27 mars 2016
Mon poème de Pâques
Ténèbres et lumière de Pâques
Qui sort de l’enfance et se découvre mortel adoucit sa tristesse dans les Pâques
Même l’Office des Ténèbres est doux à l’écolier qui n’a pas peur de son église parce qu’il sent qu’elle est une maison et un vaisseau à sa mesure comme à celle du monde
Maison où l’on est libre d’entrer ou de sortir
Vaisseau du port ou du grand large ou voile blanche à l’horizon
Quel voile noir a pu peser si lourd sur la Terre ce vendredi? se demande l’enfant inquiet en entrant dans la nuit épaisse
Et quelle est cette attente en ce samedi perplexe jour silencieux sans cloches ?
Les voici revenues ce dimanche dans les flocons dans les pétales ou dans la folle joie du fœhn
L’enfant anxieux s'éveille alors le cœur délivré parce qu’il entend parler autour de lui en leur concert d’une étrange et prodigieuse victoire sur la mort dont il a vu passer s’étendre et fuir l’ombre provisoire
© Éd. Orage-Lagune-Express 2016 pour cette version
Photo : carillon à Porto (photo CC-E)
00:58 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : blog littéraire de christian cottet-emard, fête chrétienne, pâques, poème de pâques, culture chrétienne, occident, christian cottet-emard, poésie, hymne, éloge, office des ténèbres, église, vaisseau, maison, joie, fœhn, pétale, flocon, victoire, lumière, renouveau de l'occident, renaissance, espoir, attente, éditions orage lagune express, droits réservés
23 janvier 2016
Carnet / Des notes en désordre et d’un tueur lent
Lueurs incertaines des jours et des nuits. Les samares, fruits secs des frênes avec une seule aile dont les amas bruns évoquent des trousseaux de clefs, continuent de pendre aux branches en hiver. Par temps de givre, ils grésillent au moindre souffle d’air. Au redoux, le vent les agite et les frênes ont l’air de chuchoter entre eux mais je suis arrivé à un âge où je sais désormais que, comme les humains, ils n’ont pas grand-chose à se dire.
Difficultés avec la technique, l’habileté manuelle, les calculs élémentaires, l’esprit pratique. Ce sont ces manques qui m’ont poussé à choisir l’écriture au lieu de la musique ou de la peinture. Mais je travaille tous les jours à accepter cette incapacité, cette limite, et même à aimer cette incompétence puisqu’elle est malgré tout ma vie. Je connais d’ailleurs tant d’individus doués de talents variés et multiples qui ont une existence mille fois moins douillette et facile que la mienne.
Tous ces gens qui aiment souffrir au nom de grands principes et de belles idées, ils me fatiguent. Je suis las d’assister au cortège de leurs mortifications, à l’accélération de leur course au néant.
Mon destin ne consiste peut-être en rien d’autre qu’à vivre dans cette maison au milieu de la campagne et à ne pas participer, même au plus humble niveau, à ce à quoi participent les gens dits normaux. « Certains plantent, d’autres récoltent » ai-je souvent entendu dire quand j’étais enfant. Alors sans doute mon destin est-il d’habiter cette maison, cette campagne, ce lieu tant désiré et si difficilement obtenu par mon défunt père, et de me contenter d’y vivre facilement, à ma mesure, oublié de celles et ceux qui ont tenté de me comprendre sans y parvenir puis qui se sont éloignés faute de mieux parce qu’aucun autre choix n’était possible, ni pour eux ni pour moi.
Parfois dans la rue, des visages d’anges et, derrière, des paquets de névroses, une batterie de vieilles gamelles psychologiques qui s’entrechoquent dans le chaos.
Un jour, je vais finir par devenir le personnage secondaire d’une fiction impubliable.
Ce qu’on nomme aujourd’hui « musique » et « poésie » , si c’était autre chose ?
La plupart du temps, nous ne nous apercevons pas que nous vivons un moment fort de notre existence. Quand nous en prenons conscience, il est déjà trop tard pour le vivre encore mieux. Ce n’est déjà plus qu’un souvenir, un fantôme hyperactif qui ne nous laissera plus de répit.
Le chagrin est un tueur lent.
Photo CC-E
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31 octobre 2015
Carnet / D’un inconvénient de la mémoire
Deux pipistrelles ont élu domicile derrière un des volets de la maison. Bien calées entre le mur et le bois, elles sortent chasser aux deux crépuscules du soir et du matin et passent le reste de la journée et de la nuit à dormir. De temps en temps, elles étirent leurs ailes et changent de position.
La chatte Linette les a évidemment repérées mais elles se sont positionnées suffisamment en hauteur pour être inaccessibles. Tous les jours, Linette étudie le problème sans succès parce qu’elle ne se souvient pas de son échec de la veille, alors elle passe à autre chose et se rabat vers des buts à sa portée. Du coup, les deux vespertilions vivent tranquilles et Linette ne déprime pas pour si peu.
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