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07 janvier 2016

Autoportrait à la deuxième personne du singulier

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Toi qu’on fit débarquer sur Terre sans te demander ton avis sous le nom de Christian Claude Louis Cottet-Emard tu t’aimes un peu beaucoup à la folie mais pas passionnément

Tu t’adresses à toi à la deuxième personne du singulier pour te sentir moins seul lorsque tu es obligé d’emmener ton ombre dans des lieux absurdes

Tu ne te remets pas du déclassement économique qui frappa bien avant ta naissance tes familles paternelles et maternelles et te déposséda d’un agréable destin d’oisif petit bourgeois formé aux seules bonnes manières

Tu es un occidental de culture chrétienne baptisé agnostique non militant ordinaire d’une intelligence moyenne à tendance médiocre

Tu n’es pas et ne souhaites pas être un héros parce que la vie est courte et incompréhensible

Pour la conclusion musicale de tes obsèques de préférence tardives et chrétiennes tu souhaites si possible la Communion de Louis Alfred James Lefébure-Wély {à défaut d’organiste disponible à la tribune de l’orgue Nicolas Antoine Lété de l’abbatiale Saint Michel de Nantua le CD Harmonia Mundi enregistré sur cet instrument et rangé dans ta discothèque fera l'affaire (plage n°9)}

Tu penses qu’une vie qui ne serait faite que d’obligations et de devoirs ne vaudrait pas la peine d’être vécue

Tu n’as rien à faire d’un chef-d'œuvre qui ne t’apporte aucun plaisir

Tu n’as pas un rapport solennel à l’écriture

L’aventure du poème n’a rien à voir avec une sortie entre copains d’ailleurs tu ne pratiques pas la sortie entre copains

Tu t’étonnes toujours quand quelque chose fonctionne

Être convaincu et engagé n’est pas dans ta nature

Tu l’as compris rien n’est sérieux tout est tragique

Tu as peur du loup

Le loup peut avoir peur de toi car tu as peur de lui

Il ne faut pas te déranger quand tu manges il ne faut pas te manger quand tu déranges

Tu as un petit côté fleur bleue quand tu as bien mangé

Tu aimes avoir les oreilles froides

Tu détestes lacer tes chaussures

Tu n'es pas sûr d'être vivant avant dix heures

Tu t'intéresseras à la politique le jour où plus personne ne couchera dehors sans en avoir envie

Tu n’es pas disposé au pardon et quand tu pardonnes ce n’est que par paresse

Tu fuis les belles âmes qui aiment l’ensemble de l’humanité souffrante mais personne en particulier

Tu es habité d'une colère noire et froide qui rôde en toi soupire comme l’ombre d’un fauve dans la nuit et te réveille parfois en te coupant le souffle

Tu aimes être propre et sentir bon même si ton âme est grise

Tu ne comprends pas grand-chose aux femmes mais elles t’inspirent plus confiance que les hommes parce qu’elles t’ont fait

Tu aimes aller à l’opéra au concert voir et revoir Quatre mariages et un enterrement rire boire manger fréquenter des amis fumer des cigares parce que la tristesse durera toujours

 

© Éditions Orage-Lagune-Express 2007. Droits réservés.

 

03 janvier 2016

Mon poème de l'Épiphanie

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Gaspard Melchior et Balthazar avaient déjà rejoint le temps des merveilles

Leur étoile n’était pas de ces abominations de la désolation que les savants ravissent avec enthousiasme des ténèbres aux éperviers de leurs calculs

Tu as bien rangé sa petite sœur de papier brillant et le sapin reprend son souffle au jardin

Il veut absolument vivre ce gringalet d’épicéa et tout connaître encore de la terre et du ciel de l’an nouveau y compris le retour la tête dans leur étoile de ceux que leur espoir fit rois

 

© Éditions Orage-Lagune-Express 2007. Droits réservés.

 

25 décembre 2015

Mon poème de Noël

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Le fœhn a soufflé depuis longtemps le dernier pétale de cerisier comme une bougie d’anniversaire

La bise a volé l’ultime feuille d’érable

Tu vois une étoile en cette feuille un signe et peut-être un message

Car ton étonnement grandit avec les années

C’est un soir obscur empli de silencieuse joie

Et plus ton pas bat le trottoir luisant de lune plus te revient cette histoire de toujours à laquelle tu voudrais croire même une seule nuit

Soulagé d’un ténébreux sommeil tu t’es levé par un petit matin

Le monde était si vieux si jeune a-t-il recommencé dans une lente et douce flamme au fond d’une chapelle

Et à minuit fut un réveil glorieux de roses de Noël

 

© Éditions Orage-Lagune-Express 2007. Droits réservés.