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19 juin 2018

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« Curieuse destinée que celle de l'écrivain. À ses débuts, il est baroque, vaniteusement baroque ; au bout de longues années il peut atteindre, si les astres sont favorables, non pas la simplicité, qui n'est rien, mais la complexité moderne et secrète. »

- Jorge Luis Borges - 

 

19 octobre 2016

J’te cause, j’te cause plus !

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Sur le réseau social, quand on a trop d’amis, ce qui est toujours le cas, on ne s’aperçoit pas toujours que quelqu’un ne nous cause plus. Le ménage se fait tout seul et c’est une des raisons pour lesquelles j’aime Facebook parce que j’aime ce qui se fait tout seul et parce que c’est aussi le seul endroit où se faire virer n’a strictement aucune importance.

Parfois, je vois baisser légèrement le nombre de mes deux cents et quelques amis inscrit au dessus de mon prénom et je me dis : qui a bien pu me virer ? Impossible de savoir sauf s’il s’agit de quelqu’un avec qui je dialogue régulièrement.

Récemment, j’ai été viré par un de ces contacts (sur Facebook, je préfère ce mot à ami), un écrivain du genre génie méconnu qui a piqué une crise depuis les pentes du Popocatepetl après avoir lu mon billet sur la grotesque attribution du Prix Nobel de littérature à Bob Dylan. Je ne me serais même pas aperçu de cette éviction si le génie méconnu, au lieu de me supprimer de sa liste d’un simple clic, ne s’était pas fendu de quelques lignes hilarantes en citant mon nom pour expliquer son geste. Du coup, le robot coquin de Facebook a identifié mon nom et m’a envoyé un message sur Yahoo pour m’informer que le génie méconnu avait mentionné mon nom dans un commentaire. C’est ainsi que j’ai appris, par le courriel d’un robot, que le génie méconnu des pentes du Popocatepetl m’avais viré de sa liste d’amis (pardon de contacts) parce que j’ai une opinion différente de la sienne.

Je tiens à remercier cet écrivain au génie méconnu d’avoir ainsi provoqué mon hilarité car les occasions de s’esclaffer ne sont jamais assez nombreuses en ce bas monde.

J’te dis tu, j’te dis vous !

Dans le même genre de réactions parfois provoquées par mes billets, en voici une autre plus feutrée mais tout aussi comique.

Un jeune poète, plutôt bon, qui m’a d’emblée tutoyé lors de nos premiers brefs dialogues virtuels voici déjà quelques années, n’a pas apprécié un de mes articles où j’expliquais tout le mal que je pense du rap.

Pour m’en informer dans la rubrique des commentaires sur mon blog, le poète m’a fait la morale en me gratifiant subitement d’un dédaigneux voussoiement.

C'est bien la première fois de ma vie que quelqu'un commence par me dire tu et finisse par me dire vous

 

 

 

19 août 2015

Carnet / De la poésie qui va se nicher dans des petits films de rien du tout, de l’envie de changer de pays et d’un cauchemar

En rêvassant dans l’air tiède, assis devant la maison sous les nuages de la nuit, ces mots ont remonté je ne sais pourquoi de ma conscience : « Histoires vraies qui ressemblent à des contes, contes qui ont l’air d’histoires vraies, charriées par le grand fleuve... » J’ai passé plusieurs jours à me demander quelle pouvait bien être l’origine de cette réminiscence et j’ai même feuilleté des recueils de poèmes à la recherche de ces bribes. J’ai fini par trouver qu’il s’agissait de la fin du film de Carmine Gallone, Don Camillo Monseigneur

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Le souffle d’un orage lointain a dégagé une partie du ciel et j’en ai vu une en même temps qu’un faible éclair. J’ai donc fait un vœu tout en me disant que j’avais déjà le principal de ce qu’il faut pour être heureux, notamment la chance de vivre bien accompagné dans une nature tranquille où la brise d’été apporte la musique familière des cloches et des clarines, comme en Suisse toute proche de l’autre côté de la montagne. La Suisse, un des pays où je me verrais bien vivre, mais aussi en Italie et au Portugal. Évidemment, dans l’espace privé, je me sens bien en France mais c’est de moins en moins le cas dans l’espace public.

Dimanche 9 août, j’étais au deuxième concert de la seizième Académie Internationale de Musique de Nantua Pays du Haut-Bugey, le beau festival porté à bout de bras par le vaillant Guy Dangain. Comme d’habitude, la foule à l’abbatiale Saint-Michel pour écouter des musiciens de grande classe (la pianiste Shoko Gamo, le violoncelliste Sylvain Rolland dans un programme Chopin) et Guy Dangain qui appelle pourtant à l’aide parce que ce temps fort de la vie musicale est menacé. 

J’en reviens à ce que j’écrivais plus haut : comment ne pas être tenté de prendre de la distance avec un pays qui ne soutient plus ses artistes, qui n’établit plus de hiérarchie entre ce qui relève de la culture et de l’animation sous prétexte de je ne sais quel élitisme ? Oui, la vraie culture est élitiste, et c’est ce qui fait son intérêt. Qu’avons-nous à gagner au nivellement par le bas ? Rien. Dans le domaine de la culture, c’est en visant haut qu’on a le plus de chance de faire du social. Oui, la culture c’est l’élite, mais c’est une élite ouverte où chacun est bienvenu dès l’instant qu’il en ressent le désir.

Contrairement à ce qu’on persiste à croire depuis trop longtemps, ce n’est pas à la culture d’aller vers les gens, c’est à l’individu d’aller  vers elle s’il en ressent le besoin. Et qu’on ne me dise plus qu’il s’agit d’un problème financier pour le public car aujourd’hui, ce n’est plus vrai. Un exemple parmi tant d’autres : les trois grands concerts d’été à Nantua animés par Guy Dangain sont gratuits, déplacent les foules et perdent pourtant des subventions. Cherchez l’erreur...

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En plus de la morne épouvante que suscite l’évolution politico-religieuse décrite dans cette fiction, j’ai trouvé dans ce roman une illustration de plus de ce que j’ai toujours pensé : si le fascisme revenait en force, ce serait sous une forme molle, mais ce serait le fascisme quand même. Le tout est d’en être suffisamment conscient pour empêcher que cela ne se produise. 

À cet égard, je suis d’une génération qui doit revoir tous ses modes de pensée et rompre avec toute une batterie de bons sentiments certes utiles en leur temps révolu mais désormais totalement inadaptés au monde de l’après 11 septembre 2001.