05 décembre 2022
Carnet / La corrida : un désordre.
La corrida sera un jour ou l'autre interdite, je m'en réjouis. Il faut avoir un grain pour prendre du plaisir à la vue de la souffrance et de la mort lorsqu'on les inflige ou qu'on les regarde infliger, ce qui n'est ni plus ni moins, comme le rappelle le philosophe Michel Onfray ¹ dans les pages Débats du Figaro du jeudi 24 novembre 2022, que la définition de cette perversion qu'est le sadisme érigé en tradition et en esthétique.
D'un point de vue politique, je déteste tout ce que représente le député Aymeric Caron mais j'approuve son combat pour l'interdiction de la corrida tout en déplorant que cette mesure attendue ait trouvé un aussi piètre et douteux défenseur. Piètre parce qu'il a échoué de manière plus que prévisible d'un point de vue technique dans son initiative à l'assemblée et douteux parce qu'on peut le soupçonner d'avoir avant tout cherché à se mettre en avant sur un sujet sensible lui permettant de ratisser large dans l'approbation d'une opinion publique qui finira heureusement par terminer le travail à sa place.
Au risque de me répéter, j'ai toujours en mémoire cette fameuse apostrophe du compositeur Gustav Mahler relevée dans l'ouvrage Mahler de Marc Vignal, éd. du Seuil, collection Solfèges à propos du respect de la tradition conçu comme une fin en soi : « Tradition = désordre » .
C'est en cela, le respect de la tradition conçu comme une fin en soi, que la tradition de la corrida est un désordre.
¹ « Il ne suffit pas que la corrida soit une tradition pour la rendre honorable. » (Michel Onfray).
Photo / Depuis les gradins, cela ne se voit pas trop mais voilà ce que sont les pointes de banderilles.
00:49 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : corrida, banderilles, désordre, blog littéraire de christian cottet-emard
03 janvier 2022
Carnet / Des vœux et des veaux.
17:57 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : carnet, note, journal, pandémie, vœux, meilleurs vœux, christian cottet-emard, actualité, politique, humeur, billet, santé, nouvel an, noël, fêtes, blog littéraire de christian cottet-emard, jim harrison, tradition, gustav mahler, corrida, combats de coqs, danse contemporaine, sport, boxe, pensée positive, pisse d'âne, veaux, ordre, désordre, occident, civilisation, contestation, fêtes chrétiennes
28 juin 2014
Wilhelmine : C’est pas une heure pour quitter une femme
Service de presse
C’est pas une heure pour quitter une femme, de Wilhelmine, éditions de l’Onde, 100 p.15 €.
Le sentiment amoureux, sa brève plénitude, ses désordres, ses affres, son chaos, les poètes d’aujourd’hui usent souvent des artifices d’une feinte modernité (ironie amère, cynisme affiché, focalisation sur la mécanique des corps, cryptage du vécu personnel) pour continuer de le décliner sans se faire prendre en flagrant délit de lyrisme.
Or, qu’est-ce qui nous fait (au moins intérieurement) chanter tout en exerçant sur nous un chantage permanent ? Quelle est la clef du chant ? Rien d’autre que cet amour-là, quels que soient ses habits de lumière ou ses haillons. Tout le reste n’est que compensation, consolation ou au mieux littérature. Wilhelmine sait tout cela.
Son recueil de poème, c’est du vécu, le plus universellement partagé. Aussi ne s’embarrasse-t-elle pas, dans cet exercice délicat et périlleux qu’est la poésie amoureuse, des codes désormais en vigueur dans l’expression du sentiment, de ce nouveau conformisme qui rend de nos jours la révélation de l’affect plus dérangeante que celle du désir. Le risque est bien sûr élevé de trébucher sur quelques facilités voire quelques clichés, ce recueil n’en est pas exempt.
Cependant, en y réfléchissant bien et en se remémorant les poèmes d’amour célèbres, on se rend compte que leurs auteurs (es), au moment de l’urgence de s’exprimer sans détours lorsqu’ils sont sous l’emprise de cette intranquillité fondamentale, ne se soucient plus guère de littérature et, de ce fait, en produisent une d’autant plus forte. L’intimidant et parfois hermétique René Char nous donne alors sa Sorgue, limpide chanson pour Yvonne, et nous découvrons non sans surprise que le cérébral José Luis Borges a écrit assez de poèmes d’amour pour qu’en soit récemment publiée une anthologie.
Wilhelmine se garde bien de se placer dans le sillage de ces géants : « L’écriture est mon refuge, mon havre de clarté, mais aussi mon indispensable, ultime lien avec les humains, mon appel aux sensibilités en résonance » précise-t-elle en toute simplicité en ajoutant à propos de la composition de son recueil : « L’ensemble est voulu non pas comme une suite aléatoire ou quelconque de poèmes sans lien, mais construit presque comme un récit dont le fil conducteur se révèle seulement après coup plutôt que d’apparaître à la lecture immédiate.»
Ce récit, on peut le lire comme on regarde une vague dont on sait qu’elle est, à l’instar de l’expérience humaine, toujours la même et toujours une autre.
Christian Cottet-Emard
02:56 Publié dans Service de presse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : wilhelmine, c'est pas une heure pour quitter une femme, éditions de l'onde, poésie, récit, littérature, poésie amoureuse, amour, sentiment, poème d'amour, émotion, affres, chaos, plénitude, lyrisme, désordre, tourment, affect, écriture, blog littéraire de christian cottet-emard, édition, chant, vague, expérience humaine, humanité