27 août 2021
Épuisé peu de temps après sa publication en 2002, mon GRAND VARIABLE sort dans une nouvelle édition illustrée, revue et commentée.
Curieux destin que celui des livres. Je me suis attelé à mon Grand variable en novembre 1996, en même temps qu’à un autre livre, et j’ai terminé la version manuscrite en octobre 1997, l’année du passage près de la Terre de la comète Hale Bopp. J’utilisais des cahiers en papier recyclé offerts par ma fille alors écolière. J’écrivais avec des stylos à plume jetables à l’encre de couleur, souvent dans le jardin, au soleil. J’avançais assez vite malgré le contexte défavorable de cette année. J’avais presque renoncé à publier ce texte lorsque deux événements se produisirent.
En visite à Oyonnax lors de Pâques très neigeuses, mon ami et éditeur Bernard Deson pianota sur mon Macintosh Performa 6300 pour disposer dans un ordre que je trouvai judicieux les cent séquences du récit. Il m’avait préalablement révélé que les deux livres auxquels je croyais travailler n’en formaient en réalité qu’un seul, ce que je n’avais pas réalisé, le nez dans mes cahiers et sur mon écran depuis trop longtemps. Quelques semaines ou quelques mois après cette intervention, il établit une première édition hors commerce du Grand variable. On en trouve un exemplaire relié à la bibliothèque municipale d’Oyonnax. Bernard composa aussi spécialement pour Le Grand variable un collage que j’ai partiellement reproduit sur mon blog, en illustration de la séquence 72, mais qui ne put malheureusement pas être retenu pour la couverture.
Entre temps, j’avais aussi porté le manuscrit à mes nouveaux amis, Emmanuelle et Roland Fuentès, qui le publièrent en 1999 sous forme de feuilleton en trois épisodes dans leur revue Salmigondis, le tout rehaussé de superbes dessins de Frédéric Guénot.
L’idée me vint ensuite d’envoyer le manuscrit aux éditions Editinter qui l’acceptèrent. Le Grand variable est le seul texte abouti que j’ai proposé à l’édition par envoi postal spontané. Les autres ont été publiés à la suite de commandes et de rencontres avec les éditeurs intéressés par mon travail. Robert Dadillon, le patron d’Editinter, que je regrette de n’avoir jamais rencontré, en fit en 2002 une édition très soignée, ornée d’une encre du peintre Gabriel Guy. Dans un courrier, Robert Dadillon m’apprit qu’il avait lu certains de mes textes dans des revues. J’ignore s’il parlait des épisodes du Grand variable parus dans Salmigondis et je n’en sais pas plus aujourd’hui puisque nous n’avons pas eu l’occasion de discuter, même par téléphone. Je téléphone peu et je me déplace rarement, excepté lors de courtes vacances. Par un hasard assez incroyable, Le Grand variable, aujourd’hui épuisé dans l’édition d’Editinter, parut en même temps et dans la même maison que Portraits d’écrivains, le beau livre de mon ami et éditeur Jean-Jacques Nuel.
Le Grand variable est le dernier livre que j’ai directement écrit au stylo-plume. Le premier jet du manuscrit est un grand cahier aux pages très raturées que je perds et que je retrouve régulièrement dans mon désordre. Mes pattes de mouche ont absorbé toute l’encre d’un gros étui de stylos jetables de différentes couleurs et quand ils furent tous secs, le livre était terminé.
Je me souviens d’une coupure accidentelle de courant qui avait plongé la moitié de mon quartier dans le noir lorsque j’habitais encore en ville. Il en résulta une ambiance étrange, comme si toutes les étoiles du ciel s’allumaient en même temps, telles d’innombrables veilleuses. C’est cet incident qui a déclenché l’écriture des premières pages du Grand Variable.
Je suis encore étonné aujourd’hui d’avoir réussi à publier ce texte alors qu’il était déjà si difficile, à l’époque, d’imposer une écriture non calibrée, c’est-à-dire s’aventurant aux limites de plusieurs genres littéraires. C’est en ce sens que j’avais sous-titré l’ouvrage Aventures contemporaines.
