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26 juin 2019

Carnet / Au rythme des coquelicots

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Coquelicots dans le jardin derrière ma maison (photo Marie) 

Cette année, les lilas n’ont pas fleuri et les pivoines se font rares. La bonne surprise est venue des coquelicots surgis d’eux-mêmes pour colorer le jardin et quelques recoins gris de mon esprit. Un léger souffle les agite comme des ailes de papillons. Ce sont de bons alliés contre le vague à l’âme en partie provoqué par mes difficultés à me ménager un nombre suffisant d’heures de sommeil.

Au plus chaud de l’après-midi, je me suis réfugié à l’intérieur pour écouter au frais la première et la deuxième symphonie de Sir Michael Tippett (1905-1998).

De manière assez poussive, je travaille à mon chantier prioritaire, l’édition revue et corrigée en un volume de cinq recueils de textes publiés entre 1992 et 2004 à tirage limité donc désormais introuvables. Comme d’habitude, je répugne à qualifier ces écrits de poèmes bien qu’ils en adoptent l’apparence.

Lorsque j’ai publié l’été dernier mes Poèmes du bois de chauffage, je me suis encore laissé surprendre par la réaction pourtant habituelle des gens qui ne lisent pas de poésie d’aujourd’hui et qui estiment qu’un poème non versifié de manière classique n’est pas un poème.

Cela fait pourtant longtemps que j’ai décidé de ne plus m’obstiner à expliquer que l’emploi de la versification à une époque donnée relève moins du choix esthétique que du contexte politique. Les classiques n’ont pas adopté les contraintes formelles pour faire joli mais parce qu’ils adhéraient à l’esprit de leur époque après un très long processus de stabilisation de la langue française.

On peut très bien s’amuser à écrire aujourd’hui de la poésie en versification française comme on peut tout aussi bien décider de construire un château avec les matériaux et les techniques anciennes, reste à savoir si cela rime si j’ose dire à quelque chose !

Tout jugement de valeur mis à part, j’en conviens, peut-on continuer à nommer poésie la grande diversité de ce qui paraît aujourd’hui sous cette appellation ? Je lis et je produis moi-même certains textes qu’il me paraît problématique de qualifier de poésie. Ceci est délibéré et pour moi lié à une défiance croissante envers le vers français avec sa besogneuse comptabilité de syllabes.

Même à travers des traductions de qualité inévitablement variable et peut-être bien à cause de ces traductions, je peux mesurer ce que la poésie écrite dans des langues dans lesquelles le vers se construit sur l’accentuation peut offrir de souplesse, de fluidité et de musicalité, par opposition au vers français qui contraint souvent à des choix entre métrique régulière et musicalité.

Est-ce dans la métrique du vers français qu’il faut chercher l’origine de la prédominance de la forme sur le fond dans quelques courants de la poésie française ou est-ce au contraire le refus des règles qui aboutit à des formes vides ?

Il me faudrait plus que cette notule pour tenter de répondre à ces questions. Ai-je écrit de la poésie ? Je laisse volontiers qui veux bien feuilleter mes recueils en décider car personnellement, cela ne m'intéresse guère de le savoir.

 

12 juin 2019

Carnet / Cigare et Guépard !

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Un Por Larrañaga Montecarlo (Panetela) pour égayer cet automnal lendemain de Pentecôte, et surtout, le réconfort d’un chef-d’œuvre.

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La première fois que j’ai vu le film, j’étais encore plus jeune que lors de ma lecture du livre. À cette époque, le succès du film dans les foyers populaires résultait d’un malentendu. La fresque sociale désenchantée et le message politique amer étaient éclipsés par la splendeur de la mise en scène et l’incroyable précision des détails, notamment dans l’immense et fameuse scène du bal qui faisait rêver non pas dans les chaumières mais dans leurs équivalents modernes. Quant à ce que j'en avais retenu à cette époque lointaine, c'était surtout la merveilleuse musique de Nino Rota.

