échappant de leur camionnette aux portes grandes ouvertes.

L’autre jour en ville, contrôle de police pour un pépé en Ami 6. Le pot d’échappement de l’Ami 6 pétouille un peu en quatrième à trente à l’heure mais vraiment pas de quoi faire vibrer les vitrines et couper court à toutes les conversations ainsi que cela vient de se produire au passage d’une Harley. Elle avait bien raison Brigitte Bardot de chanter « Moi je ne crains plus personne (même pas la police, ajouterais-je) en Harley Davidson » !

Ce matin, je me lève tôt et je décide de prendre le petit déjeuner en compagnie de France Musique... Pour écouter de la musique pardi ! Louis XIV le faisait bien, pourquoi pas moi ? 7h : zut, les infos. 7h30 : zut, le rappel des titres (au cas où on aurait oublié que c’est si passionnant et varié l’économie). 7h40 : zut, la revue de presse (au cas où on aurait l’outrecuidance de ne pas lire les journaux). 8h : zut, encore les infos (TVA, pouvoir d’achat, compétitivité de nos entreprises. Nos entreprises ? Ah bon. Une chose est sûre, sur France Musique, l'info ne change pas de disque). Coincée entre le vacarme du monde, la musique ! La musique sur France Musique c’est comme la pomme et la betterave dans le tord-boyaux des Tontons flingueurs : « y en a. »

Photo : puisqu'on vous le dit, ne vous gênez pas !