Lorsque Le Grand variable était candidat à l’édition, avant la signature du contrat chez Editinter, Maurice Nadeau avait lu le manuscrit et m’avait écrit que les personnages manquaient d’épaisseur, remarque tout à fait pertinente puisque l’écriture de ce livre était focalisée sur les paysages et non sur les personnages. Je n’ai lu qu’une phrase de l’écrivain américain Thomas Savage mais elle me frappe : « J’ai toujours cru que le paysage formait les gens. » Depuis la publication du Grand variable, j’ai exploré pas mal de pistes qui se présentaient à moi. Mais j’aime revenir aux rapports entre personnages et paysages, quand bien même cela ne soit pas propice au roman et à la nouvelle. Pour aggraver mon cas, j’aime écrire et lire des romans courts et des longues nouvelles. Daniel Delort, de la revue Brèves (Atelier du Gué éditeur), m’a écrit un jour que j’étais plutôt un romancier (sous-entendu, plus qu’un nouvelliste). Lorsque les éditions Nykta ont publié mon bref roman Le Club des pantouflards, certains m’ont étiqueté nouvelliste... Ma réticence à maintenir mes textes de fiction dans le cadre étroit des genres littéraires a probablement pesé dans le refus du Grand variable par l’éditeur Cheyne dont la collection Grands fonds me semblait pourtant adaptée à sa publication. Son directeur littéraire du moment (dont j’ai oublié le nom malgré sa longue carrière dans l’usine à gaz du Printemps des poètes) avait pris la peine de m’écrire pour me notifier son rejet en me précisant qu’il avait hésité. Voilà qui me fit une belle jambe !
Au lieu de me dissuader de continuer dans cette manie de m’asseoir entre deux chaises, les triomphes du nouveau conformisme et de la pensée unique m’inciteraient plutôt à me remettre dans la peau de mon double inversé, de mon contraire, l’improbable et opportuniste enseigne de vaisseau Mhorn qui ne prend pas le temps d’avoir peur du monde parce qu’il a appris à ne rien espérer ni désirer et à se tenir à distance d’à peu près tout, du moment qu’il sent près de sa main son vieux Makarov au fond d'une poche de son caban, en cas de mauvaise rencontre.
C’est ainsi que pendant la dégustation nocturne d’un Por Larrañaga au milieu de mes massifs de lilas par les belles nuits de mai, certains de mes personnages romanesques viennent me visiter comme s’ils ne m’avaient pas encore tout dit. Telle est sans doute la raison de cette réédition.
- Broché : 168 pages
- ISBN-13 : 979-8452583851
- Poids de l'article : 245 g
- Dimensions : 12.7 x 1.07 x 20.32 cm
Informations :
Commandes :
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25 août 2021
Carnet / Pourquoi j'ai écrit CHARMES
Je voulais depuis longtemps écrire sur le thème du don et de la hantise mais je ne trouvais pas la forme adaptée. J’ai fini par choisir le roman, genre certes incontournable et laborieux mais qui autorise les digressions, fantaisies, étrangetés, excentricités, fantasmagories, paradoxes, extravagances et autres bizarreries.
Avec un léger recours au fantastique comme moyen et non comme fin, ce livre peut être lu, je l’espère, comme un simple divertissement, au premier degré, ou donner matière à réflexion. Avoir un don, n’est-ce pas être hanté ? Qu’apporte un don dans une vie ? Peut-on le négliger, s’en détourner, le fuir ? Un don fait-il un destin ? Peut-il être un fardeau ? Ne sommes-nous que ce que nous faisons ?
Le don est un mystère qui m’a toujours tourmenté, sans doute parce que j’en suis dépourvu, en particulier de celui qui m’a le plus cruellement manqué, écrire et jouer de la musique. Ce manque étant une de mes hantises les plus lourdes, je m’en suis un peu allégé en inventant cette fable où rôdent les ombres et les esprits de ce qui ne peut trouver ni repos ni fin. Chaque personnage raconte l’histoire en donnant son point de vue mais il revient bien sûr à qui voudra s’y intéresser d’en trouver la cohérence.
