04 juillet 2020
Au parc
Il fait trop chaud, se plaint quelqu’un que je ne vois pas, non loin du kiosque à musique vide où les feuillages envoient des ombres dansantes.
Le ciel est si vaste que les bancs publics semblent y flotter comme dans la mer.
Eau non potable est-il écrit sur la fontaine qu’il suffit d’écouter pour se rafraîchir.
L’été est la saison où l’on habite l'immense et claire demeure de l’instant.
Extrait de Quatre songeries du ciel ouvert, ensemble intégré à mon recueil Aux grands jours © Club, Orage-Lagune-Express et Blog littéraire de Christian Cottet-Emard, ISSN 2266-3959.
Photos C. C-E
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26 juin 2020
La grande traversée
Les poèmes sont des bateaux en papier
Des enfants mais aussi des adultes sérieux les envoient naviguer dans les bassins des parcs municipaux
Comme les caravelles ils connaissent la vaste aventure de toute traversée
L’employé qui nettoie les bassins est mécontent de cette habitude salissante
mais il accroche de sa perche bien d’autres débris que ces éphémères papiers pliés
et cette idée que des adultes sérieux puissent armer ces frêles esquifs finit par lui sourire
sans qu’il prenne le temps de s’expliquer pourquoi
Extrait de mon recueil Estime-toi heureux © éditions Orage-Lagune-Express 2020. Photo Christian Cottet-Emard.
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08 août 2019
Au parc
Nos autos rôdent autour du parc et le grignotent en ronronnant mais à l’inverse du dompteur qui retient ses fauves, nous n’avons pas de fouets à leur claquer au nez. Aussi s’approchent-elles de plus en plus près, comme si elles seules détenaient le privilège du mouvement.
Au parc, la certitude paradoxale de se sentir chez soi au beau milieu d’un lieu public exhume de nos mémoires des nostalgies de vagabond. Aucun territoire ne nous appartient et ne se dérobe comme ce lieu d’heures lentes où fontaines, grilles et kiosques nous aident à mettre le temps entre parenthèses.
La ville alentour copie des pages d’Histoire de plus en plus difficiles et laisse la marge à des clochards de plus en plus jeunes. Au coin d’une allée, nous observons l’un d’eux que nous ne voulons pourtant pas voir, le temps d’une halte sur notre banc quotidien.
En ce décor où cohabitent riens des villes et riens des champs, jeunes et vieux se rejoignent dans l’œil du cyclone. Tout près, surviennent des choses graves et complexes alors qu’ici, l’instant est suspendu.
Extrait de mon recueil de proses courtes L'inventaire des fétiches, © Éditions Orage-Lagune-Express, 1988. Droits réservés.
(Photo CC-E)
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