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18 novembre 2005

Place des angoisses

Ambiance, samedi dernier place Bellecour autour du chapiteau du salon du livre de Lyon dont l’éphémère corolle blanche s’épanouit dans la lueur des fusées et dans les effluves de gaz lacrymogène. Contraste. Sous la tente, chacun vaque à ses petites affaires. Les éditeurs exposent, les écrivains dédicacent, les libraires vendent et le public feuillette avec un flegme tout britannique, à part quelques inquiets dans mon genre, fort peu nombreux, qui voient dehors courir les gens pressés de se soustraire au désormais classique ballet des émeutiers et des forces de l’ordre.
Sur mon stand où je suis censé rencontrer le public, on doit me sentir ailleurs, préoccupé. Normal, je me prends à examiner ma table d’exposition pour voir si je ne pourrais pas la démonter pour en extraire quelque barre de ferraille au cas où je devrais me défendre. J’ai beau savoir que des personnes souffrent dans les quartiers en difficulté, ma capacité d’empathie finit là où commence mon insécurité physique. Un de mes voisins de stand, éditeur, s’en étonne. Évidemment, savoir que ma femme et ma fille sont enfermées derrière les grilles baissées d’un magasin de la place Bellecour en attendant le retour au calme (je sais où elles se sont abritées grâce au téléphone portable) fait chuter la température de ma chaleur humaine à un degré voisin de zéro. Pendant ce temps, une mamie accompagnée de son mari ouvre les recueils de poèmes présentés sur le stand, parcourt les textes en levant un sourcil, repose le tout et presse l’époux devant elle en déclarant : “pas la peine, ça ne rime pas...”.
Non, décidément, ça ne rime pas, dehors surtout. Début de panique sur la place enfumée et chasse aux rimes et nombre de pieds réglementaire au salon pendant qu’à l’extérieur, ce sont les coups de pied au cul qui se perdent. Burlesque. Je redoute les conséquences d’un cocktail Molotov au milieu des livres sous la tente de plastique mais la charge des forces de l’ordre éloigne rapidement la menace.
Placides, des exposants interrogent une personnalité qui vient d’arriver au salon sur ce qui se passe à l’extérieur du chapiteau. Le visiteur estime que les responsables de toute cette agitation ne sont autres que les CRS, réponse sans doute à considérer comme un trait d’humour mais typique d’un de ces petits notables dont on ne sait plus s’ils sont à droite de la gauche ou à gauche de la droite tant ils ont louvoyé dans le marigot de leur obsession à tenir leur rang de nobliau de l’intelligenstia provinciale. Nommer l’individu s’avère superflu tant ce genre pullule entre les lambris de la post-soixante-huitarderie replète.
Reste qu’on était prêt à s’attaquer (sans succès heureusement) à un salon du livre et que les gamins qui servent d’instruments aux manipulateurs de tout poil, bien calés ceux-là, derrière leur télévision pour voir le résultat de leur influence pernicieuse, seraient bien inspirés de réfléchir, si ce n’est pas trop leur demander, et de ne pas se tromper de cible. Ont-ils conscience que leur habileté à fabriquer des engins incendiaires pour les lancer contre les écoles, les centres sociaux et les autos de leurs voisins contribue à créer un climat favorable au retour du fascisme et qu’une fois celui-ci installé, ils en seront les premières victimes ? Ont-ils demandé à leurs grands-parents et parents pourquoi ceux-ci ont préféré s’exiler pour venir subsister dans les tours et les barres des cités en France, renonçant à leurs pays d’origine dont les policiers sont nettement moins modérés que ceux des pays démocratiques ? Qui va parvenir un jour à expliquer aux émeutiers les