Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10 juillet 2014

Comme les types en imperméables dans les films des années 70

chagrin,poème,littérature,poésie,imperméable,balle dans la nuque,arme à feu,voiture,film policier,années 70,cinéma,christian cottet-emard,blog littéraire de christian cottet-emard,poèmes de preben mhorn,droits réservés,copyright,éditions orage lagune express,lézard,auto-stop,auto-stoppeur

Mon chagrin est monté dans la voiture comme un auto-stoppeur d’habitude je ne prends jamais d’auto-stoppeur mais celui-ci avait l’air inoffensif et dans les ennuis

Il s’est d’abord assis sur la banquette arrière mais je sens bien qu’il préférerait  s’installer à l’avant «laisse-moi donc le volant» me dit-il

Je le vois m’observer dans le rétroviseur et attendre que je lui donne du « Mon chagrin » comme on donne du « Monsieur ou Madame »

Il n’est pourtant pas mon chagrin car en réalité je lui appartiens et c’est pour cela qu’il veut conduire la voiture

Je ne comprends pas grand-chose au fonctionnement de la voiture cela ne m’empêche pas de la piloter mais lui mon chagrin a vite compris comment je fonctionnais pour me conduire

Il pue je me méfie de lui il ruse un jour il s’est transformé en fauteuil soi-disant pour m’être agréable

Certes un fauteuil bancal mais on finit toujours par réussir à s’asseoir à peu près confortablement dans un fauteuil bancal

Je ne suis pas dupe des tours de mon chagrin qui est tenace et malin comme le diable

Je continue de conduire la voiture et je repère des petites routes puis des chemins dans la forêt « où on va ? » s’inquiète-t-il « quelle idée de quitter la nationale ? »

L’idée c’est de rouler vers une clairière noyée de pluie d’immobiliser la voiture de lui dire de descendre se dégourdir un peu les jambes d’arriver derrière lui et de lui flanquer une balle dans la nuque comme le font les types en imperméables dans les films policiers des années 70

 

(Extrait de mon recueil Poèmes de Preben Mhorn) © Éditions Orage-Lagune-Express

27 mai 2014

Elle me dit

poèmes de preben mhorn,christian cottet-emard,blog littéraire de christian cottet-emard,poésie,poème,littérature,note,carnet,brouillon,bref,humour,absurde,mouche,quotidien,vie quotidienne,condition humaine,insecte,ridicule,vaisselle,fenêtre,éditions orage-lagune-express,publication,éditionNe tue pas cette mouche ouvre la fenêtre fais-là sortir

Elle ne veut pas je réponds

Ce n’est pas que j’aime tuer qui que ce soit je suis le plus paresseux et le plus pacifique des hommes

Pacifique parce qu’il est écœurant et fatigant de tuer

Mais dois-je pour autant laisser cette mouche pondre ses œufs dans ma vaisselle sale parce que je suis pacifique ?

Elle me dit

Lave plutôt ta vaisselle

 

(Extrait de Poèmes de Preben Mhorn) © Éditions Orage-Lagune-Express

25 mai 2014

Cinq minutes et l’éternité

poèmes de preben mhorn,éditions orage-lagune-express,christian cottet-emard,blog littéraire de christian cottet-emard,poème,poésie,note,brouillon,carnet,cinq minutes,minutes,temps,travail,vie de merde,société,corvée,turbin,boulot,travail,entreprise,souffrance au travail,burn-out,emploi,santé au travail,angoisse au travail,angoisse,anxiété,performance,productivité,pigeonSe lèvent en cinq minutes

Se douchent en cinq minutes

S’habillent en cinq minutes

Déjeunent en cinq minutes

Font la vaisselle en cinq minutes

Sont prêts en cinq minutes

Partent en cinq minutes

Sont opérationnels efficaces performants productifs en cinq minutes

Réagissent en cinq minutes

Ne restent aux toilettes que cinq minutes

Pigent en cinq minutes

Résolvent un problème en cinq minutes

S’adaptent en cinq minutes

S’activent en cinq minutes

Meurent

Sont oubliés en cinq minutes

Pas grave

Se sont oubliés eux-mêmes

Mais qu’ont-ils fait le reste du temps ?

 

(Extrait de Poèmes de Preben Mhorn) © Éditions Orage-Lagune-Express