16 mai 2014
Nature (merveilles et réconfort de la)
Un papillon bleu se pose sur une fleur bleue
Un papillon jaune se pose sur une fleur jaune
Un papillon couleur de mur se pose sur mon mur
Oh
21:41 Publié dans Et à part ça ? | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : nature, merveille, réconfort, humour, dérision, tristesse, ironie, papillon, fleur jaune, fleur bleue, blog littéraire de christian cottet-emard, mur
15 mai 2014
À propos du burn-out comme maladie professionnelle
Communiqué
Le débat se poursuit autour de la question « FAUT-IL RECONNAÎTRE LE BURN-OUT COMME MALADIE PROFESSIONNELLE ? ».
En effet, c’est sur ce thème que ce tiendra une rencontre le 2 juin prochain à l’Assemblée nationale à laquelle participera activement Technologia.
A ce jour, l’appel a été signé par presque 6100 personnes et c’est grâce à vous si ces moments de dialogue sont désormais possibles.
Vous trouverez ci-dessous les informations pour vous inscrire à cette rencontre si vous le désirez.
FAUT-IL RECONNAÎTRE LE BURN-OUT COMME MALADIE PROFESSIONNELLE ?
Intervenants : Jean-Claude Delgènes – Michel Debout – Marie-France Hirigoyen – Marcel lourel – Martine Keyrier
A l’invitation du Cercle Ramadier Île-de-France, Technologia participe
à une rencontre autour de son étude: Le syndrome d’épuisement, une maladie professionnelle
Vous êtes cordialement invité
lundi 2 juin 2014 à 19h à l’Assemblée Nationale
Salle Colbert, 126 rue de l’Université 75007 Paris
(Inscription obligatoire avant le 28 mai 2014 et prévoir papier d’identité pour entrer à l’Assemblée)
19h00 - Accueil des participants
19h30 - Présentation des Intervenants par Anne-Juliette TILLAY, Secrétaire
Générale du Cercle Ramadier
19h30 - Début des travaux
Introduction à la problématique: Jean LE GARREC, Président du Cercle Ramadier.
LES INTERVENANTS :
Jean-Claude DELGENES : Enseignant à Dauphine. Fondateur et directeur de Technologia. Il analyse l’état des lieux en France et en Europe des pathologies de l’épuisement professionnel et fera un point sur les débats en cours sur la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle.
Michel DEBOUT : Psychiatre, médecin légiste et professeur de médecine légale, Michel Debout est l’un des meilleurs spécialistes du suicide en France. En raison de ses compétences en matière de prévention des suicides et de mal être au travail, le professeur Michel Debout vient d’être nommé membre associé au Conseil économique, social et environnemental.
Marie-France HIRIGOYEN : Spécialisée en gestion du stress en entreprise, elle fait introduire un amendement de loi contre le harcèlement moral dans le Code du travail. Une notion qu'elle analyse dans son second ouvrage sur la violence psychologique au travail, Malaise au travail. Harcèlement moral : démêler le vrai du faux qui est paru en mars 2001. Son dernier ouvrage Que sais-je : Le harcèlement moral au travail paru en 2014 fait le point sur le fléau de nos sociétés industrielles
Marcel LOUREL : Professeur à l’université de Lille, psychologie du travail sanitaire et sociale. Assure entre autres fonctions, la direction d’une thèse : « Risques psychosociaux au travail : accompagner les entreprises et les salariés, quelle implication des différents acteurs de l’entreprise sur les questions de la souffrance au travail ».
Martine KEYRIER : Médecin du travail et Secrétaire générale du syndicat CFE-CGC santé au travail.
Modérateur : Anne LE MOAL, Secrétaire générale du Cercle Ramadier Ile-de-France
Débat avec la salle
21h45 - Conclusion des travaux
14:49 Publié dans Agenda/Rendez-vous | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : burn-out, appel, appel burn-out, marie-france hirigoyen, marcel lourel, martine keyrier, anne le moal, jean-claude delgènes, michel debout, syndrome d'épuisement professionnel souffrance et travail, le monde, le monde économie, santé publique, maladies professionnelles, sécurité sociale, dépression, épuisement, stress, état de stress, anxiété, travail, entreprise, fonction publique, luttes sociales, blog littéraire de christian cottet-emard
11 mai 2014
Carnet / Variations en gris : un instituteur
La vie dans les petites villes de province est un ballet d’ombres furtives.
Cette très grise matinée, j’ai emprunté mon itinéraire habituel, ces petites rues entre l’église et l’école primaire, cette place avec vieux platanes sous lesquels traînait hier mon cartable et sous lesquels flottent aujourd’hui mon imper blanc et mon parapluie noir. Quarante ans séparent ces deux silhouettes traversant une scène de quelques dizaines de mètres carrés, la scène d’un petit théâtre où l’on donne toujours la même pièce. Sorti plus tôt que d’habitude, j’ai dû contourner le porche de l’église où attendait le corbillard.
