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23 décembre 2020

Cher Pépère Noël

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Tu as beau avoir une tête de nain de jardin et être retraité de chez Coca Cola, je t’aime bien quand même et j’ai quelques petites choses à te demander.

 

Protège-nous des petits chefs
Protège-nous des DRH
Protège-nous des supérieurs hiérarchiques qui n'ont pas de vie privée
Protège-nous des bénévoles qui mènent tout le monde à la baguette

Protège-nous de ceux qui considèrent le sucre comme l'Ennemi Absolu
Protège-nous de ceux qui exaltent l’esprit de compétition bien calés dans leur fauteuil
Protège-nous des compétiteurs
Protège-nous des élus qui aiment sincèrement le sport

Protège-nous des supporters
Protège-nous de ceux qui s’engagent et qui veulent dégager ceux qui ne s'engagent pas
Protège-nous des otages qu'on a délivrés et qui décrivent leur captivité comme une retraite spirituelle

Protège-nous du syndrome de Stockholm
Protège-nous de ceux qui débordent d’amour pour l’humanité souffrante mais qui sont durs pour leurs proches
Protège-nous de ceux qui aiment tout le monde en général mais personne en particulier
Protège-nous de ceux qui ne travaillent pas que pour l’argent
Protège-nous de ceux qui nous demandent d’aimer nos ennemis
Protège-nous de ceux qui veulent que tout le monde ait l’esprit d’équipe
Protège-nous de ceux qui veulent nous pousser à nous dépasser
Protège-nous de ceux qui veulent dépasser les limites
Protège-nous de ceux qui pensent que tout est question de volonté

Protège-nous des bonnes intentions qui pavent l'enfer

Protège-nous de ceux qui ne voient pas le diable dans les détails

Protège-nous du détail qui tue

Protège-nous de ceux qui ne s'aiment pas eux-mêmes

Protège-nous des révolutionnaires qui veulent rétablir le service militaire obligatoire

Protège-nous de ceux qui veulent faire le bonheur des gens malgré eux

Protège-nous des généreux amoureux de l'humanité qui vénèrent Robespierre et Ernesto Guevara

Protège-nous de ceux qui détestent la soutane mais qui n'ont rien contre le voile

Protège-nous des rebelles subventionnés

Protège-nous de ceux qui confondent sauver la planète et sauver l'humanité

Protège-nous de ceux qui veulent que nous cultivions tous un potager

Protège-nous de ceux qui embrassent les arbres et se demandent pourquoi nous ne faisons pas pareil

Protège-nous de ceux qui veulent nous priver de crèches et de sapins de Noël

Protège-nous des Khmers verts

Protège-nous de ces fâcheux et fâcheries

Etc… Etc…

 

 

 

17 février 2020

Brefs délires

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Participer à un salon du livre me donne envie de m’ennuyer à une fête où personne ne sait qui a invité qui et qui a payé le champagne.

 

Les chiffres et les statistiques sont les meilleurs outils de la raison au service de l’absurde.

 

N’importe quel bon notaire de province fait plus de social qu’un ministre de la République.

 

Il n’existe que deux préceptes pour garantir le vivre-ensemble entre les pays du monde. Un : ne me fais pas ce que tu ne voudrais pas que je te fasse, fait office de morale. Deux : le premier à tirer est le second à mourir, relève de la dissuasion.

 

Avec le travail, on est sûr de souffrir, soit parce qu’on n’en a pas, soit parce qu’on en a un.

 

Ce n’est pas parce qu'on a mal aux pieds qu'on peut marcher sur la tête.

 

Ce n'est pas la première fois qu'un poète me fait penser à une poule enfermée dans l'œuf qu'elle a pondu.

 

© Éditions Orage-Lagune-Express, 2019

 

19 octobre 2016

J’te cause, j’te cause plus !

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Sur le réseau social, quand on a trop d’amis, ce qui est toujours le cas, on ne s’aperçoit pas toujours que quelqu’un ne nous cause plus. Le ménage se fait tout seul et c’est une des raisons pour lesquelles j’aime Facebook parce que j’aime ce qui se fait tout seul et parce que c’est aussi le seul endroit où se faire virer n’a strictement aucune importance.

Parfois, je vois baisser légèrement le nombre de mes deux cents et quelques amis inscrit au dessus de mon prénom et je me dis : qui a bien pu me virer ? Impossible de savoir sauf s’il s’agit de quelqu’un avec qui je dialogue régulièrement.

Récemment, j’ai été viré par un de ces contacts (sur Facebook, je préfère ce mot à ami), un écrivain du genre génie méconnu qui a piqué une crise depuis les pentes du Popocatepetl après avoir lu mon billet sur la grotesque attribution du Prix Nobel de littérature à Bob Dylan. Je ne me serais même pas aperçu de cette éviction si le génie méconnu, au lieu de me supprimer de sa liste d’un simple clic, ne s’était pas fendu de quelques lignes hilarantes en citant mon nom pour expliquer son geste. Du coup, le robot coquin de Facebook a identifié mon nom et m’a envoyé un message sur Yahoo pour m’informer que le génie méconnu avait mentionné mon nom dans un commentaire. C’est ainsi que j’ai appris, par le courriel d’un robot, que le génie méconnu des pentes du Popocatepetl m’avais viré de sa liste d’amis (pardon de contacts) parce que j’ai une opinion différente de la sienne.

Je tiens à remercier cet écrivain au génie méconnu d’avoir ainsi provoqué mon hilarité car les occasions de s’esclaffer ne sont jamais assez nombreuses en ce bas monde.

J’te dis tu, j’te dis vous !

Dans le même genre de réactions parfois provoquées par mes billets, en voici une autre plus feutrée mais tout aussi comique.

Un jeune poète, plutôt bon, qui m’a d’emblée tutoyé lors de nos premiers brefs dialogues virtuels voici déjà quelques années, n’a pas apprécié un de mes articles où j’expliquais tout le mal que je pense du rap.

Pour m’en informer dans la rubrique des commentaires sur mon blog, le poète m’a fait la morale en me gratifiant subitement d’un dédaigneux voussoiement.

C'est bien la première fois de ma vie que quelqu'un commence par me dire tu et finisse par me dire vous