31 mars 2020
Nouvelle / La déroute des uhlans
Cette fois, la terreur, la désolation, le chaos et la mort étaient à nos portes. On avait signalé les uhlans à quelques encablures. C’était la fin. On ne sortirait plus des ténèbres. On entendait des clameurs, des cris, les galops et les hennissements de leurs chevaux. Le vacarme emplissait la nuit.
Une ombre envahit d’un seul coup le mur en face de moi, un cheval qui se cabrait, et son cavalier avec sa lance. Puis une longue plainte, déchirante, les sanglots, les gémissements de qui a perdu tout espoir et puis, subitement, plus rien. Le silence.
Je me redressai et je vis le château encore debout. De nombreux combattants encombrés de leurs cuirasses gisaient comme des tortues qu’on aurait retournées sur leurs carapaces. Le seul rescapé était le grand cavalier noir.
La longue plainte reprit, plus désespérée, plus lugubre, comme si les voix des victimes des uhlans se joignaient en un choeur funèbre ultime.
Malgré leur férocité, les uhlans n’avaient pas pu venir à bout du cavalier noir qui les avait tous mis en pièces.
J'avais fini par l'obtenir après les devoirs de vacances du jour, l’arrosage du jardin, le balayage des feuilles mortes dans la cour, le rangement de la vaisselle et pas une seule défaillance dans le lavage des mains avant et après le repas (petit déjeuner compris), avant d’aller aux toilettes et avant d’en sortir, moyennant quoi j’avais enfin pu incorporer le cavalier noir en renfort à mon armée de fantassins en plastique.
© Éditions Orage-Lagune-Express
17:03 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nouvelle, éditions orage lagune express, blog littéraire de christian cottet-emard, littérature, fiction, © orage lagune express, christian cottet-emard, fiction brève, uhlans, cavalier noir, petits soldats, office notarial, étude, enfance, droits réservés, dépôt juridique, dépôt légal, lancier, fantassin, infanterie, cavalerie, bataille
01 novembre 2014
Cette vie de rêve
Ce n’est pas si mal finalement cette vie de rêve
Quand les rêves des autres se fracassent si souvent contre l’épicerie du coin
Ou qu’on les boit d’un trait au grand comptoir de l’idéal
Pendant ce temps tes rêves flottent au bord du monde
Plus soyeux et frais que les jambes des femmes
Plus denses et lourds que ton squelette
Plus immobiles et plus rapides que les nuages
Aussi peu réels que le monde se rêvant monde
Mais plus fiables que la météo les amours et les voitures
Tes rêves c’est-à-dire toi quand tu ne dors pas
Photo : lanterne dans un parc à Lisbonne (photo Christian Cottet-Emard)
© éd. Orage-Lagune-Express 2014
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