12 décembre 2006
Sur une plage des Landes
Tu as longtemps cru que la poésie était un diamant à extraire de la boue
Qu’il fallait s’acharner à le trouver puis à le tailler jusqu’à la perfection qui n’est pourtant pas du monde des humains
Mais non le diamant naît des catastrophes et les provoque
Vois plutôt sur la plage des Landes ce petit joyau vert poli qui fut un éclat de verre
La même vague millénaire le dépose aujourd’hui tout lisse et lumineux à tes pieds
Sans doute un fragment de canette de bière
Combien de décennies entre celle ou celui qui goûta la mousse de cette bière sous les parasols d’un petit bistrot et toi qui te promènes dans l’écume de mer ?
Tu n’as qu’à te baisser pour t’offrir ce bijou d’océan
Car personne ne jugera utile d’exploiter de tricher de blesser ou de tuer pour le garder dans la main
Joyau de sable retournant doucement au sable après s’être offert au hasard de ton pas comme toute poésie qui n’est et ne saurait être diamant
(Copyright : Orage-Lagune-Express, 2006)
11:45 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : Poésie, océan, Landes, bière, diamant, joyau, bijou
06 décembre 2006
La maison perdue
"Et toujours, en nos rêveries, la maison est un grand berceau"
- Gaston Bachelard - (La poétique de l'espace)
Ce matin le diable se tourne les pouces sur ta descente de lit
Car c’est bien connu le diable s’ennuie
Tu vas chercher le pain il t’accompagne il t’a déjà fait le coup
Et te voilà sur le boulevard où tous les vieux érables sont revenus exactement à leur place avec leurs racines qui soulèvent le bitume comme avant
Il a pensé à tout le diable jusqu’aux petits trous dans le goudron encore tiède du trottoir marqué pour des décennies des pas alertes d’une jeune femme en talons aiguilles
Il a tout imité jusqu’au moindre détail car c’est connu le diable est dans les détails
Ah ça il a bien bossé car on le sait le diable est travailleur à l’inverse de Dieu qui est un poète hermétique et contemplatif
Il a même remis le nid des mésanges dans la boîte aux lettres et la mésange en cet instant précis attend que tu sois rentré dans ta maison d’enfance pour continuer de nourrir ses petits
Elle t’observe depuis cette branche d’érable mais tu te doutes bien que cette mésange chante faux qu’elle n’est pas la vraie
Pas plus que ce vieil érable revenu ici comme par enchantement devant le portail en fer forgé orné de ce motif où tu voyais jadis un visage de magicien
Entre entre donc articule la bouche du magicien pourquoi n’entres-tu pas dans le jardin cueillir des roses de Noël ?
Et le portail s’entrouvre tout seul en grinçant comme tu l’as toujours entendu grincer et tes jambes se dérobent et tu chancelles
Mais tu n’entres pas car tu sais bien que même si tu retrouvais les roses de Noël quelqu’un surgirait et te demanderait qui êtes-vous et que faites-vous ici ?
(Le poète mène une vie quotidienne (extrait). Copyright : Orage-Lagune-Express, 2006).
Vignette : roses de Noël du jardin (hellébore noir).
19:20 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Poésie, maison, hellébore, Bachelard, Orage-Lagune-Express
27 novembre 2006
Liberté à perpétuité
“Liberté quand on m’écrit ton nom je sors mon revolver” rétorquerais-tu bien à ceux qui font commerce de ce mot
Va leur expliquer la signification de Liberté à la moindre panne d’électricité
Libertad est-il écrit sur la bague de cet excellent cigare echo en Honduras totalmente a mano
Mais notre cœur bat pour la liberté s’écrient les plus poètes à leurs heures
Et pourtant leur cœur a commencé à battre sans qu’ils s’en aperçoivent et s’arrêtera sans leur demander leur avis ô Liberté
Et si cette idée révolte les plus intelligents certains se croiront libres en se tirant une balle de ce revolver que tu as envie de sortir chaque fois qu’on te chante le refrain de la liberté
Mais ils n’auront pas été plus libres pour autant en s’étant tiré une balle dans la tête
À peine auront-ils été le jouet d’une chimie d’une colère captive comme une lave de leur nostalgie de liberté
Et si leur mort vécue par eux comme leur seul geste de liberté n’était même pas leur mort ?
Et que ce qu’ils croyaient être leur mort débouche sur autre chose sur un nouveau cœur qui démarre tout seul ?
Et qu’à nouveau grince à leurs oreilles comme un mauvais violon pour les siècles des siècles Liberté Liberté chérie !
Copyright : Orage-Lagune-Express, 2006.
17:10 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, liberté, électricité, cigare, revolver, coeur, révolte