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12 octobre 2018

Concert samedi soir à Oyonnax

Olivier Leguay joue Louis Couperin à l'Atelier Jacki Maréchal à Oyonnax

Le samedi 13 octobre à 20h30 Olivier LEGUAY donnera un concert de clavecin dans l'ATELIER de Jacki Marechal3 rue Brunet à Oyonnax.
Vous pourrez entendre la suite des œuvres pour clavecin de Louis Couperin.
Entrée libre.

YOUTUBE.COM
 
Louis Couperin par Olivier LEGUAY Oeuvres pour clavecin
 

11 octobre 2018

Conseils aux auteurs locaux

tu écris toujours ?,conseils aux auteurs locaux,christian cottet-emard,éditions le pont du change,série,feuilleton,chronique,blog littéraire de christian cottet-emard,publication,édition,humourSi vous voulez mon avis, et même si vous ne le voulez pas, il faut absolument éviter de devenir un auteur local. J’en profite au passage pour préciser que mes conseils s’adressent aussi aux femmes car la vie sur la planète Terre est suffisamment compliquée pour que j’en rajoute une couche en m’imposant d’écrire « il faut éviter de devenir un (une) auteur (e) local (e) » . Et ne me parlez pas d’écrivaine ou pire d’autrice alors que nous n’arrivons pas à prononcer poétesse en public sans nous couvrir de ridicule.

Le ridicule qui, comme chacun sait ne tue pas, peut quand même envoyer un écrivain au tapis, l’un des moyens les plus sûrs pour l’infortuné plumitif étant de se retrouver dans la peau de l’auteur local. Tel est votre cas ? Je le savais. Comment ? Je l’ai lu dans la presse locale elle aussi, et je l’ai vu dans les rayons de la bibliothèque municipale où vos livres sont tous marqués du signe de l’infamie, souvent une petite étiquette d’un vert bien fluorescent pour que personne ne puisse ignorer votre déchéance. Sur l’étiquette, on peut lire la mention AUTEUR LOCAL en lettres capitales noires au cas où la bibliothèque serait fréquentée par une écrasante majorité de daltoniens en attente d’une double opération de la cataracte.
 
Sans vouloir vous affoler, je dois juste vous dire qu’il vaut mieux découvrir un poulet sans tête dans votre lit, boire à votre insu un philtre de désamour contenant de l’extrait de lombricompost lyophilisé, parler le grec ancien d’une voix gutturale dans votre sommeil alors que vous n’avez fait que Lettres modernes ou attraper le mauvais œil lancé par vos anciennes conquêtes  bien décidées à vous pourrir la vie en recourant à la science du Professeur Onvatataké, Grand Marabout au travail rapide et soigné (départ immédiat et définitif de l’être aimé) avec effet garanti sans facture au bout d’un certain temps, plutôt que de subir la malédiction d’être étiqueté auteur local.
 
Comment en êtes-vous arrivé là ? Vous avez forcément commis une erreur, même infime, allons, cherchez bien, dans votre âge tendre par exemple. N’auriez-vous pas, dans la fleur de vos seize ans, envoyé un service de presse de votre premier recueil de poèmes à un localier lui-même poète à ses heures et président de l’Amicale pétanque le reste du temps ? À moins que vous n’ayez trouvé plus judicieux d’en offrir aussi un exemplaire à la bibliothèque municipale ? J’en étais sûr, cela commence toujours ainsi une carrière d’auteur local. Après, impossible d’arrêter la machine infernale et hop, emballé c’est pesé, une étiquette verte ! Auteur local un jour, auteur local toujours ! Allons, allons, ne vous morigénez pas outre mesure, vous étiez dans l’adolescence, le temps des erreurs de jeunesse. Ah bon, un peu plus vieux ? Quel âge ? Ah, tout de même... Euh... Eh bien disons que l’erreur est humaine, même dans la force de l’âge. Finalement, on peut dire que vous avez su rester jeune. Au fait, vos poèmes, chez qui les avez-vous publiés ? À compte d’auteur à l’époque où vous avez fait valoir vos droits à la retraite ? Alors là, évidemment, difficile de faire plus auteur local. Je me trompe ou vous le faites exprès, juste pour me contrarier ?
 
Qu’importe, je vous soupçonne de bien pire car ce n’est pas au vieux sage qu’on apprend à faire des grimoires. N’auriez-vous pas laissé traîner une petite chose régionaliste dans ce piège redoutable qu’est le fonds local de la bibliothèque municipale ? Je pense à un opuscule qui fleure bon l’érudition et le terroir comme une monographie sur la construction et la rénovation du dernier four banal dans le hameau de Corneille-en-Désert après l’exode rural ou, par exemple, un machin intitulé La crise de l’artisanat oyonnaxien du peigne et de l’ornement de coiffure au temps de Charles le Chauve. On s’amuse comme on peut mais sachez que le fonds local d’une bibliothèque se comporte comme une plante carnivore. La victime est attirée, emprisonnée puis digérée. La seule différence entre l’insecte et le livre de l’écrivain local, c’est que si ce dernier connaît un jour le succès avec un chef-d’œuvre, l’opuscule oublié dans un rayon poussiéreux peut être tout aussi rapidement restitué par le piège alors que  l’auteur n’en a plus du tout le désir.

Je conseille donc au jeune écrivain prématurément choyé par la bibliothèque de sa bourgade qui se réjouit d’une première reconnaissance en tant qu’auteur local de privilégier la littérature orale en pratiquant l’heure du conte pour les bambins et la conférence Terres de contrastes pour leurs arrière-grands-parents car, ne l’oubliez pas, vos paroles s’envolent mais vos écrits, pour le meilleur et pour le pire, restent.

(Extrait de ma série TU ÉCRIS TOUJOURS ? FEUILLETON D’UN ÉCRIVAIN DE CAMPAGNE. D'autres épisodes parus en volume aux éditions Le Pont du Change .

 

10 octobre 2018

Je volais je le jure, Didier Pobel, couverture de Chiara Fedele, éditions Bulles de savon, 89 p., 14 €.

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C’est bien connu, pour mieux voir le monde, rien de mieux que de prendre de la hauteur et d’essayer de changer de regard. Grég, le jeune lycéen tout frais amoureux de Je volais je le jure en est instinctivement conscient et n’y va pas par quatre chemins, certes un peu à son corps défendant. Un beau matin, le voilà transformé en oiseau, direction un bout de ciel par la fenêtre entrebâillée.

Plus rêveur et moins rustique que Nils Holgersson, le jeune garçon rétréci de Selma Lagerlöf qui se fait embarquer sur le dos d’un jars et s’envole ainsi contre son gré au-dessus de la Suède et de ses légendes, Grég vole de ses propres ailes au-dessus de son monde familier dont il n’ignore pas les angoisses et les menaces mais dont il sait aussi célébrer la beauté et l’espoir.

Vous me direz, c’est bien joli de se métamorphoser en oiseau pour changer d’angle de vue mais ce n’est pas à la portée de tout le monde ! Eh bien si. Il suffit de faire comme Grég. Son secret est très simple, il écoute de la musique et il lit, une excellente méthode pour s’élever.

« Un livre, un poème, une chanson peuvent-ils arracher quelqu’un du sol, l’emmener ailleurs ? » écrit Didier Pobel qui a évidemment quelque chose en lui du jeune Grég. On connaît la réponse mais il est bon de lire cette jolie fable pour en rester persuadé les jours de vent froid et de lourds nuages.

Rappel : chez le même éditeur et dans la même veine stylistique, Maman aime danser, à propos de l’attentat du Bataclan.