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11 janvier 2023

Lui au moins ne s'est pas couché :

En écho à ma note précédente (10 janvier) :

Un artiste comme on aurait aimé en entendre plus ces deux dernières années :

 « Interview du surdoué des Négresses Vertes, Paulo Paulus, qui raconte son COVID, son confinement, son parcours, son éveil. » (Sources : le Courrier des stratèges et YouTube).

 

 

 

10 janvier 2023

Carnet / Le silence des poètes

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Il faut hélas continuer de parler au présent de cet événement effrayant même si les mesures d’exception ont été suspendues (essentiellement pour des raisons d’évolution du contexte politique liées aux surprises des dernières élections législatives) parce que nous voyons bien qu’à la lumière de ce qui s’est passé pendant ces deux ans, c’est une nouvelle société qui pointe son nez, et pas la plus rassurante, celle qui risque de sortir discrètement du cadre démocratique au profit d’une post-démocratie parfaitement prête à verser dans une forme inédite de pré-dictature. Le danger n’est pas imminent mais à prendre au sérieux et seuls ceux qui n’ont pas envie de le voir et de le dénoncer pour continuer à vaquer tranquillement à leurs occupations se gaussent de cette inquiétude. 

Parmi eux, une mention toute particulière est à réserver (ce n’est qu’un petit exemple dont je conçois bien qu’il peut paraître négligeable) à une majorité de ces poètes que je vois tourner dans l’espace des réseaux sociaux, presque entièrement silencieux sur l’épisode que nous venons de vivre (et qui est loin d’être terminé) alors qu’il n’est pas un recoin de leurs pages où ils ne dévident pas leurs mantras du genre « la poésie sauvera le monde » quand ils ne débitent pas leurs chapelets de curés laïques poussant leurs fades homélies sur Facebook, tels d’anciens « nouveaux Rimbaud » finissant en sous-notables parfois médaillés ! 

Pas un mot de la part de ces défenseurs si bien politisés de la liberté loin de chez eux sur ce qu’ils avaient sous leur nez : une nouvelle caste de parias, des professionnels privés de leur emploi du jour au lendemain, des victimes d’effets secondaires suite à l’administration de produits expérimentaux sous la pression du chantage gouvernemental, autant de victimes collatérales d’un déchaînement de menaces et de contraintes qui se retrouvent aujourd’hui abandonnées à leur sort, privées de tout recours officiel hormis celui d’associations d’avocats courageux et de très rares journalistes qui font encore leur métier dans des médias encore critiques : Cnews (Pascal Praud), Sud radio (André Bercoff) et quelques autres bien loin des grandes chaînes et des journaux nationaux tellement subventionnés par l’État qu’ils sont devenus des médias officiels (je nuance ce jugement à propos du Figaro). 

Écrire sur cette situation ne m’amuse pas. Je préférerais moi aussi ne m’occuper que de mes petits livres (sans pour autant être étiqueté poète) car en réalité, la catégorie de poètes dont je viens de parler, leur silence au moment où leurs paroles et leurs écrits auraient peut-être enfin pu compter un peu et bien souvent la lecture de leur littérature calibrée aux bons sentiments à la mode, tout cela me provoque plus de flatulences et de météorismes que l’ingestion par négligence d’un cassoulet en boîte périmé servi à l’estaminet célébré par Pierre Perret dont la poésie particulière décolle parfois plus haut que celle éditée à grand renfort de subventions par l’édition autoproclamée « alternative » . 

On me reprochera peut-être à juste titre de tirer sur des ambulances mais quand même, ces rebelles dont on nous rebat les oreilles, où sont-ils quand on aurait besoin qu’ils se manifestent un tantinet sur un sujet aussi grave et aussi proche que celui que je viens d’évoquer au lieu de se contenter de manifester contre ce qui cloche à l’autre bout de la planète dans des contrées où la démocratie n’est même pas encore le début d’une idée ? Mais laissons les poètes où ils en ont envie, après tout pourquoi pas ? (Et d’ailleurs, méritent-ils tant d’emportement de ma part puisque depuis longtemps, ils ne s’écoutent et ne se lisent qu’entre eux  —  et encore… ? Probablement pas, ça ne vaut pas le coup). 

