Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

01 novembre 2018

Mes trois poèmes de la Toussaint et du jour des Défunts

(Extrait de mon ouvrage Encens, marbre et bruyère)

 

Troisième poème de la Toussaint et du jour des Défunts (2018)

encens,marbre,bruyère,toussaint,défunts,commémoration des fidèles défunts,cluny,jour des morts,poème,fête chrétienne,blog littéraire de christian cottet-emard,âme,cierge,vitrail,christian cottet-emard,voûte,forêt,adieu mais pas pour toujours,songe de géronte,ange

 

Vêpres

 

Quand vient aux vêpres la Toussaint dans cette joie où sont admis tous ceux qui furent Saints en secret ou en gloire à leur mesure

 

Comme il serait triste et vain de ne pas être heureux d'être triste

 

Cela pourrait signifier que nous n'avons souci ni de nous-mêmes ni de nos défunts ainsi livrés au cours obscur d'un fleuve qui n'a nulle part sa source et ne va nulle part

 

Esquif infortuné qui voguerait sur un tel fleuve !

 

Même le lendemain le jour des morts nous bercera d'un rassurant chagrin 

 

Deuxième poème de la Toussaint et du jour des Défunts (2017)

encens,marbre,bruyère,toussaint,défunts,commémoration des fidèles défunts,cluny,jour des morts,poème,fête chrétienne,blog littéraire de christian cottet-emard,âme,cierge,vitrail,christian cottet-emard,voûte,forêt,adieu mais pas pour toujours,songe de géronte,ange

 

Encens

I

Au son de l’orgue dans l’encens je vois monter la maison d’enfance

 

Elle s’élève avec les miens que j’ai connus et les autres qui m’ont parlé à travers eux

 

La maison en pierres et en mots avec son coffre-fort qui s’ouvrit à la fin sur quelques emprunts russes

 

Le jardin la voie ferrée la marquise de la gare l’autorail l’encens les soulève

 

Il prend aussi le petit square avec son lampadaire

 

Tout ce qui veut peser compter durer l’encens m’aide à le voir encore un peu puis il l’emporte dans les airs

 

II

En moi cette âme grise et tiède attirée par le reflet d’un vitrail ou le halo d’un cierge

 

Aussi je veux l’encens pour elle qui s’en ira

 

Dans l’adieu je veux l’encens léger au lourd parfum qui monte vers les voûtes immobiles de la dernière forêt

 

Quand frémissent à peine ses volutes après qu’aient battu très loin les ailes de l’Ange accompagnateur en des régions dont nul vivant ne peut avoir idée

 

Et qu’une voix dira comme à Géronte en son dernier songe Adieu, mais pas pour toujours

 

Marbre

Comme une feuille de carnet par terre où l’on a écrit des noms et des dates

 

Cette page ne prend ni le vent ni la pluie c’est ce que j’attends d’elle

 

Moi sous le ciel

 

Qui ne suis pas dans le secret des cieux

 

Bruyère

Quand les mots ont cédé à l’encens et au marbre il reste un geste

 

La bruyère trouvée sur le marché d’automne où l’on vend aussi aux vivants distraits des bouquets d’immortelles

 

encens,marbre,bruyère,toussaint,défunts,commémoration des fidèles défunts,cluny,jour des morts,poème,fête chrétienne,blog littéraire de christian cottet-emard,âme,cierge,vitrail,christian cottet-emard,voûte,forêt,adieu mais pas pour toujours,songe de géronte,angePremier poème de la Toussaint et du jour des Défunts (1992 et 2016) 

I

Toussaint

 

À la veillée des anciens mondes les feux d’humbles talus parfument les champs d’astres

 

La rivière est souvent déjà sombre et rapide mais la lumière en ses méandres y trouve un chemin dans les saules

 

Dans le courant chaque seconde et chaque vague reçoivent nos séjours

L’herbe chante à la flamme veilleuse des rivages des refrains de vergers loin derrière les fumées de berges incertaines

