11 janvier 2014
Carnet d'hier vendredi
Assailli par des réflexions que je ne peux développer que sur le mode de la fiction romanesque, j’ai justement du mal à travailler sur mes chantiers littéraires. Difficultés à ranger les nouvelles d’un recueil dans un ordre équilibré et cohérent. Même problème pour un recueil de poèmes narratifs que je vais me résoudre à envoyer en vrac, faute d’arriver à trouver le « rangement » idéal. La difficulté n’est pas dans l’écriture mais dans le rangement.
J’avais déjà les mêmes ennuis à l’époque où j’écrivais mon Grand Variable. Je croyais travailler sur deux livres différents et c’est le premier éditeur du Grand Variable qui m’a montré que ces deux ouvrages auxquels je peinais à trouver une cohésion n’étaient qu’un même livre et qu’il était prêt pour la publication.
En plus, je fais de la rétention de manuscrit. Tous les prétextes sont bons pour ne pas envoyer à l’édition (ménage à faire, grasse matinée, nuit blanche, pas d’enveloppe adaptée, pas de baguette de reliure assez large, j’en passe...).
Ce vendredi : levé tard parce que je me suis couché à trois heures du matin. J’ai profité du temps sec et de la fonte totale de la neige pour remplir une brouette de bois sec (des branches de frêne cassées et éparpillées dans le pré par les bourrasques de Noël). Je m’en sers pour allumer le feu dans la cheminée, ce que j’ai toujours beaucoup de mal à faire car j’ai les pires difficultés dans les actes techniques les plus anodins de la vie quotidienne. Je ne voudrais la fortune que pour une chose : non pas pour me payer tout et n’importe quoi mais juste pour employer du personnel qui me délivre une fois pour toutes de ces corvées absurdes.
Lectures : encore une fois des extraits de Mon Vrai boulot de Grégoire Damon et de Les derniers seront les derniers de Thomas Vinau, deux recueils de la collection poésie des éditions Le Pédalo ivre. J’ai commandé chez le même éditeur le recueil d’Hélène Dassavray C’est gentil d’être passé. Je l’ai écoutée en lire des extraits dimanche dernier au Cabaret poétique à Lyon au Périscope. J’ai terminé aussi un roman divertissant et astucieux de Tatiana de Rosnay, Spirales (livre de poche).
En fin d’après-midi, j’ai écouté l’oratorio de William Walton, Le Festin de Balthazar et un peu plus tard la Missa brevis et Chichester Psalms de Leonard Bernstein. Le soir venu, j’ai dîné d’un sandwich et d’un verre de vin puis, cigare au bec, j’ai servi de portier à la chatte Linette qui passe son temps à entrer et sortir pour vérifier qu’il y a bien toujours quelqu’un dans la maison.
Photos : en haut, cahiers du manuscrit de mon livre Le grand variable (éditions Éditinter, épuisé).
Linette à la sieste.
01:09 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : carnet, note, journal, frêne, bois sec, feu, cheminée, poésie, littérature, fiction romanesque, les derniers seront les derniers, thomas vinau, mon vrai boulot, grégoire damon, éditions le pédalo ivre, tatiana de rosnay, spirales, livre de poche, le grand variable, christian cottet-emard, éditions éditinter, c'est gentil d'être passé, hélène dassavray, pédalo ivre, festin de balthazar, sir william walton, chichester psalms, missa brevis, leonard bernstein, blog littéraire de christian cottet-emard
22 février 2013
Passage de l’élégie
Dans ces cités au sud des femmes le petit monde des rocailles insinuait de rues en places tous ses chuchotements à portée d’hirondelles
Vasques et platanes à la clé de ce chant
Enfin les temples les arènes avaient fini par en mourir tandis que brasillaient dans les collines les buissons noirs de souvenirs
Puis après des années d’épines une parole en flamme en l’arbre sombre de mémoire
Les derniers ciels de ce pays accompagnaient au nord l’absent
Un orage dormant par les ifs et les vignes l’avait brouillé avec son ombre en lui léguant le goût des asperges sauvages dont les saveurs ouvrent la faim
Note : toujours en hommage au peintre Gabriel Guy récemment disparu, ce texte datant de la fin des années 80 (légèrement remanié aujourd'hui) paru dans mon recueil Le Pétrin de la foudre (éditions Orage-Lagune-Express, 1992). Pour cette édition, Gabriel Guy avait encarté le tournesol reproduit ici avec un assemblage différent de deux couleurs pour chaque exemplaire de tête. Il s'agit ici de l'encartage de mon exemplaire personnel avec la dédicace de l'artiste : « Premier livre ensemble et le deuxième ? Amitiés - G. Guy » .
23:49 Publié dans Hommages | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie, nuit, lune, croissant, café, aube, perce-neige, peinture, tableau, toile, gabriel guy, viennoiserie, arts plastiques, veyziat, oyonnax, ain, rhône-alpes, bresse, couleur, cartonnier d'aubusson, aubusson, verrier, orage-lagune-express, blog littéraire de christian cottet-emard, le grand variable, le pétrin de la foudre, interludes narratifs, le congé du buveur, tournesol
21 février 2013
Petit déjeuner au croissant de lune (avec un salut à Gabriel Guy)
L’insomniaque horloge bâilla péniblement, rêvant un jour de s’arrêter. Effleurée par la fuite de l’ombre, elle fit tressaillir un noctambule que le silence empêchait de dormir. Pressé d’être au diapason, le noctambule bouscula un hibou renfrogné auquel on sabotait quotidiennement le coucher. Son aile muette dispersa les dernières voiles du vaisseau nocturne et la lune, dépouillée du scapulaire moucheté qu’elle affectionnait, en voulut au soleil qui la rendit scarieuse comme une corolle de Perce-neige éblouie.
Saisissant l’opportunité d’un tel spectacle, le noctambule qui se trouvait être un poète trempa cérémonieusement le croissant de la lune dans son café au lait, l’aube naissante.
(Extrait de Demi-songes, 1979, épuisé.)
Vignette : Petit déjeuner avec croissant de Gabriel Guy.
Ce texte intitulé Petite scène dans son édition première, datant de 1977 ou 1978, a été publié dans mon premier recueil de poèmes, Demi-songes, sorti en 1979. Le fond est aussi léger que la forme alourdie d’adverbes mais il fut écrit voici trente-cinq ans ! À moins de vingt ans, je n'avais pas encore été présenté au peintre Gabriel Guy que je connaissais pourtant de nom. Bien plus tard, dans son atelier, j'eus plusieurs fois l'occasion de m'arrêter devant un de ses tableaux, le petit déjeuner avec croissant que je ne résiste pas au plaisir de faire cohabiter avec ce texte de jeunesse, en souvenir des moments amicaux passés avec Gabriel Guy qui vient de nous quitter. (J'ai aussi un goût prononcé « alimentairement incorrect » pour les croissants et autres viennoiseries, surtout les croissants !)
22:41 Publié dans Hommages | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie, nuit, lune, croissant, café, aube, perce-neige, peinture, tableau, toile, gabriel guy, viennoiserie, arts plastiques, veyziat, oyonnax, ain, rhône-alpes, bresse, couleur, cartonnier d'aubusson, aubusson, verrier, orage-lagune-express, blog littéraire de christian cottet-emard, le grand variable, le pétrin de la foudre, interludes narratifs, le congé du buveur