Dans la classe du cours moyen, le nez sur mes mauvais cahiers de brouillon constellés de pâtés à cause de ces saletés de porte-plume et d’encriers, j’entendais le glas rythmer ces heures ternes sous le regard inquiétant de l’instituteur.
Depuis quelques jours, je ne cesse de croiser le chemin de cet homme massif aujourd’hui un peu voûté et le cheveu à peine plus rare. Toujours les mêmes grosses lunettes rectangulaires et ce même regard qui semble dire exactement comme il y a quarante ans : « on n’est pas sur Terre pour s’amuser ». À la fin de mon adolescence, époque à laquelle j’ai dû l’apercevoir une fois en ville, j’ai fait un détour de plusieurs centaines de mètres pour l’éviter. Précaution inutile puisqu’il ne m’aurait sans doute pas plus reconnu qu’aujourd’hui. Avec lui, même les cours de dessin tournaient à la corvée. Je me souviens que lors d’une séance de dessin libre, il avait averti que quiconque n’aurait pas fini son dessin dans le temps imparti serait puni. J’avais dessiné un château fort et je me croyais tranquille mais ce grand pédagogue avait estimé que mon dessin n’était pas fini car je n’avais pas colorié les murs du château. J’ai donc été puni.
Cet instituteur est resté plus qu’un autre dans mon (mauvais) souvenir car il avait mis au point un système particulier de notation. Il s’agissait de ce qu’il appelait lui-même des « fiches de paie » , des fiches cartonnées oblongues de couleur grise distribuées chaque fin de semaine dans une grande tension. Elles comportaient trois rubriques respectivement intitulées « travail » , « écriture » , « conduite » (nous dirions aujourd’hui « comportement »), chacune étant destinée à recevoir une mention très bien, bien, moyen, mal, très mal. Toute fiche de paie ne réunissant pas le nombre voulu de moyen, bien ou très bien, nombre établi selon des critères qui m’échappent toujours, envoyait automatiquement son destinataire en colle le jeudi. Médiocre en travail et écriture (écriture désignant non pas la qualité de l’expression écrite mais simplement la capacité à former les lettres !), j’échappais en général à la retenue du jeudi grâce à la rubrique « conduite » griffée de la mention très bien que m’assurait à coup sûr la crainte dans laquelle je vivais ces heures de classe au son du glas.
C’est que le bonhomme piquait de terribles colères, notamment les jours de dictée, l’un des rares exercices auquel je prenais parfois plaisir dans d’autres classes que la sienne. Une faute, une tache d’encre, un murmure suffisaient à déclencher les grondements et les coups de tonnerre de cette voix sourde. Sur l’estrade, le dos de sa blouse en nylon formait un rectangle gris qui se superposait en une figure abstraite au triptyque du tableau noir. De temps à autres, de petits projectiles de papier plié jusqu’à obtenir la densité adaptée frappaient le dos de cette blouse grise en faisant plac plac. Ceux qui les projetaient au moyen d’un élastique étaient considérés comme les durs d’entre les durs mais leurs exploits individuels déclenchaient presque toujours une punition collective.
De fait, cet instituteur typique de ceux qui sévissaient dans les écoles de garçon dites libres dans les années soixante du vingtième siècle nous préparait à notre avenir de petit soldat avec ses punitions collectives en avant-goût du service militaire et à notre avenir de valet ou de capitaine d’industrie avec ses fiches de paie en carton. Le service militaire a heureusement été supprimé (de toute façon, je me suis quant à moi débrouillé pour être réformé) , quant à l’industrie, elle est dans l’état que nous connaissons aujourd’hui.
Aujourd’hui le temps me joue un tour. Il est un invisible photographe qui nous a figés, ce maître d’école d’un autre âge et moi-même, lui dans sa blouse grise et moi dans mon imper blanc, dans la photo en noir et blanc de deux matinées identiques à ceci près qu’elles ont quarante ans d’intervalle. Nous nous retrouvons maintenant côte à côte sur le trottoir. Je suis désormais aussi haut et peut-être plus massif que lui. Lorsque je l’aperçois en ville, je ne l’évite plus car désormais c’est mon ombre qui passe lourdement sur la sienne.
Note : ce texte date de 2006, il faut donc rajouter quelques années au nombre de celles qui figurent dans cette version.
Photos : - en classe, la vie en gris
- blouse grise autrefois portée par les instituteurs. Dans les années soixante du vingtième siècle, ces blouses n'étaient plus en mauvais drap comme sur la photo mais en nylon.
© Éditions Orage-Lagune-Express, 2014
16:52 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : carnet, variations en gris, instituteur, école primaire, années 60, vingtième siècle, blog littéraire de christian cottet-emard, note, journal, souvenir, école, enseignement, corvée, punition, colle, heures de colle, classe, école libre, école privée, enfance, élève, blouse nylon, blouse grise, blouse d'instituteur, ville de province, ombre