Revenons plutôt à nos moutons, c’est le cas de le dire. Pour ceux-là (ceux qui consentent sans barguigner), la tempête est dernière nous, oubliée, zappée, et ce n’est pas parce que la France est, si je ne me trompe, le dernier pays européen à se venger contre les personnels de santé et de secours non-piqués en refusant de les réintégrer avec les excuses et surtout les indemnités, qu’ils vont se poser d’autres questions sur ce que cette crise de folie générale et institutionnelle annonce pour demain : labos en embuscade car shootés aux records de bénéfices jamais vus et mesurés en heures, politiques à leurs ordres et à ceux d’une gouvernance européenne censée nous protéger de tout (crise économique, excès de nationalisme, risque de guerre, corruption…) alors que cette Europe-là finit quand même par faire la une de l’actualité avec toute cette panoplie parce qu’en fin de compte, toute cette imposture est impossible à mettre sous le tapis, même par des médias complaisants qui regardent encore un tout petit peu, de temps en temps, quand le chaudron s’emballe un peu trop, du côté de ce qui leur reste de vague crédibilité pour exister encore, même sous perfusion de leur drogue dure, la « subventionnite » (également très prisée, si j’ose dire, des poètes, à leur humble niveau). 

Ah, encore les poètes, voilà que ça me reprend, peut-être parce que l’Histoire se souvient qu’en des époques autrement plus dangereuses et désespérées, leurs voix ont porté alors qu’elles n’avaient que le mauvais papier de pénurie des livres imprimés clandestinement et des tracts largués par avion pour recueillir leurs écrits, leurs protestations, leur résistance…

 

Et pour ne pas oublier :

Pass Vaccinal : "Juridiquement, cette situation est de la folie" - Marc Gotti -

 

Charles Gave : "L'empire du mensonge est en train de s'écrouler".

 

 

 

 

                        

06 janvier 2023

Sur les quais du Douro à Vila Nova de Gaia

Avant la publication prochaine de mon nouveau roman, j’ai décidé de l’enregistrer préalablement en intégralité, couverture comprise, sur la plateforme Amazon avant sa sortie officielle afin de pouvoir en donner sur mon blog quelques extraits en toute sécurité. Cette manière de procéder équivaut à un dépôt qui s’ajoute aux autres plus classiques (SGDL, office notarial, dépôts électroniques, etc…) tous destinés à la protection des ouvrages.

Extrait

Sur les quais du Douro à Vila Nova de Gaia

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Photo © Christian Cottet-Emard

    … Une fille à la longue chevelure blonde descendant jusqu’à la fermeture dorsale de sa robe marchait devant moi sur les quais du Douro. J’avais entendu dire qu’en longeant les enfilades d’entrepôts de stockage des fûts de porto et en continuant le temps qu’il fallait, bien après les quais, en arpentant des rues pavées désertes, je pouvais arriver à un village de pêcheurs « qui méritait le détour » . Cette fille à la jolie silhouette méritait-elle le détour elle aussi ? Je ne vais quand même pas changer mon projet élaboré le matin à l’hôtel pour un village de pêcheur ou pour le dos d’une inconnue. Le mieux était de la dépasser, d’allonger le pas puis, arrivé à bonne distance, de me retourner pour voir son visage. Dans ma progression, je repérai un banc public où m’assoir pour la dévisager en toute discrétion. C’était un vieux banc aux armatures rouillées et au bois tout gris qui finissait sa carrière dans le mobilier urbain au milieu d’un tapis de feuilles sèches tombées de je ne sais quel arbre malingre. Maintenant que j’étais assis sur ce banc, je réalisai qu’une fois de plus, j’étais prêt à me laisser distraire d’un projet pour trois fois rien. Il en était toujours ainsi dans ma vie.

La fille s’approchait et lorsque je finis par distinguer ses traits, je découvris un visage dur, marqué, sans harmonie, à l’expression vulgaire, presque grimaçante, le tout en contraste radical avec la silhouette mince et trompeusement juvénile qui m’avait leurré tout comme l’abondante chevelure blonde. Voilà une banale déconvenue et c’est encore pire lorsque c’est le faciès d’un homme qui se révèle ainsi. Un homme, justement, qui se dirigeait dans la direction opposée, salua la fille avec désinvolture en lui criant lorsqu’il arriva à sa hauteur : eh, la poésie, ça roule ma cocotte ? 

