08 décembre 2015
Carnet / Du deuxième dimanche de l’Avent
Je ne suis pas toujours tendre avec Oyonnax, la bourgade où j’ai vécu jusqu’en 2009 et qui est la ville la plus proche de mon village pour trouver des croissants très tôt le matin. À cette heure encore nocturne, il y a quelque chose de Fellinien à conduire la voiture à travers les illuminations des rues désertes du centre ville.
La crèche devant l’église Saint-Léger est une vraie réussite et je suis soulagé d’être encore capable d’en concevoir une émotion.
Je passais d’un recueil à l’autre, dimanche 6 décembre, en une lecture croisée de La Traversée de Sylvia Plath et de Birthday Letters de Ted Hughes, unis dans la vie puis réunis dans la collection Poésie / Gallimard, ce qui n’est pas banal pour deux poètes.
Sylvia Plath :
Maintenant, dans des vallées aussi étroites
Et sombres que des poches, les lumières des maisons
Luisent comme de la petite monnaie.
Ted Hughes :
... Tu étais un appareil photo
Captant les reflets que tu ne pouvais pénétrer.
Depuis deux ans, la poésie et la nature me parlaient peu ou de très loin. Légère amélioration. Durable, j’espère... Un Noël au balcon me serait un bon allié. Un hiver sans neige ? Ne rêvons pas. Essayons au moins de vivre le redoux au jour le jour comme s’il devait durer jusqu’aux premiers crocus.
Photo : la crèche réalisée par Jean-Jacques Dalmais à Oyonnax (Photo Marie)
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13 novembre 2015
Carnet / L’été de la Saint-Martin, Vivaldi, Sylvia Plath, Laurence Tardieu
Ma maison et le paysage du Haut-Jura tout autour me rappellent parfois que je suis proche de la Suisse.
Depuis ma fenêtre, jeudi soir
Dimanche, des amis sont venus me chercher en voiture pour une sortie à l’abbatiale de Romainmôtier dans le canton de Vaud où leur fille Florence chantait en chœur et en soliste dans l’ensemble vocal féminin Polhymnia et avec l’Ensemble Fratres (orgue et direction Franck Marcon).
Ce rendez-vous avec le Vivaldi de l’Ospedale della Piétà de Venise justifiait largement le déplacement en ces étranges zones frontalières entre les deux lacs du plateau, le lac des Rousses en France et le lac de Joux en Suisse, tous deux sans rides sous un ciel bleu et dans une lumière pure.
La splendeur de la matinée m’a délivré de la mélancolie et de la sourde oppression qui me saisissent souvent à la vue des lacs, à l’exception du petit lac Genin proche de chez moi dont je fréquente régulièrement l’auberge. Quant à l’abbatiale de Romainmôtier dont j’ignorais l’existence, elle rayonne d’une clarté presque onirique alors qu’elle est solidement ancrée dans une cuvette ombreuse, un contraste propice pour se connecter au monde spirituel de Vivaldi (au programme son célèbre Gloria en ré majeur, le onzième concerto du recueil l’Estro Armonico, ainsi que les trois pièces Laetatus sum, Ascende Laeta montes et le très combatif Dixit Dominus).
Tant à l’accueil au concert qu’à la verrée où j’ai goûté un élégant Riesling du pays si j’ai bien compris, j’étais sous le charme de la civilité suisse, tout en pondération et bienveillance. Et puis la foule dans l’abbatiale pour un concert classique, j’avoue que cela me change de chez nous. Juste à côté de l’abbatiale, un arbre énorme au tronc tordu m’a intrigué. J’avais l’impression de connaître son feuillage d’automne sans être pour autant capable de l’identifier. Le jaune vif des feuilles se détachait dans le bleu indigo de la nuit tombante. Renseignement pris, il s’agissait tout simplement d’un bon vieux saule marsault que je n’avais pas reconnu en raison de son âge et de ses proportions imposantes. Dans mon coin du Jura français, je n’ai jamais vu de saules marsault de cette envergure, d’autant que cette espèce est réputée de faible longévité, soixante ans, alors que ce spécimen les avait à l’évidence largement dépassés. Cet arbre très commun m’a toujours inspiré, sans doute parce qu’il est avec ses chatons gris l’un des premiers annonciateurs du printemps dès le mois de février, quand cette saleté de neige n’a pas tout recouvert. J’ai même écrit un poème il y a longtemps où il est question d’un saule marsault qui était mon voisin lorsque j’habitais Oyonnax.