plus jeunes que leur révolte se retournera contre eux s’ils persistent à l’exprimer par les moyens, fût-ce en miniature, du terrorisme ? Sont-ils naïfs au point d’ignorer que toutes sortes de crapules sont en permanence à l’affût pour profiter de leurs errements, tirer les marrons de leurs feux, et que leurs pires ennemis sont des manipulateurs invisibles et silencieux qui se nourrissent de leur colère ? La liste de ces nécrophages est longue et variée : intégrismes religieux, extrémismes politiques, nationalismes, mercantilismes mafieux dont on connaît les oeuvres lorsque les circonstances les font converger vers le pouvoir. Et quand survient une telle catastrophe, ainsi que cela s’est produit au vingtième siècle, ceux que l’on retrouve dans la valetaille des pires dictatures sont souvent les mêmes individus (délinquants déjà chevronnés, trafiquants et petites frappes à la solde de n’importe quel chef de bande pourvu que la voiture soit fournie) déterminés à provoquer le chaos et à y prospérer, opportunistes sans foi ni loi que la démocratie ne s’est pas autorisée à neutraliser lorsqu’il était encore temps.
Mais replaçons tout cela dans le contexte du salon. Une fois la contagion des violences urbaines arrivée en province, il était sûr (j’allais dire écrit) que cet îlot de livres, c’est-à-dire de civilisation, au milieu du commerce ordinaire deviendrait une cible à envisager pour une trentaine d’émeutiers dont on sait que le vocabulaire de certains d’entre eux n’excède pas deux cents mots et qui n’ont que faire de l’empathie de ces intellectuels, écrivains, poètes et artistes pour lesquels ils n’éprouvent qu’un vague mépris. Parmi ces personnes de bonne volonté qui ne peuvent se résoudre à cette amère réalité, beaucoup ont mai 68 imprimé en persistance rétinienne mais l’on sait hélas aujourd’hui que les utopies de cette époque risquent de dégénérer en un épilogue hideux si elles nous tiennent lieu d’automatismes de pensée pour analyser la situation que nous connaissons maintenant.
Qu’on puisse par exemple considérer les cocktails Molotov et, tant qu’on y est, les avions remplis de passagers lancés contre des immeubles comme des “moyens d’expression” me semble révélateur de ces coquetteries d’esthètes capables de produire, prises à un degré autre que celui de l’humour noir ou de la dérision, du chaos et, très accessoirement de la mauvaise littérature.
Enfin, à une moindre échelle de dégâts collatéraux provoqués par ces violences intolérables, voilà que ressort des chapeaux, casques et casquettes, lue et approuvée à droite comme à gauche, la bonne vieille idée du service qu’on appellera civique et qu’on garantira volontaire (pour l’instant) afin de n’énerver personne. Mais les illusionnistes socialistes qui n’avaient jamais tenu leur promesse d’en finir avec l’anachronique calamité du service militaire (bien utile pour dégonfler les chiffres du chômage) tentent pathétiquement de reprendre la main sur leur idée de service civique obligatoire après l’apparition de ce gros lapin extrait du gibus du Président de la République. Pour ne pas être en reste, le camelot Gremetz, spécialisé dans le recyclage des faucilles et marteaux, à qui je donnerai la palme des bateleurs dans cette affaire, nous dégote un vieux fantôme de sa boutique d’accessoires périmés, celui du service militaire obligatoire dont il a fredonné la nostalgique rengaine dans les couloirs de l’Assemblée nationale.
Alors juste un mot, les Sauvageons : allez-y doucement sur les cocktails car ce serait une vilaine gueule de bois pour tout le monde que de se retrouver un jour en treillis à jouer à la guerre après avoir été sommé de laisser la capuche au vestiaire.

