03 mars 2018
Moments d'hiver à la cascade au nom qui fait rire
Avant la descente
Bien en pente
Dans mes bras ! dit la cascade
Dans les embruns
Un peu de vacherin ?
La récompense
Un rayon de soleil
Pas la peine d'aller en Sibérie !
À cet endroit, on se baigne. Encore un peu de patience !
Une flaque de soleil
Formes de l'eau
Soleil des eaux ?
La remontée sous l'œil du génie de la forêt
Photos Christian Cottet-Emard (je préfère dire images), lors d'une promenade dans les derniers jours de février 2018
Post-scriptum 1 :
L'hiver, ça ne vous arrange pas un type...
Post-scriptum 2 :
La cascade en été, ici
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02 avril 2016
Carnet / De la route qui s’éloigne dans le reflet d'une vitre
Avant hier, premier pissenlit. Content de le voir. Hier, la maison qui semblait flotter au milieu des frênes dans le silence du brouillard. Mésanges et moineaux perplexes.
Je lis beaucoup de réactions au grand départ de Jim Harrison. J’aime ses poèmes (Une heure de jour en moins, éd. Flammarion) très narratifs, généreux, sinueux, tour à tour fragiles et puissants, capricieux comme le cours des rivières où il traînait ses bottes dans le clapotis des berges froides. Moins concerné par ses romans. Le livre en prose que je préfère est son autobiographie En marge (éd. 10/18). J’avais aussi relevé cette remarque dans sa nouvelle La bête que dieu oublia d’inventer extraite du recueil En route vers l’ouest (éd. 10/18) : « Rien ne tourmente davantage un vieux chnoque que la pensée de la vie non vécue. »
Il est normal que ce constat m’assaille parfois à cinquante-sept ans mais curieusement, j’éprouvais cette angoisse dès mon adolescence. Peut-être étais-je déjà un vieux chnoque à cette époque ? Je suis souvent tenaillé par ce sentiment de vie non vécue.
J’ai certes fait le choix de la sécurité en bien des domaines mais au fond, que signifie une vie vécue ? Un engagement intense dans la société, dans la politique, dans le travail, dans l’humanitaire, au Sou des écoles ? Ce n’est pas dans mon tempérament et de plus, je n’ai aucune des compétences techniques et relationnelles requises pour être efficace dans les tâches que cela implique. Quant à la seule vague compétence dont je peux me hasarder à témoigner en prenant le risque de me faire moquer (écrire), elle court les rues et la société n’en a nul besoin.
Aussi puis-je m’estimer heureux, bien installé, de voir tranquillement s’éloigner, comme dans le reflet d'une vitre de train ou dans le rétroviseur d’une auto silencieuse et confortable, la route et le paysage où je n’ai marqué d’autre empreinte que celle, inutile et fugace, de mon regard distrait.
Photo : Porto, métro (photo CC-E)
03:05 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : carnet, note, journal, autobiographie, prairie journal, écriture de soi, blog littéraire de christian cottet-emard, pissenlit, brouillard, rivière, berge, jim harrison, en marge, éditions 1018, une heure de jour en moins, poèmes, flammarion, en route vers l'ouest, 1018, la bête que dieu oublia d'inventer, nouvelle, mésange, moineau, adolescence, vieux chnoque, rétroviseur
10 octobre 2006
En forêt
Tu as une réunion mais en même temps pas mal de dossiers à traiter
Tu as cette réunion qui ne te concerne en rien et tout ce travail qui ne te concerne en rien mais que tu dois abattre car tu es payé pour cela
Mais la réunion qui ne te concerne en rien prime sur les dossiers à traiter parce que le directeur régional s’est déplacé
Il tutoie tout le monde et aime beaucoup prononcer le mot “crapoteux” pour qualifier tout ce qui relève de la vie privée de ses subalternes
Tu n’as rien à craindre du directeur régional car tu quittes le navire aussi as-tu sur le bord des lèvres : “nous n’avons pas gardé les cochons ensemble que je sache” mais tu ne dis rien car tu ne veux pas mettre dans l’embarras ton directeur local que tu estimes et tes collègues qui sont sympathiques tu ne vas pas jeter un froid pas aujourd’hui le moment serait mal choisi
À tes débuts on t’a expliqué qu’il était nécessaire que les dossiers soient traités rapidement mais du seul fait de la présence du directeur régional cela n’a plus aucune importance
Après tout s’ils ne veulent pas que leurs dossiers avancent en quoi cela te concerne-t-il ? La réunion avec le directeur régional perturbe le traitement des dossiers et alors ?
Travail ou pas réunion ou pas directeur régional ou pas 90 % de toi sont déjà en forêt et 10 % seulement à la réunion ou en bagarre avec les dossiers (pourcentages donnés à titre indicatif car pouvant varier)
Il est 15h45 et à 16h00 tu seras sorti même si à 16h00 seule une infime partie des dossiers aura été expédiée à cause de la réunion avec le directeur régional et à 16h00 les 10 % de toi qui assistaient au numéro du directeur régional s’en iront rejoindre les 90 % qui sont déjà en forêt
À 16h00 tu sors à 16h02 tu dis au revoir au gardien tu passes la porte à 16h05 tu conduis ton auto en direction de la forêt et à 16h10 tu te retrouves sous l’épicéa columnaire (circonférence 2m75 hauteur totale 43m volume grume 12m3) et rien absolument rien d’autre n’a d’importance
C’est drôle tu marches dans la forêt en costume cravate (ça pressait trop) tu respires mieux tu respires l’air des grands arbres qui font le même bruit que la mer quand le vent met les voiles tu respires le grand air des trois sapins pectinés de plus de 40m de haut âgés de plus de 200 ans
Voici à peine 20 mn tu respirais mal tu respirais le même air que le directeur régional
Maintenant tu respires mieux tu entends la rivière tu respires l’air des feuilles mouillées tu vas pouvoir rentrer chez toi tout propre
Copyright : Orage-Lagune-Express, 2006
01:15 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Forêt, épicéa, sapin, rivière, feuilles