29 janvier 2008
Crépuscule décisif dans l’année 75
Tu étais sorti sous d’épais nuages mauves et gris un merle avait traversé devant toi sans juger utile de s’envoler
Ces nuages sentaient la forêt et ce merle comme il était réel !
Tu avais entendu de la mauvaise musique dans une salle enfumée où l’on jouait du théâtre amateur et où les collégiens avaient gym dans la poussière
En mémoire de Jules Laforgue « Je fume au nez des dieux de fines cigarettes » tu en avais grillé une sous un réverbère du très désert parc Nicod (à une lettre près cela ne s’invente pas) il avait commencé à pleuvoir
Tu étais rentré tard après avoir marché d’un invincible pas dans les rues trempées et après Brahms pour te laver la tête tu avais dormi du majestueux sommeil de l’adolescence parfaitement
Parfaitement indifférent aux ondes du choc pétrolier et au prix du baril comblé de cette pluie et de cette nuit qui t’aimaient et qui sentaient bon comme des copines
© Éditions Orage-Lagune-Express 2008.
18:08 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Poésie, Jules Laforgue, blog Christian Cottet-Emard, souvenirs, nostalgie, journal intime
28 mars 2007
La grande porte de la fugue
« Les écoles sont les bergeries des moutons de Panurge » (Françoise Dolto)
Se dresse devant toi la grande porte de la fugue
Point de billet d’absence plus de mot d’excuse qu’adviendra-t-il dans la forêt une fois le pas franchi ?
Peut-on boire l’eau de la rivière ?
Et s’il fait froid le soir ?
Et qu’en est-il du mufle humide de la nuit et de la belladone qui fait de l’œil aux enfants perdus pour leur tordre le cœur ?
Mais l’heure n’est pas à la résolution de ces problèmes et tu es en retard pour les autres dont se joue le premier de la classe
En retard face à la haute porte ouvrant sur des trains qui n’arrivent pas à l’heure des baignoires et des robinets en folie tu dois choisir entre la fugue et les heures de colle
Avant de te libérer avec les autres punis du jeudi le Maître dit « vous avez bien travaillé » et donne cahiers et crayons en récompense car ainsi fonctionne ce monde qu’il enseigne : punition récompense
Et s’ouvre et se ferme inlassablement sur ces mots la lourde porte entre la classe et la forêt la grande porte de la fugue
Copyright : éd. Orage-Lagune-Express, 2007
00:30 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : souvenirs, brouillon de poème, fugue, belladone