09 novembre 2005

Tu écris toujours ? (32)

On conseille souvent à un écrivain, jeune, débutant et inconnu, de commencer par envoyer des textes aux revues, ce qui serait censé lui permettre de tester sa production. Comme un perroquet, j’ai moi-même répété parfois ce conseil à des candidats à la publication, il me faut bien l’avouer, sans grande conviction. L’idée n’est certes pas mauvaise et je pense qu’elle a pu réussir à certains mais je n’en ai, en ce qui me concerne, jamais été assez convaincu pour la mettre sérieusement en pratique. Si j’ai depuis un quart de siècle beaucoup exploré le monde des revues en lecteur (il en faut bien tout de même quelques uns), je n’ai donné des textes qu’à une quinzaine d’entre elles, ce qui est peu. Je distingue deux aventures bien distinctes : la collaboration à peu près régulière et la publication ponctuelle. La première est souvent attachée à un contact, à une rencontre, la seconde à un envoi spontané et de préférence bien ciblé. Connaître la revue à laquelle on soumet un texte peut permettre d’éviter de mauvaises surprises. Publier n’est jamais anodin, même dans une feuille photocopiée à cinquante exemplaires et sélectionner avec rigueur les titres auxquels on confie sa signature permet aussi de dégager du temps et donc de la réflexion pour peser ses mots, ce qui n’est jamais un luxe.
Par distraction ou précipitation, disons par une coupable négligence, il m’est arrivé d’envoyer deux ou trois textes à l’aveuglette, à des revues dont j’avais entendu parler mais que, dans le meilleur des cas, j’avais à peine feuilletées. Le résultat fut contrasté : une engueulade téléphonique dont la longueur satura la cassette de mon répondeur de la part d’un rédacteur en chef en proie au besoin de se défouler, un silence pas même évocateur de quelques autres et, plusieurs années après, ô surprise, une publication dans la belle revue Le Jardin d’Essai. Ces incidents m’incitèrent à plus de discernement, ce qui me fut assez facile en raison de ma faible motivation à publier en revue. Il m’arriva aussi de bénéficier d’autres publications ponctuelles plus gratifiantes mais, je dois l’avouer, sans lendemain. En revanche, mes collaborations plus régulières donnèrent lieu à d’autres échanges.
Tout commença fin 1979 ou début 1980, lorsqu’un bibliothécaire-écrivain nommé Jean-Louis Jacquier-Roux me fit lire une petite revue de poésie au format oblong imprimée en linotypie, Verso (1). Il me conseilla d’envoyer mes Élégies dont quelques extraits furent acceptés par le comité de lecture. Ce fut ma première vraie publication littéraire qui fut suivie de peu par l’accueil chaleureux de proses et de poèmes par Bernard Deson dans sa revue “Germes de barbarie”. Depuis cette époque, Verso et moi jouons à cache-cache. Je m’abonne, j’oublie de me réabonner pendant des années, je m’abonne à nouveau et ainsi de suite. Que je sois abonné ou non, Verso me consacre de temps en temps une note de lecture, un signalement, lorsque je publie de la poésie. Mais chose étrange, depuis cette toute première publication voici vingt-six ans, je n’ai jamais adressé d’autres textes au comité de lecture de Verso. Je tiens à préciser que Verso existe toujours. Quant à Jean-Louis Jacquier-Roux, devenu un ami fidèle, j’ai eu le plaisir de publier son recueil “En Italie” dans la petite collection des éditions Orage-Lagune-Express.
