05 décembre 2007
L'ardoise magique

Tu as trop sommeil tu ne peux vraiment plus accueillir le début d’un nouveau poème tu te couches
Tu t’endors tu penses : note cette bribe pour demain tu penses : pour tout à l’heure souviens-t’en au réveil note dors n’oublie pas
Tu te réveilles avant le réveil longtemps avant tu te lèves pour noter trop tard tu as oublié trop tôt
Tu déambules dans la maison tu cherches tu as oublié de fermer les volets le cerisier te prévient tu le vois gesticuler dans le vent sous la lune contre le mur à travers les voilages des rideaux tout s’est effacé sauf l’ombre du cerisier
© Orage-Lagune-Express 2007.
Photo Christian Cottet-Emard.
02:12 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, fenêtre, nuit, photo, Christian Cottet-Emard
16 novembre 2007
Le voyageur nocturne
Un soir blotti dans ton petit lit tu entends
tu entends un vélomoteur dans la nuit et tu te dis
tu te dis qu’il faut
qu’il faut qu’un homme soit
soit bien malheureux pour avoir
pour avoir à circuler
à circuler ainsi par les chemins vicinaux obscurs et par les rues vides à lampadaires livides
Ce soir immobile dans ton grand lit tu entends
tu entends un avion et tu te dis
tu te dis qu’il faut
qu’il faut être
être bien tourmenté pour avoir
avoir ainsi à voyager dans la nuit ivre de givre et dans les ténèbres glacées du ciel à dix kilomètres d’altitude et pour aller
aller où ?
© Éditions Orage-Lagune-Express 2007
(Photo Clara Cottet-Emard)
01:10 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Poésie, nocturne, voyageur, soir, nuit, vélomoteur, lampadaire
19 octobre 2007
Sous la cascade au nom qui fait rire
(À Michel Cornaton)
Tu voudrais disparaître
Pour toujours disparaître
Disparaître
de la circulation
automobile
Mais réapparaître
à jamais perdu
pour l’auto
Réapparaître sur le chemin départemental où sèchent toujours tranquillement les feuilles de foyard et de tilleul comme au premier jour le premier jour où tu marchas dans ces feuilles sèches
Réapparaître au bord du gouffre Le Pétrin de la foudre ou dans la marmite de la cascade au nom qui fait rire
« Comme par enchantement » disparaître et réapparaître dans cette cascade et pas une autre même si cette autre s’appelle Le Saut de l’âne ou La Queue de cheval
Tu voudrais réapparaître

À jamais perdu
pour la circulation
automobile
Et rire éperdu dans la marmite de la cascade au nom qui fait rire où cerné d’arcs-en-ciel tu peux te tenir debout avec de l’eau jusqu’au menton et ressortir tout bleu dans l’été rire parce que tu aurais réussi à disparaître et à réapparaître quand ça te chantait et sourire soûl rire vivre ivre
Apparaître disparaître réapparaître comme ça te chante dans la cascade « comme par enchantement » t’enchante la cascade au nom qui fait rire
Un peu gamin sur les bords pourquoi pas si ça te chante « Colchiques dans les prés » « Vent frais vent du matin sous le vent le sommet des grands pins »
Renaître non
Juste réapparaître
dans les colchiques dans les prés sous le vent dans les grands pins noirs d’Autriche qui retiennent la falaise et ses campanules de la tentation du gouffre
Seule la cascade connaît le gouffre et en revient et s’en enchante au grand jour or et bleu et s’en enchante dans l’envol des feuilles de foyard d’érable de charme de sycomore d’alisier de sorbier seule la cascade sait apparaître disparaître réapparaître seule la cascade sait chanter au fond du gouffre comme dans la folle joie de l’automne où pour toujours tu voudrais réapparaître à jamais enchanté
© Éditions Orage-Lagune-Express 2007
20:15 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : Cascade, Vulvoz, Jura, poème, eau, gouffre, nature