Les personnages que l'on rencontre dans ce roman :
Charles Dautray, pianiste.
Aaron Jenkins, agent artistique, producteur.
Antoine Magnard, rédacteur. (Antoine-Marie Magnard Mongins de la Force).
Marina, jeune femme en colère.
Docteur Émilien Bouvardel.
Le Butler, agent immobilier.
Le curé.
Nelson Gahern, pianiste.
La prostituée-voyante extra-lucide.
L'agent de sécurité.
Le barman au nœud papillon de travers.
Nuno.
Reynald Osborne, pianiste décédé.
Constantin Machialys, pianiste décédé.
Oleg Vorodine, pianiste décédé.
Le notaire aux ongles peints.
Une passante de Lisbonne.
Le pianiste du café Florian à Venise.
Informations :
- Broché : 218 pages
- ISBN-13 : 979-8745269714
- Poids de l'article : 299 g
- Dimensions : 12.85 x 1.4 x 19.84 cm
Commandes :
00:25 Publié dans Atelier, carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : charmes, roman, christian cottet-emard, éditions orage lagune express, littérature, fiction, blog littéraire de christian cottet-emard, parution, publication, édition, musique, piano, pianiste, orgue, oyonnax, nantua, lyon, barcelone, venise, lisbonne, france, espagne, italie, portugal, jura, rhône-alpes, rhône
06 août 2021
Carnet / Boîte de Pandore électorale
Cette journée du 5 août, le pays est entré prématurément et de façon peu glorieuse en campagne électorale. Comme si l’unité nationale n’était déjà pas assez fracturée, un degré a été franchi dans la division, dans la guerre de tous contre tous qui arrange tant de petits investisseurs spécialisés dans la division.
En désignant comme des ennemis et des fauteurs de troubles des citoyens ordinaires qui seront désormais plus suspects et plus contrôlés que des délinquants, le président a ouvert, d’un point de vue électoral, une boîte de Pandore.
Dans cette affaire, les fanatiques pro et anti-vaccins qu’on peut d'ailleurs renvoyer dos à dos se réjouissent ou se désolent mais ce n’est pas vraiment le souci.
Le plus inquiétant, ce sera l’évolution politique de ceux, très nombreux, qui se seront résignés à la vaccination non pas par conviction mais simplement pour échapper à cette « vie de merde » qu’on leur a promis en haut lieu (et en ces termes !).
Parmi eux, beaucoup se sentent aujourd’hui non seulement trahis par de soi-disant contre-pouvoirs mais encore humiliés de se savoir privés de la moindre porte de sortie. Faut-il à ce point manquer de sens politique pour commettre une telle erreur psychologique !
Le ressentiment qui va en résulter risque fort de se traduire, le moment venu de l’élection présidentielle, dans quelques mois, par un regain de votes de revanche, des votes de défoulement punitifs totalement décomplexés, même si la situation sanitaire venait à s’améliorer. Il y a aussi une certaine logique à estimer que si la démocratie faillit comme c'est le cas en ce moment, des candidats soupçonnés de s'en éloigner puissent devenir fréquentables.
On peut alors penser qu’en cas de forte abstention de l'électorat pour lequel il ne s'est rien passé d'anormal ce 5 août, la foule des vaccinés contre leur gré pèsera dans le vote protestataire au second tour, surtout si elle converge vers celles et ceux qui ont compris depuis bien avant la crise sanitaire que ce président est dangereux, soit parce qu’il n’a plus ses nerfs, soit parce qu’il est irrémédiablement entré dans l’hubris.
01:38 Publié dans carnet, NOUVELLES DU FRONT | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : politique, nouvelle du front, élection présidentielle 2022, crise sanitaire, vote protestataire, déni de démocratie, christian cottet-emard, carnet, note, journal, opinion, billet politique, blog littéraire de christian cottet-emard, boîte de pandore, abstention, hubris