Après mes débuts à Verso, je réussis un exploit à mettre au crédit de l’inconscience du jeune journaliste encarté de vingt-trois ans que je fus dans une autre vie : publier dans un quotidien régional une trentaine de “proses poétiques” (rassemblées plus tard dans mon livre “L’Inventaire des fétiches”). “On n’est pas Les Nouvelles littéraires !” avait grogné un secrétaire de rédaction. Mais le directeur départemental, Claude Garbit, un journaliste de la vieille école, une pointure comme on dit, m’avait soutenu. Peu de temps après, le journal changea de propriétaire et les gaillards de la trempe de Claude Garbit mirent vite les voiles en se bouchant le nez, remplacés par d’autres qui rêvaient de faire un journal sans journalistes. Alors, la littérature là-dedans, vous pensez bien...
Rescapé très provisoires des “purges” et “dégraissages” que connut ensuite le journal, je fus un jour “désigné comme volontaire” pour rencontrer un universitaire qui créait une revue de littérature et de sciences humaines à Meillonnas dans l’Ain. C’est ainsi que je fis la connaissance de Michel Cornaton qui venait d’acheter au cinéaste Louis Malle la maison habitée par Roger Vailland dans ce village du Revermont. Avec des hauts et des bas, avec mon nom qui voyageait du comité de lecture au comité de rédaction selon le degré de grâce ou de disgrâce que je pouvais connaître auprès des responsables actifs, souvent aussi au gré de mes propres humeurs bonnes ou mauvaises se traduisant parfois par de conséquentes interruptions, ma collaboration avec Le Croquant (2), nom dont s’affubla la revue malgré le conseil du romancier Bernard Clavel d’en changer, s’étendit sur une quinzaine d’année. Dès la création du Croquant, le débat sur la place que devait y tenir la littérature s’instaura en termes parfois vifs. Certains, l’estimant insuffisante, claquèrent la porte dès les premiers numéros. D’autres partirent peu à peu sur la pointe des pieds. Quant à moi, ne m’étant pas manifesté auprès du comité de lecture depuis l’année 2003, j’attends de voir.
Prêt à finir le vingtième siècle un peu en retrait de l’effervescence des revues, un peu en retrait de tout, pourrais-je même dire, j’eus le privilège de rencontrer Emmanuelle et Roland Fuentès (3) qui, avec Gilles Bailly, portent à bout de bras la revue Salmigondis (4). Je venais d’écrire sans grand espoir de le publier une sorte de roman en cent fragments intitulé Le Grand variable. D’habitude peu enclin à faire lire un manuscrit à des amis, j’abandonnai à l’heure de l’apéritif l’étrange bébé au domicile de la famille Fuentès. En 1999, Roland me téléphona pour me proposer de publier le machin dans trois numéros successifs de Salmigondis avec, cerise sur le gâteau, de splendides dessins de Frédéric Guenot. J’en garde un souvenir d’autant plus ému que cette déraisonnable initiative ne fut pas pour rien dans la publication du Grand variable en 2002 par Robert Dadillon aux éditions Editinter (5).
1999 et 2000 furent pour moi des années de publication à épisodes. Après Le Grand variable en feuilleton dans Salmigondis en 1999, ma nouvelle “Alma s’en va” parut l’année 2000 en deux parties dans les numéros 16 et 17 de la revue de Simone Balazard, Le Jardin d’Essai (6) . Lorsque je reçus la première livraison, je fus très surpris d’y découvrir mon texte car j’avais purement et simplement oublié que je l’avais envoyé. Premier ravage de la quarantaine ?
Mais c’est fantastique, la quarantaine ! Pour la fêter, le destin m’offrit en 2001 un détour dans le monde des revues fantastiques avec l’accueil de ma nouvelle Le Démon du retour (illustrée par le talentueux dessinateur Fernando Goncalvès-Félix) au sommaire du Codex Atlanticus (7) de Philippe Gindre.
Ainsi qu’on peut le constater dans cette sélection d’épisodes de ma navigation à vue dans le flot des revues littéraires, on voit bien que la meilleure “stratégie” pour publier est, à mon avis, (question de tempérament) l’abandon de toute stratégie.


