31 mars 2014
Carnet / De l’heure (et de l'heur) d’été
Dans les années 80 du vingtième siècle lors d’un passage à l’heure d’été, j’avais écrit ce poème, L’heur d’été, que je n’aime plus aujourd’hui. Il est extrait de mon recueil L’Inventaire des fétiches que j’avais publié sans doute trop vite en 1988, une occasion favorable s’étant présentée. Détail amusant, quelques lecteurs de L’heur d’été avaient cru voir une coquille dans ce titre. Bien évidemment, j’écrirais ce poème d’une manière différente si je devais le faire aujourd’hui. Mais quand ce n’est plus l’heure, ce n’est plus l’heure... Et plus l’heur non plus.
L’heur d’été
Vers le cœur d’une grange
au sommet de l’été
une femme conduit
l’ombre de son désir
Elle a chevilles de gazelle
et mille caprices de chèvre
Son pas sécrète une alchimie
d’herbes en souvenance
mais le ciel des marelles
s’alourdit sur sa tempe
Il faudra tout l’orage
et son galop dans les avoines
pour alléger sa nuque
sous la poigne d’enfance
Aux mains dolentes des caresses
elle chaparde à la mémoire
ce moment dans la paille
pour le suspendre à la saison
Extrait de L'Inventaire des fétiches. © Éditions Orage-Lagune-Express, 1988.
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24 mars 2014
Carnet / Des neiges, des ânes qui n’ont pas soif et de l’isoloir
Comme chaque année en cette période, je vois mes petites fleurs de printemps éclore à la faveur d’une brève embellie (qui a tout de même duré presque trois semaines cette fois) puis fléchir sous une nouvelle et brutale averse de cette neige lourde que les montagnards désignent sous des noms variant avec les régions. Relire à ce propos Neige de Mario Rigoni Stern dans le volume Sentiers sous la neige (éditions 10/18).
Depuis quelques années, j’ai pris les neiges en aversion (j’emploie le pluriel car toute personne qui vit dans les régions neigeuses sait qu’il existe plusieurs neiges) notamment les neiges de printemps qui me sapent le moral. La première image que m’évoque désormais la neige est celle de Robert Walser étendu à quelques mètres de son chapeau qui a roulé parmi ses empreintes de pas lors de son ultime promenade. Il me faudra lire un écrivain considérable pour apprendre peut-être un jour à aimer de nouveau la neige comme il m’arrivait de m’en émouvoir lorsque j’étais enfant.
Pour l’instant, je ne vois que mes jonquilles aux robes froissées et le jaune flétri des forsythias trop pressés qui, comme nous, veulent leur part de douceur et d’insouciance et qui se retrouvent immanquablement à baisser la tête. Printemps triste et bâclé de la montagne que seul le rare effet de fœhn peut illuminer certaines années quand ce vent doux et fantasque dévale les couloirs rocheux et court dans les prairies comme un gamin espiègle. Fœhn, mon étrange ami, viens trousser les tulipes et les jacinthes, dérouler les bourgeons de lilas, parfumer la nuit et me laver de ma poisseuse et noire humeur !
La poésie, et maintenant ?
La semaine dernière, j’étais en plein printemps, presque en été, à Lyon, lors de la journée de l’ARALD (Agence Rhône-Alpes pour le Livre et la Documentation) à la rencontre intitulée La poésie, et maintenant ? qui s’est tenue dans la salle de conférence de la bibliothèque municipale de Lyon Part-Dieu. Je connais cette salle où j’ai fait une lecture il y a quelques années. Il y a plus longtemps encore, dans les années 90 du siècle dernier, j’avais déjà assisté à une rencontre de ce type organisée par l’ARALD. Eh bien rien n’a changé.
On continue de déplorer l’absence de « visibilité » de la poésie dans les médias, dans les librairies, dans les bibliothèques, dans les sacs de plage, dans la hotte du Père Noël, dans la boîte à gants de la voiture, dans les quartiers, dans les classes, et l’on continue de se demander comment l’on va bien pouvoir s’y prendre pour remédier à cette déplorable situation.
On va me répondre « ça te va bien de toujours critiquer du haut de ta flemme proverbiale mais qu’est-ce que tu proposes ? » Un, je ne suis pas plus malin que les autres, deux, j’aurais tendance à penser qu’il ne faut pas vouloir faire boire un âne qui n’a pas soif, et trois, commençons par nous lire les uns les autres. Comme nous sommes nombreux, cela ne pourra qu’apporter un ballon d’oxygène financier aux éditeurs qui ont l’amabilité de nous publier.
En marche vers l’isoloir
Et à part ça ? Ah oui, les élections (j’allais oublier). Gauche, droite, gauche, droite, gauche, droite, gauche, droite, gauche, droite... Demi-tour gauche ! Demi-tour droite ! Etc...
19:14 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : printemps, foehn, jonquilles, jacinthes, forsythia, lilas, neige, mario rigoni stern, robert walser, blog littéraire de christian cottet-emard, arald, agence rhône-alpes pour le livre et la documentation, poésie, la poésie et maintenant, bibliothèque municipale lyon part dieu, lyon, rhône-alpes, france, christian cottet-emard, élections municipales, élections, isoloir, carnet, journal, note, prairie, prairie journal, littérature, tulipe, écriture de soi, autobiographie, éditions 1018
11 mars 2014
Au printemps, j'entends pousser les fleurs
Au printemps, j'entends pousser les fleurs et ça m'empêche d'agir. Attente et désir aboutissent à l'offrande des haies. Le long du pré courbe l'échine. Inquiétude, séduction. Visite du vent qui se souvient des mers. D'autre issue que nommer quand tout se répète ? L'herbe et la pierre suffisent dans le jour qui s'arrondit car mon temps ne souffre que regard.
(Variante récente d'un texte extrait d'un de mes premiers livres, l'Inventaire des fétiches, © éditions Orage-lagune-Express, 1988).
08:45 Publié dans L'INVENTAIRE des fétiches | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fleur, printemps, crocus, l'inventaire des fétiches, éditions orage-lagune-express, christian cottet-emard, marge, marginalité, campagne, pré, contemplation, inquiétude, attente, désir, séduction, retrait du monde, entendre pousser les fleurs, blog littéraire de christian cottet-emard, poésie, littérature, photo de crocus, offrande, haie, promenade, rêverie, songe-creux, paresse, fatigue, lassitude, mélancolie, fatalisme, fatum, destin