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28 janvier 2020

Carnet / Courage, fuyons !

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J’ai lu qu'en 2020, le thème du Printemps des poètes est le courage. J’imagine le genre de brouet qu’on va touiller pour l’occasion dans les souillardes de cette usine à gaz qui lâche chaque année ses petits miasmes sous forme d’animations au rabais et d’anthologies subventionnées et publiées en pure perte.

Courage, fuyons !

Quant à cette vertu dont les conseilleurs sont rarement les payeurs, elle m’inspire un dicton plaisant que j’ai récemment découvert, plus l’oiseau est brave, plus le chat est gras.

Aujourd’hui, j’ai remporté une petite victoire sur mon tabagisme. Bien qu’en rupture de stock de mes petits havanes de la Vuelta Arriba (très honorables en qualité pour fumer tous les jours par rapport à ceux plus prestigieux de la Vuelta Abajo), je ne suis pas descendu spécialement à Oyonnax pour me réapprovisionner.

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En fouillant un peu partout chez moi, l’inventaire s’est résumé à deux cigarillos, un Montecristo Club et, dans l’humidor ruiné pendant les fêtes, un imposant Paradiso du Nicaragua trop nourrissant pour une soirée à repas ordinaire. J’ai même dégoté une cigarette, une Gitane blanche sans filtre rescapée d’un paquet acheté voici des mois dans un tabac de village guère fourni. J'ai donc fini la soirée avec ce que j'avais. Peu de courage en somme. La flemme a été plus forte que l’addiction.

 

09 décembre 2014

Carnet / Matins sous la lampe

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La lune roule dans les épaisseurs de nuages et nimbe d’un bleu laiteux les nappes de brouillard égoutté contre les vitres. À l’opposé, par la fenêtre du salon, je vois la fumée de la cheminée emmailloter l’ampoule orange de l’éclairage public dont le dernier réverbère du village éclaire les alentours de la maison. 

Au-delà, derrière les hautes haies de ronces, d’épinettes, de sorbiers et de viornes, règne la longue nuit de décembre. La cafetière tousse, le grille-pain claque. Petit déjeuner sous la lampe. Confiture de prune maison et marmelade d’orange et de citron. Je fume rarement avant midi, plutôt après le repas, mais je fais une exception lorsque je me lève très tôt comme ce matin. 

En grillant un petit cigare sec dehors sur le pas de la porte dans les remugles de terre mouillée et de vieux feuillages, je pense à Stendhal qui ne trouvait rien de meilleur, pour commencer la journée, qu’un Toscane bien noir et bien tassé (autrement dit le cigare le plus brutal que je connaisse) dans l’air vif du matin. À ce brûle-gueule, je préfère quand même mes petits Partagas en prélude aux coronas et doubles coronas de la journée et du soir. J’ai une fois de plus la nostalgie du Petit Bouquet, un court Figurado (c’est-à-dire en forme d’obus) qui n’est plus fabriqué, je me demande bien pourquoi. C’était un cigare gras, corsé, un peu rustique mais très goûteux que le Cuaba Divinos de même forme n’a pas remplacé.   

Je suis rassuré de constater que la lancinante mélancolie de la cinquantaine puisse être tenue en respect par les petits plaisirs du quotidien. Je n’ai vraiment pas à me plaindre du mien, à l’écart, protégé, confortable, silencieux. Un provençal dirait « on entendrait péter une souris » mais la chatte Linette ne leur en laisse pas le temps si par extraordinaire elle s’aventurent dans les parages.

En revanche, quand le renard vient renifler autour de la deuxième voiture qui couche dehors, ainsi que je l’ai surpris l’autre soir, Linette se carapate dans son passage secret et vient se réfugier dans mes jambes en grondant de colère et de frayeur. Elle produit le même son dès qu’elle aperçoit un joggeur ou un cycliste dans le virage en perspective directe de son poste de guet, le fauteuil en rotin devant la baie vitrée, ce que je comprends parfaitement. Linette est la plus grognonne et la plus peureuse des chattes que je connaisse, ce qui l’aidera peut-être à vivre plus longtemps que Tigrette, la précédente, qui aimait trop la vie, jusqu’à la témérité, et qui n’a vécu que dix mois, probablement percutée par une voiture.

Écoute matinale de la Cantate Saint Nicolas de Benjamin Britten. Les passages avec la voix d'enfant soliste me rappellent mes quelques prestations de chant en soliste lorsque j'étais à l'école primaire mais je n'avais pas la chance de chanter du Britten.

Bois à rentrer, relecture, corrections de pages récentes, lecture de Un pedigree de Patrick Modiano et de proses poétiques de Jean-Michel Maulpoix (L’instinct de ciel, Poésie/Gallimard). Un sandwich et un verre de vin à midi. Une journée feutrée de plus ou de moins, comme on voudra et puis, cette nuit (déjà le matin, 1h45), la première neige qui n’a pas le même parfum que les suivantes. 

Il existe sûrement une explication à cela mais je me rends bien compte que je suis arrivé à une période de ma vie où il me paraît vain et futile de chercher des explications.

Photo : Chez moi lundi matin