09 mars 2017
Zidane, pauvre gosse...
Hier, je termine une journée morose par des courses au supermarché. À la caisse devant moi, une famille et la mère qui appelle bruyamment un de ses enfants, un pré-ado boutonneux peu gâté par la nature et affecté d'un tic qui lui donne un air désolé et fataliste :
« Zidane ! Viens m'aider ! »
La caissière ne peut dissimuler son étonnement :
« C'est son surnom ? »
La mère fièrement : « Non, c'est son prénom. Comme le joueur de foot, vous savez. »
Une rafale de tics ravage le visage du pré-ado. Et la mère d'ajouter, navrée :
« Il l'aime pas son prénom, le gamin... »
Quand vient mon tour et que la famille est partie, la caissière me dit :
« Ça doit pas être évident... »
Quant à moi, je pense à cette journée morose et je me dis que finalement, j'ai de la chance. Pauvre gosse...
Image prise ici.
01:24 Publié dans Et à part ça ? | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : zidane, foot, supermarché, courses, blog littéraire de christian cottet-emard, morose, pré-ado, tic
03 février 2015
Carnet / En déneigeant
L’hiver, ses paysages, ses dentelles de givre, ses cascades de glace, ses neiges qui scintillent et ses activités stupides comme le ski et le déneigement. L’hiver, saison stupide.
Plus de problème avec le ski dont j’ai refusé dès l’enfance tout enseignement après une seule séance qu’on m’a imposée je me demande pourquoi dans les années soixante du vingtième siècle. Mais le déneigement, ça, impossible d’y couper. Toute la fin de matinée et le début d’après-midi pour pouvoir sortir la voiture du garage.
Sortir la voiture du garage : ça se mérite.
D’habitude, je passe en force sans déneiger beaucoup, surtout quand le vent tourne et que ça fond sous la pluie mais ces derniers jours, on approche d’un mètre d’épaisseur. Pas question de passer en force sans y laisser le pot d’échappement et d’autres accessoires, quant à la fonte, ce n’est manifestement pas pour demain.
Dans ces moments-là, je pense à la Bresse où la neige est rare et fugace mais j’ai trop de mauvais souvenirs professionnels là-bas pour m’y installer. Bourg-en-Bresse, c’est bien pour quelques courses, un verre au Français et un déjeuner chez La Jeanne, mais pour des cieux plus cléments, c’est encore un peu juste.
L’hiver, je me sens vieux et stupide moi aussi, au point d’avoir la tête remplie d’un fatras de cartes postales dégoulinantes de fleurs et de parasols en bords de mer. Je pense à Francesco Biamonti qui écrivait d’âpres romans mais qui était « éleveur de mimosa » . Quel effet cela peut-il bien faire « d’élever du mimosa » ? , je me demande en déneigeant.
L’hiver est la saison où je m’imagine ailleurs en train de faire autre chose que de déneiger, charrier des bûches de bois et vider les cendres de la cheminée sur cette saleté de neige immaculée.
Comme Juppé, la tentation de Venise me prend. Vivoter d’un obscur commerce de figurines comme ces artisans qui tricotent des baguettes de verre coloré sous la flamme d’un petit chalumeau pour les transformer en minuscules cochons translucides, escargots bicolores, diablotins priapiques et autres bestioles pour les touristes.
Mais n’ayant ni main verte ni habileté manuelle, adieu mimosa, verrerie, et bonjour déneigement, bénévole de surcroît. Tout ce temps-là est pris sur l’écriture, une activité dont l’avantage est au moins que personne n’attend un résultat, ce qui est bien réconfortant.
03:03 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : déneigement, jura, neige, intempérie, météo, climat, hiver, carnet, note, journal, autobiographie, écriture de soi, prairie journal, blog littéraire de christian cottet-emard, bresse, ain, bourg-en-bresse, france, europe, courses, chez la jeanne, café le français, venise, italie, verrerie, figurines de verre, mimosa, éleveur de mimosa, francesco biamonti, artisanat, écriture, résultat, bernolin