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24 janvier 2021

Ce qui est plus léger que moi me porte

Je vois mieux mon chemin en levant la tête

L'air me guide mon pas m'écoute

Le reflet me comprend

Mes yeux prennent appui

Le nuage ne m'égare pas

Je me joue des signes

Ce qui est plus léger que moi me porte

 

(En passant sous un mobile de Susumu Shingu installé au Parc des Nations à Lisbonne)

 

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Texte : © Christian Cottet-Emard, extrait de l'ensemble intitulé Dédicaces

(Photos Christian Cottet-Emard)  

 

19 janvier 2021

La petite musique de Nuel

Mémoire cash, de Jean-Jacques Nuel. Éditions Gros Textes. 84 p. 10 €.

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Jean-Jacques Nuel aurait-il un côté Modiano de la poésie ?

Cette idée n’est pas tout à fait absurde pour qui fréquente régulièrement son œuvre, notamment lorsqu’on ouvre son dernier recueil publié chez Gros Textes.

La nostalgie toujours présente n’est qu’un léger voile. Pas vraiment de C’était mieux avant qui pourrait alourdir le propos, juste un art de retenir un peu le temps à travers une narration brève, très visuelle, qui évoque souvent des photos jaunies ou en train de s’effacer, même si ces images n’ont pas été capturées par un objectif

(ce qui était merveilleux / en ce temps-là / c’est qu’on ne prenait pas / de photos / on vivait sans le moindre appareil / jamais l’idée ne me serait venue / d’immortaliser / les instants que nous vivions / et que je recrée depuis / à volonté / dans la chambre noire / de mon cerveau / en fermant les yeux / je te revois encore / comme en rêve / je n’ai de toi aucune photographie / aucun négatif / aucune image arrêtée / aucune chose / morte).

Des noms de rues et de quartiers parfois disparus ou méconnaissables où circulaient, têtus, des autocars avec leurs arrêts comme autant de balises dans le mouvement perpétuel et pourtant précaire de la vie quotidienne attestent d’une réalité certes ténue et provisoire mais vécue.

Des objets (distributeurs automatiques, illustrés d’enfance petits formats Akim Zembla, Blek le Roc et Mandrake le magicien vendus au bureau de tabac entre 50 et 80 centimes, cigarettes Gitanes, banquettes en skaï gris des compartiments de trains, carcasse d’une Peugeot 404, monnaies qui n’ont plus cours) racontent une époque pas si lointaine mais déjà emportée au large de l’océan sans retour.

Un visage en filigrane, une blessure qu’on a du mal à garder secrète et l’angoisse diffuse de l’impermanence imprègnent lieux et mémoire.

Omniprésentes dans l’univers nuélien où toute fixité est trompeuse (et où même les gares déménagent !), les gares, dis-je, sont des hauts lieux de la mélancolie avec leurs trains du soir voués, malgré l’exactitude de leurs horaires, à s’évaporer dans des atmosphères à la Paul Delvaux.

Comme dans les tableaux de ce peintre, règne une irrémédiable solitude jamais vaincue par les fulgurants progrès des outils de communication. Opérateurs du téléphone, cabines téléphoniques, téléphones fixes, téléphones portables, adresses de messageries, réseau internet, sans compter la boîte aux lettres (!), rien n’y fait. Le monde extérieur se fait avare de ses signes (c’est à se demander s’il n’est pas en permanence en dérangement), se demande le narrateur qui a fait le grand écart entre le petit appartement de la grande ville et la grande demeure de la petite campagne. Entre les deux, les kilomètres d’autoroute ont repoussé les horizons sans faire bouger la ligne.

Tout cela pourrait sembler bien sombre mais une magie opère dans le style de Jean-Jacques Nuel, d’abord parce que l’humour n’est jamais loin :

(les poètes auront beau dire / les éditeurs auront beau faire / les 2 stands les plus fréquentés / statistiquement / du marché de la poésie / restent la buvette / et les toilettes).

L’autre registre de cette magie est le discret lyrisme qui affleure sous cette écriture blanche en apparence mais jamais distante. Presque rien ne sépare le poète du passant ordinaire de la vie, celui que nous sommes tous et qui, par les mots de Jean-Jacques Nuel, devient, malgré le vertige du doute et de l’insignifiance, un passant considérable.

 

Christian Cottet-Emard

 

 

 

11 janvier 2021

Hier comme aujourd’hui ! Et bien pire aujourd'hui :

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« Pour comprendre l’attitude de certains critiques comme de certains éditeurs tant étrangers qu’italiens, il faut savoir qu’éditeurs et critiques sont fréquemment eux-mêmes des écrivains ; lorsque l’on sait cela, on s’explique mieux pourquoi certains écrivains et poètes de valeur ne sont jamais publiés ou sont mal publiés et ne voient jamais leurs livres exposés dans les vitrines des libraires. Et, quand l’éditeur n’est pas écrivain lui-même, il est toujours entouré par les soi-disant « lecteurs » qui sont des espèces d’éminences grises — « lecteurs » qui sont aussi des écrivains plus ou moins ratés et qui éprouvent instinctivement, inconsciemment, automatiquement, le besoin de laisser dans l’ombre tout ce qui possède une valeur réelle. Plus cette valeur est grande, plus on la laisse dans l’ombre ; et, par contre, ces mêmes lecteurs conseillent à l’éditeur qu’ils assistent tout ce qui est médiocre, dénué de valeur véritable, ennuyeux, tout ce qui se conforme aux lieux communs, aux modes, et au « soi-disant »  goût du public, goût qui ne possède qu’une existence théorique. En ce qui concerne l’expression : écrivain raté ou artiste raté, il convient de ne pas oublier que je n’entends pas désigner par là un écrivain inconnu ou peu connu, pas plus que je ne fais allusion à une absence de réussite financière ; un écrivain — ou un artiste — peut très bien être très connu, gagner beaucoup d’argent et être tout de même un raté et, dans ce cas-là, il sent bien que ce qu’il fait ne mérite pas ce qu’il en obtient et, ainsi, il ne peut connaître aucune sérénité ni porter aucun jugement sincère. Moi qui suis le contraire par excellence d’un raté, je n’ai jamais éprouvé d’envie à l’endroit de personne, même du temps où j’étais inconnu ou peu connu et où je ne gagnais que peu ou pas du tout d’argent. Évidemment, lorsque je constate qu’un individu dénué de valeur est magnifié dans la presse et gagne beaucoup, je suis indigné; mais il n’y a là aucune envie : il ne faut y voir que mon sens de la justice. Tout comme je m’indigne lorsque je vois des artistes de valeur tenus à l’écart. »

- Giorgio de Chirico - (1888-1978) Mémoires, éditions Flammarion.