09 novembre 2009
Tombeau du jeune homme qui écrivait des poèmes dans le style de Charles Baudelaire
À la fin des années 1970, E.C passa le bac en candidat libre et eut le culot de présenter à l’épreuve de français ses propres poèmes écrits dans le style de Charles Baudelaire parce que pour E.C personne n’arrivait à la cheville de Charles Baudelaire
E.C avait réussi à ressembler au portrait de Charles Baudelaire reproduit dans le Lagarde & Michard et il s’était débrouillé pour imprimer à ses frais un recueil de ses poèmes écrits dans le style de Charles Baudelaire avec des illustrations évoquant les bandes dessinées
Tu ne fus pas trop retourné en apprenant le suicide de E.C car tu ne le connaissais pas tellement tu le voyais depuis ta fenêtre rentrer chez lui parfois avec sa jolie copine bouclée non tu ne fus guère ému car tu étais à cet âge où l’on se sent encore peu concerné par les triomphes de la mort
Rien n’avait donc pu le retenir au bord du gouffre quel culot ni sa jolie copine bouclée ni son recueil de poèmes dans le style de Charles Baudelaire
Tu te demandes aujourd’hui s’il reste quelque part un ou deux exemplaires de ce recueil où tu pourrais lire entre les lignes le meilleur de ce que fut E.C un jeune homme du siècle dernier qui écrivait des poèmes dans le style de Charles Baudelaire
© Éditions Orage-Lagune-Express, 2009.
Photo M-C.C
00:17 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : baudelaire, poésie, bande dessinée, lagarde & michard, blog littéraire, christian cottet-emard
08 novembre 2009
Finalement
Ton âme prodigieuse se repose dans un long sommeil et pendant qu’elle dort tu vis les épisodes étranges de ta vie terrestre
Les religieux te font peur avec leur vie éternelle leur résurrection toi qui n’aspires qu’au repos
Tu les engueulerais volontiers après avoir vu cet homme acheter un rat dans une animalerie l’avoir entendu répondre à la vendeuse « n’importe lequel c’est pour mon serpent » et la vendeuse de choisir le plus moche et le plus faible comme elle aurait pu choisir le plus beau et le plus vigoureux ou tout simplement un au hasard
Les croyants ce n’est pas leur faute leur très grande faute si la vendeuse est obligée de choisir un rat pour le serpent
Ce n’est la faute à personne si les créatures de ce monde se retrouvent dans l’obligation de se manger entre elles cela explique peut-être qu’il soit vain d'employer le mot « âme » dans la poésie ou même le mot « poésie »
Peut-être ne faut-il plus employer de mots
Finalement
© Éditions Orage-Lagune-Express, 2009.
00:13 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : rat, serpent, âme, vie éternelle, résurection, littérature, poésie, blog littéraire, christian cottet-emard
02 juillet 2009
Notes sur la sensation de la couleur vert d’eau
La sensation de la couleur vert d’eau revient certaines nuits douces
En février quand la terre porte déjà de jeunes pousses encore enfouies ou à peine sorties car viendront d’autres neiges d’autres gelées
Mais la splendeur végétale se signale au poète lassé de l’élégie et à l’enfant las du sommeil par cet insaisissable parfum
Tu as retrouvé la sensation de la couleur vert d’eau dans des tableaux d’herbe et de rivières à l’exposition « Kandinsky Chagall Malevitch et l’âme russe » vue à Vérone en novembre 2004
Cette nuit au seuil de la maison la sensation de la couleur vert d’eau t’arrive doucement des tilleuls
Tu la respires et tu t’endors bien dans ce demi-songe végétal
La sensation de la couleur vert d’eau est une soif non pas fiévreuse mais sereine toute prête à être rassasiée promesse d’un vaste et tendre paysage qui entre en toi et te fait sien
© Éditions Orage-Lagune-Express 2009.
Photo M-CC.
16:08 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : chagall, malevitch, kandinsky, vérone, christian cottet-emard, poésie, peinture, voyage, carnet