(1) Verso, revue trimestrielle. Contact : Alain Wexler, le Genetay, 69480 Lucenay.


(2) Le Croquant


(3) Roland Fuentès


(4) Salmigondis


(5) Éditions Editinter


(6) Le Jardin d'Essai


(7) Le Codex Atlanticus



(À suivre...)

08 novembre 2005

Tu écris toujours ? (31)

Parmi le bric-à-brac rescapé de mon héritage familial, traînent quelques dictons et proverbes qui viennent inopinément reprendre du service alors que s’est définitivement repliée la nappe des grands repas d’automne dans la maison centenaire.
Par exemple, “Le nom des fous est écrit partout”, entendais-je souvent dans mon enfance, et voilà que cette phrase vient aujourd’hui me titiller en pleine rédaction de ma bibliographie destinée à quelque hasardeux dossier de demande de très improbable “bourse de création”. Est-ce finalement cette fatidique sentence qui m’a déterminé à inscrire mon patronyme au pathétique fronton des couvertures de livres et pour socle dérisoire des éphémères colonnes de la presse écrite ? (Ne m’en veuillez pas de cette débauche d’adjectifs à laquelle je m’abandonne comme on cède parfois à une bonne vieille ration de frites-mayonnaise).
Mais à bien y regarder, comparé aux coupables de “graffs” et de “tags”, aux “lincuistres” des années 70, aux pigeons d’ateliers d’écriture, aux pétanquistes poètes, aux éjaculo-scripteurs précoces, aux sibyllins médianochistes, aux pondeurs de pavés, aux faiseurs de vers et autres polymorphes pervers graphomanes, je crois n’avoir pas trop abusé. Je n’ai point pratiqué le largage par avion de manuscrits photocopiés à quinze-mille exemplaires, n’ai jamais relancé d’éditeur aux abonnés absents et me suis abstenu de coloniser l’espace des petites revues en usant d’armes de publications massives. Mon obsessionnelle méfiance m’a même malencontreusement conduit à décliner d’honnêtes offres de collaborations à quelques-unes d’entre elles. Écrasé par ma lenteur à me dépatouiller d’un quotidien avec lequel tout le monde se débrouille avec efficacité, je fais de la rétention de manuscrit et mes oeuvres, d’avoir été pondues mais trop longtemps couvées, risquent de finir en oeufs de shadocks, vous savez, ces drôles d’oiseaux dont les oeufs en métal ne peuvent éclore que bien rouillés et d’où ne sortent que de vieux poussins. D’accord, j’exagère mais c’est tellement bon.
Lorsque j’ai commencé à tremper mes pieds dans l’océan des revues littéraires, dans les années 1980, des enquêtes plus ou moins élaborées faisaient état de plus de cinq cents titres épanouissant dans le plus sympathique désordre leurs fragiles corolles de papier à ronéo ou mûrissant quelque rare et aristocratique raisin. En attendant les récents miracles numériques, la photocopieuse, fée tristounette du bureau et du logis, vint s’activer au ménage des taches d’encres et autres pâtés fleurant fort la chimie des duplicateurs et des stencils. Entre temps, le nombre des revues dépassa le millier à la barbe des vénérables anciennes, toujours inaccessibles à certains prétendants à l’édition qui se vengèrent en inondant les petites nouvelles de leur frénétique production. Fervent lecteur de cette presse littéraire marginale, j’ai encore en mémoire des noms “d’écrivants” qui ont dû faire les beaux jours des officines de copie à dix centimes et les pesants matins de facteurs affligés d’un rédac’chef miniature dans leurs tournées. J’en suis même venu à éprouver une vague culpabilité liée à ma réticence à vaporiser ainsi mes vers et ma prose, que dis-je, à semer à tous vents des tombereaux de graine de poésie dans d’étroits pots à mots débordant d’ego à seule fin qu’une seule d’entre elle, haricot sublime, puisse un jour y entamer la monstrueuse germination d’un baobab céleste !
Je me réjouis aujourd’hui de cette paresse que je me reprochais jadis en constatant l’inanité d’une telle stratégie. Ces pisse-copie ont-ils bu leur propre bouillon ? Se sont-ils englués dans leur logorrhée ? En tous cas, je n’en entends plus parler, même pas sur internet. Ma parole, ils ont tous dû finir animateurs d’ateliers d’écriture, gestionnaires du patrimoine voire adjoints aux maires de leurs communes (en charge des affaires culturelles bien sûr...). Les plus retors d’entre eux auront peut-être même créé un Prix Littéraire qui se fera fort de primer un auteur déjà nobélisé. Pourquoi donc, me direz-vous ? Eh bien pour rendre leur Prix Littéraire célèbre, ma foi !
Mais alors, cet avertissement solennel et puritain “Le nom des fous est écrit partout”, (peut-être à l’origine de ma “vocation” littéraire) peut-il aussi expliquer ma flemmarde réticence à publier en revue ? Il se peut que cette fameuse flemme soit une bonne excuse. En attendant (assez mollement je dois dire) d’élucider ce mystère, je peux affirmer que si j’ai peu proposé de textes aux revues, celles qui m’ont publié m’ont offert à chaque fois une expérience unique, notamment Salmigondis, Le Croquant, Le Jardin d’Essai, Le Codex Atlanticus et Verso que j’évoquerai dans le prochain épisode de ce feuilleton.

(À suivre...)