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06 octobre 2014

Nantua : l’âme russe au concert d’automne avec Elena Sommer et Slava Chevliakov

On évoque souvent « l’âme russe » sans trop savoir ce que signifie ce stéréotype. S’agit-il d’une émotion particulière, d’un style ? Difficile à dire. On sait juste que cela existe, que c’est présent chaque fois qu’un artiste russe s’exprime. Les concertistes Elena Sommer et Slava Chevliakov sont d’origine russe et cette fameuse âme russe s’invita donc mystérieusement lorsque l’une chanta et l’autre fit sonner le bel orgue Nicolas-Antoine Lété de l’abbatiale Saint Michel de Nantua.

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Dimanche 5 octobre, invités par l’association des amis de l’orgue de Nantua avec le soutien de la paroisse Saint Michel, les deux musiciens interprétèrent en duo et en solo des extraits d’œuvres célèbres des répertoires baroque, romantique et post-romantique lors du dernier concert d’automne qu’il était donné au public d’écouter avant les travaux de rénovation de l’instrument. La dernière occasion qu’auront les amateurs d’orgue de profiter de sa palette sonore sera le concert sur les thèmes de l’Avent et de Noël du 6 décembre prochain. Nous n’en sommes pas encore là et le concert de dimanche offrit encore s’il en était besoin la démonstration des riches moments musicaux proposés par les Amis de l’orgue. 

L’ample voix de mezzo d’Elena Sommer bouscula agréablement les habitudes des mélomanes baroqueux dans l’interprétation de Haendel, Caccini, Pergolese et Vivaldi tout en ne lâchant rien de sa puissance dramatique dans Bizet et dans le répertoire des chants orthodoxes russes, le tout en un dialogue sensible avec l’organiste Slava Chevliakov qui connaît bien l’orgue de Nantua. 

En solo, Slava Chevliakov (qui a travaillé avec Susan Landale) sut flatter avec brio le goût local en faveur de compositions comme la Toccata en si mineur d’Eugène Gigout tout en proposant des extraits de la Suite Ouzbèque de Gueorgui Mouchel et du concerto pour orgue de Balbastre.

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En écoutant les bis, notamment Elena Sommer dans Tchaïkovski, je l’imaginais volontiers dans les Marines (Sea Pictures) d’Elgar. Je ne sais pas si elle les chante, mais le concert de dimanche suscita grande envie de suivre de très près sa carrière internationale.

Christian Cottet-Emard

04 octobre 2014

Concert orgue et chant ce dimanche 5 octobre à Nantua (Ain)

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Affiche : Bernard Grasset

03 octobre 2014

Carnet / Du sentiment d'habiter

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Je trouve amusant de m’entendre dire « toi sur Facebook ? » Pourquoi pas ? Il y a des gens très bien sur Facebook, et très intéressants, avec qui il est agréable d’échanger des textes, des idées, des blagues, des photos, des vidéos, des bonjours. Je n’ai absolument pas le sentiment d’y exposer ma vie privée ou de m’y livrer à quelque exhibitionnisme narcissique. Les « amis  » inconnus avec qui je peux parler art, poésie, littérature me sont souvent plus proches que des gens que je connais, que je peux croiser tous les jours dans la rue et qui ouvrent des yeux ronds comme si je venais de prononcer un gros mot lorsque je me hasarde à leur parler d’un livre, d’un auteur, d’un poème, d’un tableau. Ceci est particulièrement vrai à Oyonnax où je ne vis plus mais où je suis obligé de descendre pour des courses et des démarches. Je n’ai vraiment presque plus rien à voir avec cette bourgade où je me sens plus que jamais un étranger alors que ma famille y a vécu depuis des générations. Ce constat me tourne dans la tête chaque fois que je reviens de voyage. Avec les liens tissés grâce à Facebook et aux blogs, je me sens moins prisonnier, moins isolé et incompris d'un point de vue culturel. 

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Lors de mon récent séjour à Lisbonne, nous avons dîné dans un petit restaurant mon épouse et moi avec une amie qui a traduit un de mes recueils de poèmes en langue portugaise. Nous parlions de Facebook qui nous avait permis de nous donner rendez-vous dans le quartier du Miradouro de Sào Pedro de Alcantara et notre amie a prononcé une phrase qui m'a frappé : « Ici, avec mes amis, nous n'avons pas besoin de nous donner rendez-vous pour nous voir. Nous savons que nous sommes dehors à tel endroit, à tel moment de la journée. »  

Voilà bien ce qui me manque ici, dans ma région où la convivialité urbaine et la qualité de vie à l'extérieur n'existent pas.
    

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Sans vouloir comparer ce qui ne peut pas l’être, le contraste est rude au retour de Lisbonne. Ah, le climat tempéré océanique (on dit aussi méditerranéen influencé par le Gulf stream), les squares, les immenses jardins publics avec leurs kiosques où grignoter un sandwich et siroter un café, une bière ou un verre de vin, fumer un cigare sans être embêté par un ou une militante hygiéniste, « les nouvelles chaisières » ainsi que les appelle Jean Pérol ! À Lisbonne, je ne râle presque plus et je ne ressens plus cette fatigue qui m’écrase depuis ma petite enfance. Et puis ce suprême plaisir : n’entendre que la musique de la langue portugaise sans comprendre ce qui se dit et se trouver de ce fait préservé de toute actualité.

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Insouciance de ne comprendre aucune autre langue, pas même l’anglais,  sensation délicieuse d’être à l’écart de tout, sauf des sensations immédiates de la flânerie, luxe d’être un touriste anonyme avec qui l’on se montre affable et courtois si l’on reste simple et sans arrogance, si l’on comprend que comme tout lisboète, vous êtes vous aussi capable de trouver du bonheur à vous asseoir sur un banc pour « prendre un bain de temps » ainsi que l’écrivait le poète Jean Tardieu.

Après deux séjours successifs à Lisbonne, j'ai beau avoir peur en avion et dans les aéroports, je referai le voyage, y compris pour de simples week-ends.

 

Photos : bancs publics dans le quartier Principe Real.

Cyprès géant en tonnelle, quartier Principe Real.

Pause café sous le kiosque du parc das Amoreiras sous l'Aqueduc des Aguas livres.

Un petit verre dans un autre jardin public ! (Photos © Christian Cottet-Emard)