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Photo © Christian Cottet-Emard

Il était temps de retourner à mon projet du matin qui consistait en une visite à la cave à cigares du Corte Inglés sur les hauteurs de Vila Nova de Gaia. Il me suffisait de rebrousser chemin en direction du Pont Dom-Luís que j’avais traversé un quart d’heure avant et de gravir les petites rues vieillottes menant à l’immeuble imposant du centre commercial mais à ma grande surprise, la fille s’assit à côté de moi. À ce moment, un autre type passa devant nous et s’écria en riant : hola, la poésie ! Encore au boulot ?

La fille haussa les épaules et sortit une cigarette d’un vilain étuis clinquant. En la voyant peiner avec son briquet vide ou détraqué, je sortis le mien et lui offrit du feu. Pendant qu’elle tirait sur sa cigarette, je remarquai l’excès de rouge à lèvres, et, en baissant les yeux, la robe serrée qui lui remontait trop haut sur les cuisses maintenant qu’elle était assise. Je constatai qu’elle était beaucoup plus âgée malgré sa sveltesse et, il faut le reconnaître, d’assez belles jambes. Elle me toisa sans un merci. Si tu veux les toucher et faire ta petite affaire avec le reste, c’est cent cinquante euros, chéri.

Je ne m’attendais pas à cette sortie mais ma réponse vint par réflexe : merci, je n’en suis pas encore à payer pour ça. Dites-moi, si vous me permettez, pourquoi ces deux types vous ont-ils appelée la poésie ? La fille tapota sa cigarette pour évacuer la cendre. Parce que c’est moi, la poésie, répondit-elle en détournant la tête, et j’ai été danseuse aussi. Et toi, je parie que tu es poète, je me trompe ? ajouta-t-elle. Je pense qu’un poète ne peut se définir lui-même comme poète, dis-je, c’est aux autres d’en décider. La fille ricana. En plus, elle avait une voix rauque, vraiment désagréable. Voyez-vous ça ! Eh bien j’en connais un paquet qui ne se privent pas de se prendre pour des poètes et pour des bons ! Et toi bien sûr, tu serais une exception ?

Un peu piqué au vif quand même, je tentai d’esquiver : alors comme ça, vous seriez une incarnation de la poésie ? La fille se racla la gorge. Une incarnation ? Tu as de ces mots ! Et elle ricana de nouveau en ajoutant : tu dois être un poète néo-romantique ou quelque chose de ce genre, je l’aurais parié ! J’en connais plein, ce sont de très mauvais coups !

Las de cette conversation absurde, je me levai et ne trouvai rien d’autre à dire que : je dois partir, je vous souhaite une bonne journée. 

En réalité, je m’aperçus que je parlais dans le vide, il n’y avait personne sur le banc et je me sentais abruti, vaguement endolori. C’était sûrement la séance de dégustation de porto en fin de matinée à la maison Adriano Ramos-Pinto, suivie d’un cigare. J’aurais dû aller manger quelque chose juste après. Je m’étirai et fis demi-tour pour reprendre la direction du Corte Inglés. Le village de pêcheur « qui valait le détour » , ce serait pour une autre fois.

Un de ces bateaux qui transportent des touristes en croisières fluviales glissait sur le Douro. Je ne sais pourquoi, son sillage ramena la poésie à mon esprit. Un jour, la poésie s’est penchée sur mon berceau telle une fée et m’a offert ce cadeau, cette faculté de pouvoir regarder le monde sous un angle légèrement différent, disons (peut-être) plus personnel, par exemple une facilité à me réjouir d’un nuage lenticulaire immobile plusieurs heures dans le ciel ou de la lune du matin qui rend liquides et timidement parfumés certains jours du premier printemps. Un jour je pense cela et puis un autre jour, je me lève et je trouve que la poésie m’a moins donné qu’une vieille pute amère et goguenarde qui se prend pour une danseuse et à qui je dis tout net : ah oui, une danseuse, tu parles ! Une danseuse du genre de celles qu’entretenaient les bourgeois grassouillets du dix-neuvième siècle dans leurs garçonnières ! Danseuse ou prostituée, la poésie, c’est selon mon humeur, chérie !

 

© Blog littéraire de Christian Cottet-Emard, ISSN 2266-3959, 2023.