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06 mai 2008

Muses inquiétantes

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Tu ouvres le buffet Art Nouveau probablement un des premiers objets que tu aies pu apercevoir au début de ton existence

Tu sors un verre dans lequel ont bu tes arrière-grands-parents tes grands-parents et tes parents tu te sers une fine du Jura

Tu poses la bouteille sur la grande table Art Nouveau sous laquelle tu t’es caché avec tous les enfants de la famille et qui n’a pas bougé pendant un demi-siècle elle ne cesse maintenant de tanguer depuis que tu l’as récupérée chez toi

La stabilité de la table n’était que l’illusion d’un monde perdu

L’étrangeté ne fait plus aucun doute


© Éditions Orage-Lagune-Express 2008.

03 mai 2008

Jour et nuit avec les arbres

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La flaque d’eau toujours à la même place sur la route forestière où attend la vieille voiture n’est ni le miroir ni le contraire du monde

Juste une facette de ce diamant qu’on appelle la Terre

L’image condamnée à refléter ce qui n’est pas se dissipe dans l’évidence des feuilles rendues à l’air blond


(Extrait de : Le Monde lisible, éditions Orage-Lagune-Express, 2004)

Photo : sur la route de la Brétouze au-dessus d'Oyonnax (photo C. C-E) 

22 avril 2008

Œil de cyclone

 

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Ta mère a écouté les informations du bout du monde un ouragan a arraché les toits des maisons elle a peur en ces jours de grand vent dans son village tranquille de voir s’envoler son toit

 

Elle a peur de la nature en ce joyeux jour de vent qui fait danser les frênes

 

Et toi non tu ne t’inquiètes pas trop des vents d’ici car ils se contentent au pire de quelques tuiles

 

La nature ne t’effraie pas mais tu la tiens toujours à l’œil car il est inquiétant qu’elle puisse craindre l’homme

 

Tu as surtout peur de l’homme que la nature peut craindre

 

Un jour de promenade tu cherchais un vieux chemin et une clairière de ton adolescence mais le temps les avait perdus

 

Le chemin n’existait plus et un bois remplaçait la clairière

 

Alors que tu rampais dans les fourrés pour accéder à tes autres coins tu arrivas contre le vent et tu surpris une laie avec ses petits

 

C’est ainsi que la nature se signala à toi ce jour-là mais puisque tu la tiens toujours à l’œil rien de fâcheux ne survint

 

La laie et ses marcassins foncèrent tout droit bien loin de toi mais cela ne rassurerait pas ta mère pour autant si tu lui racontais cette histoire car les informations du bout du monde finissent par la persuader que sa maison et son village tranquilles sont dans l’œil d’un cyclone

 

 

© Éditions Orage-Lagune-Express 2008.