Est-ce par association d’idée que j’ai commencé de lire Arbres d’hiver de Sylvia Plath ? Je furetais chez le libraire Montbarbon à Bourg-en-Bresse mardi dernier et ma main est allée directement sur ce recueil. J’étais à la recherche d’un livre de Laurence Tardieu présente demain samedi 14 novembre à 15h à la médiathèque d’Oyonnax au centre culturel Aragon. Après de vaines tentatives dans les librairies de Bourg, j’ai finalement trouvé son journal de renaissance à l’écriture (L’Écriture et la vie, éditions des Busclats) chez le libraire d’Oyonnax Jean-Roch Buffet.
Grâce à l’été de la Saint-Martin qui me procure le surplus de lumière dont mon moral a tant besoin, je ne fais que de tout petits feux dans la cheminée. Avec le soleil qui frappe les baies vitrées, la maison reste chaude la nuit quand le ciel pétillant fait tout de même givrer la campagne vers quatre heures du matin. À l’heure la plus lumineuse de la journée, j’ai vu un papillon occupé à sa courte existence, un jour voire quelques heures entre le ciel éblouissant, les chrysanthèmes et les bruyères devant la maison. Pas de calendrier pour lui, juste l’été d’un instant qui lui est toute une vie. Les deux pipistrelles réfugiées entre les volets le temps de leur saison amoureuse ont levé le camp pour retrouver un abri moins précaire. Leur vol nuptial est fini. C’est aussi cela l’hiver...
02:53 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : carnet, note, journal, écriture de soi, autobiographie, prairie journal, été de la saint-martin, vivaldi, sylvia plath, laurence tardieu, blog littéraire de christian cottet-emard, médiathèque oyonnax, ain, rhône-alpes, france, europe, haut-bugey, haut-jura, suisse, romainmôtier, vaud, saule marsault, papillon, pipistrelle, christian cottet-emard, automne, été, hiver, littérature, édition, poésie gallimard, éditions des busclats
17 septembre 2015
Journées du patrimoine 2015 : concert orgue et chorale à Nantua (Ain)
Communiqué
Le dimanche 20 septembre 2015 à 16h30 aura lieu en l’abbatiale Saint-Michel de Nantua un concert orgue et chorale gratuit organisé par l’Association des Amis de l’Orgue de Nantua à l’occasion des Journées du Patrimoine 2015. La chorale L’Intemporelle de Nantua-Oyonnax sera dirigée par Cathia Lardeau et proposera un programme varié allant de Palestrina à la musique traditionnelle et au negro spiritual. Deux élèves de la classe de chant de l’Ecole Art et Musique du Haut-Bugey interpréteront avec leur professeur Cathia Lardeau un extrait du Magnificat de JS Bach.
Véronique Rougier et Anne-Noëlle Perret interpréteront des œuvres de Boëly, Dandrieu et Lefébure-Wély qui mettront en valeur la palette sonore exceptionnelle de l’orgue de Nicolas-Antoine Lété classé monument historique. Véronique Rougier est professeur d’orgue au Conservatoire à Rayonnement Départemental d’Oyonnax et titulaire de l’orgue de Nantua. Anne-Noëlle Perret, professeur de musique au collège de Nantua accompagne régulièrement les offices à l’abbatiale Saint-Michel. Michel Jacquiot, organiste suppléant à Nantua présentera le concert qui se prolongera par la visite de l’orgue à 17h30.
La restauration de l’orgue a été retardée mais elle commencera courant de l’automne 2015 donc ce concert est bien le dernier avant la restauration. Profitez de cette occasion pour écouter ce bel instrument qui restera muet pendant de longs mois.
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