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21 juin 2016

Carnet / Héros masqué et mémoire

L’an dernier au mois de juin, je me promenais à Porto où l’on rencontre fréquemment la silhouette de Don Sandeman drapé dans sa cape noire, coiffé de son chapeau à large bord et portant évidemment un toast.

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Don Sandeman sur les toits de Porto (photo Ch. Cottet-Emard)

Enfant, lors des réunions de famille, il m’est arrivé de finir quelques fonds de ce porto dont les verres publicitaires m’attiraient beaucoup. C’est en photographiant une publicité murale représentant Don Sandeman que j’ai réalisé pourquoi cette marque de porto était si nettement inscrite dans ma mémoire.

Tout gamin, je ne manquais jamais un épisode télévisé de Zorro. Le justicier masqué est drapé dans la même cape noire et coiffé du même chapeau à large bord que Don Sandeman dont le visage reste toujours dans l’ombre.

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La principale référence à l’alcool dans Zorro s’incarne dans le personnage peu héroïque du sergent Demetrio Lopez Garcia à qui un jeune garçon ne peut avoir envie de s’identifier en raison de sa balourdise et de son ivrognerie. Quant au tabac, s’il existe peut-être quelques séquences où l’on voit un notable fumer le cigare, sa représentation est largement supplantée par les scènes de cape et d’épée. Cependant, le fumeur de cigare que je suis ne peut oublier que sous le masque de Zorro se cache Don Diego de la Vega. Dans le lexique du cigare, la vega est une plantation de tabac.

Voilà au moins qui me permettra de relier quand même mon enfance au plaisir de déguster un bon porto suivi d’un havane !

 

 

15 juin 2016

Carnet / Musiques du petit jour

Petit déjeuner en musique parce que France Musique est en grève. Vive la grève ! Ne pas être obligé de couper le son à chaque bulletin d’information, quel bonheur. À quoi sert un journal sur une radio musicale ?

Dans la pénombre de 6h45, alors que l’aube devrait l’envelopper, la maison laisse entrer une autre musique, celle des grillons dans l’ondulation des foins sous une mer de nuages sombres. Pendant que le café passe, la stridulation me rappelle que je commence une journée de la mi-juin. Il faut bien cela. Le glapissement du renard, peu fréquent le matin, m'a surpris.

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Une visite matinale du renard chez moi (photo CC-E)

Hier, après l’ultime correction des épreuves, j’ai signé le bon à tirer de mon volume de carnets. Voilà au moins un chantier débloqué. Une impulsion, même infime, pour plus de sérénité ?

Pour m’aider à retrouver au moins partiellement cet état, après trois ans au cours desquels je me suis affaibli en vaines remises en question culturelles ne menant qu’à des impasses, j’ai souvent recours aux sonates en trio de Jean-Sébastien Bach. Il en existe de nombreuses bonnes interprétations mais ma préférée est celle de l’organiste Pierre Simonet qui fut titulaire de l’orgue de la collégiale de Saint-Donat dans la Drôme. L’ensemble est gravé sur deux vinyles, ce qui explique que je lui fasse quelques infidélités, mais aucune autre version ne me parle autant que la sienne.

À une personne tourmentée, je dirais que ces sonates en trio ne consolent pas mais qu’elles réparent ; l’affect, l’esprit et même le corps.

 

09 mai 2016

L'angoisse du hanneton

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Ce printemps hâtif convoque des nuées de hannetons. Les arbres des rues, le soir, crépitent au-dessus de la tête des passants. Des escadrilles entières rasent les fenêtres dans le crépuscule lourd de pollen avant d'aller brûler contre les ampoules de l'éclairage public.

Tout enfant, lors d'une de ces journées à hannetons, j'ai guetté leur vol au bord de la croisée et, muni d'une pelle à ménage, je suis parvenu sans peine à les stopper d'un seul revers, en pleine course, dans un bruit mat suivi d'une courte chute. A la suite de cet exploit cruel et dérisoire, j'ai éprouvé une sorte d'écoeurement mêlé de jubilation, une sensation pénible.

Longtemps après, lors d'une autre année à hannetons, toujours accoudé sur le rebord de la fenêtre, je n’ai pu m'empêcher de me remémorer cette sensation en observant l'épuisement d'un de ces insectes dans une encoignure. Il agonisait et, avec ses élytres faussées, ressemblait à un vieil avion de toile qui viendrait d'être abattu. Je ne pouvais pas détacher mes yeux de la détresse du hanneton. Propulsé dans l'ivresse de l'espace parfumé pour se régaler de folioles, s'accoupler avec frénésie, et pourtant, condamné à crever longuement dans un recoin à défaut d'être gobé par un merle ou une mésange ou martyrisé par un enfant.

Né pour l'orgie, né pour souffrir, ainsi va la courte vie du hanneton dont la larve s'est si minutieusement préparée à ces grands moments sous la terre, des années durant. Hanneton, mon frère d'angoisse éblouie ! pensai-je en regardant mourir le coléoptère.

Le Grand variable (extrait). Éditions Editinter (épuisé).