10 février 2019
Carnet d'atelier / Petite cuisine du bon gros roman
Dans l’écriture de fiction, notamment dans le roman, le diable est dans les détails. Plus l’histoire que vous racontez est abracadabrante, plus les détails doivent être soignés. L’enjeu n’est pas la vraisemblance mais l’arrimage de la narration au peu de réalisme qui reste. Le soin des détails ne réside pas forcément dans une description minutieuse, souvent longue et fastidieuse (il saisit la tasse de café entre le pouce, l’index et le majeur, la porta à sa bouche, but la moitié du contenu et reposa la tasse sur la soucoupe). À moins d’avoir une bonne raison de décrire le cheminement de la tasse de café jusqu’à la bouche et son retour sur la soucoupe, autant se passer de cette séquence.
Il en va de même dans la description d’un personnage. Plutôt que de chercher à imposer au lecteur un portrait développé sur dix ou quinze lignes, mieux vaut se contenter de mentionner un détail de sa tenue parce qu’il est fréquent que le lecteur, consciemment ou non, donne lui-même au personnage un aspect voire un visage connu de lui.
Si vous voulez décrire une jeune fille mince, vous allez tout de suite être confronté à quelques petits problèmes qui risquent de vous couper dans votre élan si vous n’avez pas pris au préalable un peu de recul. Qu’est-ce qu’une jeune fille du point de vue du narrateur ? Cela dépendra en partie de l’âge du narrateur, qu’il soit l’auteur ou un personnage. (Que ce narrateur soit omniscient ou non pourra aussi revêtir une certaine importance dans la définition d’une jeune fille). Si le narrateur est très jeune, il ne décrira pas la même jeune fille qu’un narrateur plus âgé. Un narrateur qui, comme moi, s’approche dangereusement de la soixantaine en ce début de vingt-et-unième siècle court le risque de décrire une jeune femme plutôt qu’une jeune fille car il verra encore une jeune fille dans une femme de vingt ans. Le même narrateur bientôt sexagénaire aura tendance à qualifier de jeune femme une femme de quarante ans (pardon de m’avancer en terrain miné !)
Revenons au projet de description de la jeune fille mince. On peut tout simplement l’affubler de cet adjectif mais on gagnera beaucoup plus à écrire qu’elle porte un manteau cintré, ce qui permettra de fournir au lecteur des informations sur sa silhouette (fine), son maintien (un peu strict), son style (plutôt élégant) son caractère (peut-être rigoureux) et par la même occasion une indication de la température ou de la saison.
Alors, toujours envie de continuer dans la petite cuisine du bon gros roman ?
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20 janvier 2019
Carnet / Un conseil de Ian Fleming et une promenade au lac Genin gelé
En ce moment, je travaille beaucoup plus vite que d’habitude sur un chantier de deux romans dont l’un me pose des problèmes techniques. Par chance, cette accélération survient en cette période de l’année moins propice à la vie à l’extérieur. Alors j’avance parce que je suis moins distrait par le monde. Le roman me procure cependant moins de satisfaction que le récit, la nouvelle et les genres aujourd’hui apparentés à la poésie. La narration romanesque relève un peu du bricolage, du bidouillage disait Raymond Carver, ce qui me paraît parfois assez vain mais il n’en demeure pas moins que j’éprouve un réel plaisir à m’immerger dans un monde et des personnages que je crée de toutes pièces. L’un des problèmes techniques que j’évoquais à l’instant est l’exactitude et il se trouve qu’en feuilletant un de mes anciens carnets, je suis tombé sur cette citation de Ian Fleming que j’avais recopiée : « Ne laissez jamais trop d’exactitude s’interposer entre vous et une bonne histoire. »
Après ce sage conseil, quelques images de ma promenade au lac Genin gelé hier samedi :
Photos (je dirais plutôt images) © Christian Cottet-Emard
03:23 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : carnet, note, journal, christian cottet-emard, carnets lisbon lovers, roman, écriture, fiction romanesque, narration, chantier romanesque, littérature, blog littéraire de christian cottet-emard, hiver, neige, paysage, campagne, lac genin, haut bugey, nature, ain, rhône-alpes auvergne, france, europe, auberge du lac genin, lac gelé, glace, givre, épicéa, forêt, ian fleming, raymond carver
22 avril 2013
Bien se débrouiller dans la vie
Garde-toi de trop y croire
Garde-toi d’adhérer
Garde-toi des bilans
Garde-toi d’aller au bout de toi-même
Garde-toi des gros malins qui te proposent un challenge
Garde-toi des mises en danger
Garde-toi des nouveaux départs
Garde-toi de la fleur au fusil
Garde-toi d’être le premier à l’assaut le dernier à la soupe
Garde-toi de qui te prédit un grand destin
Garde-toi de qui pourrait te dire un jour tu m’as beaucoup déçu
Garde-toi du marc de café des lignes de la main et des boules de cristal
Garde-toi de qui s’estime fondé à placer de grands espoirs en toi
Garde-toi des affectueux diminutifs
Garde-toi de vouloir donner ce que tu n’as pas à quelqu’un qui n’en veut pas
Garde-toi de tomber amoureux sous prétexte que l’air sent la jacinthe et la jonquille
Garde-toi de ne jamais t’être senti aussi jeune
Tu vois tu ne t’en sors pas si mal quand tu ne veux pas
© Éditions Orage-Lagune-Express, 2013. Droits réservés pour texte et photo.
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