Aujourd’hui, ce livre et ce film ne cessent de me nourrir, notamment lorsque j’ai la mauvaise habitude de trop me laisser atteindre par le spectacle sordide des dangereux et lamentables petits calculs de nos politiciens nationaux. À la suite des élections européennes que je qualifie à l’échelon français de légalement truquées par notre épouvantable président, relire ce livre et revoir ce film m’est un véritable baume, certes piquant mais apte à me rappeler qu’il faut tout regarder de loin quand on a la chance de pouvoir se le permettre.

Encore deux mots sur le film dont l’un des intérêts majeurs est le choix (bien sûr lié à la nécessité et aux contingences de la production) d’acteurs à contre-emploi, notamment Burt Lancaster dont la face de baroudeur pour westerns parvient au prodige de se calquer sur le visage impassible et secrètement bouleversé du Prince Fabrizio Corbera de Salina.

Même exploit de Claudia Cardinale dont le personnage,  Angelica Sedara, n’a d’aristocratique que sa beauté, laquelle ne la protège nullement des faux pas dans la noblesse en fin de règne où elle accède grâce à la fortune de son père, Don Calogero Sedara, maire du village de Donnafugata, en quête de légitimation de son nouveau et récent statut social de parvenu croulant sous la richesse qui pourrait échapper à la maison Salina sans l’alliance de la nouvelle bourgeoisie à l’ancienne aristocratie. Cette alliance dans le nouveau monde où les guépards deviennent des hyènes se scelle dans le très attendu mariage opportuniste d’Angelica et de Tancrède Falconeri, le neveu du Prince Salina interprété par Alain Delon qui, jeune arriviste au regard clairvoyant et cynique sur l’évolution sociale, prononce la célèbre phrase encore si lourde d’actualité en 2019 :

Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change.

Je n’oublie pas parmi les rôles secondaires la prestation de Serge Reggiani dans le rôle de Don Francisco Ciccio Tumeo, organiste et compagnon de chasse du Prince Salina, personnage représentatif des gens du peuple qui défendent l’ordre ancien pour des raisons mêlant des intérêts matériels et la nostalgie d’une illusoire harmonie sociale.

Il serait ici trop long et sans doute pesant de m’attarder sur la magnificence des descriptions, des portraits et des ambiances, aussi me contenterai-je d’une citation. Giuseppe Tomasi di Lampedusa décrit l’arrivée de la famille Salina dans la résidence d’été de Donnafugata. Les petits notables et les villageois sont là pour accueillir le cortège fastueux et couvert de la poussière de l’épuisant voyage sous la canicule. Heureux d’arriver enfin et de bonne humeur, le Prince se laisse aller à d’inhabituelles amabilités à l’égard des uns et des autres, ce qui est tout de suite interprété au village :

Le prince, qui avait trouvé le village inchangé, fut en revanche trouvé très changé, lui qui n’aurait jamais auparavant utilisé des mots si cordiaux ; et à partir de ce moment commença, invisible, le déclin de son prestige.

 

Note / Un autre livre de Giuseppe Tomasi di Lampedusa que j'aime beaucoup, son recueil de nouvelles Le Professeur et la sirène.

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07 juin 2019

Terminus Perrache de Jean-Jacques Nuel

Vient de paraître :

Terminus Perrache

de Jean-Jacques Nuel

éditions Germes de barbarie

 

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Menant une enquête de routine sur le secrétaire général du centre régional du livre de Lyon, le détective privé Brice Noval se retrouve bientôt confronté à des véganes extrémistes qui multiplient meurtres et attentats dans la ville et sa proche banlieue. Noval contribuera à démanteler ce réseau terroriste dans cette nouvelle affaire qui tourne autour du sinistre centre d'échanges de Perrache.

 

Après La malédiction de l'Hôtel-Dieu, paru l'an dernier, on retrouve les mêmes personnages, le détective privé Brice Noval et son ami Laurent Thimonnier dans une affaire de terrorisme végane et de magouille politique. Au passage, les deux compères ne se privent pas d'égratigner le milieu littéraire lyonnais...

140 pages, 11, 50 €.

Le site de l'éditeur