 

La voile accueille un vent fossile et conduit des paroles en forme de légendes et de mystères enchantés

 

II

Défunts

 

Les arbres bruissent du fond des terres où vous vous effacez

 

Défunts désormais loin des berges de l’aube et du soir où l’on allume des feux d’herbe pour croire encore en un retour en gloire

 

Qu’importe au fleuve ténébreux l’esquif de braconniers en loques tous ils retournent sur le flot

 

Toutes saisons ne furent qu’escales où l’on offrit et déroba le pain farci de clefs des champs la gourmandise du veilleur la provision du matinal

 

III

Élégie des beaux jours d’automne

 

Beaux jours d’automne sans vous toutes et tous absents pour toujours

 

Partout des prodiges sur Terre elle-même prodige vue depuis la Mer de la Tranquillité

 

Chaque seconde des miracles la lune dans les frênes la campanule à fleur de roche le mauve de la colchique le marron d’Inde qui brille sur la petite route forestière

 

On n’a rien vu de tel ailleurs dans l’univers pourtant si extravagant jusque dans ses plus profonds enfers alors pourquoi

 

Pourquoi pas juste une fois encore même une seule ce si petit miracle comparé aux autres si prodigieusement absurdes si majestueusement et sidéralement stupides

 

Pourquoi pas ce minuscule miracle un peu de temps encore avec vous toutes et tous dans les beaux jours d’automne

 

Car en comparaison de vous toutes et tous qui êtes tout et qui avez existé Science Foi Philosophie et Destin pèsent moins qu’un caillou de la Mer de la Tranquillité

 

IV

Deuil

 

L’heure vient à l’hiver en son office de ténèbres pour naviguer sur l’estuaire inconnu

 

La prière se mesure à l’absence à l’énigme éternelle au récit d’un été

 

Les voûtes n’ont pu tenir le retour d’une joie ancienne

 

La nuit alourdit de pétales et d’encens la veillée des faux morts ceux dont l’oubli ne veut

 

© Éditions Orage-Lagune-Express 1992, 2016, 2017 et 2018 pour la version modifiée et augmentée

Photos cathédrale et Croix © Christian Cottet-Emard

 

 

19 octobre 2018

À qui veut traverser la rue pour trouver mon dernier livre à Oyonnax (librairie Mille Feuilles)

 

poèmes du bois de chauffage, christian cottet-emard, éditions germes de barbarie, le fleix, périgord, et autres récits de l'homme invisible, édition, parution, publication, littérature, récits-poèmes, poésie narrative, la vie au bord, paysage évasion, la lune du matin, blog littéraire de christian cottet-emard, postface de preben mhorn, club littéraire des amateurs de cigares,librairie mille feuilles oyonnax,ain,haut bugey,rhône alpes auvergne,france,europe,oyonnaxPuisque je suis né dans la région d'Oyonnax, je suis évidemment un auteur local à Oyonnax. Voici donc un message local. Normal non ?

Je sais bien que la mention poèmes sur la couverture d’un livre produit l’effet d’un puissant répulsif, surtout dans une ville comme Oyonnax dans l’Ain où il est tout à fait normal de ne pas être prophète en son pays.

Je suis conscient d’aggraver mon cas en intégrant ce mot fatal, poèmes, au titre du recueil que je viens de publier grâce au soutien d’un éditeur qui est aussi un ami depuis trente-sept ans.

Je reconnais qu’intituler Poèmes des textes qui n’en sont pas et sous-titrer récits l’ensemble du recueil puisse être perçu comme la première atteinte de sénilité ou le dernier signe de provocation immature d’un vieil ado accroché à ses racines de frêne et d’épicéas.

Dans ce contexte dramatique, je peux quand même annoncer une bonne nouvelle aux quelques oyonnaxiens qui me font l’amabilité de me lire sans pour autant se montrer désireux de confier leur numéro de carte bleue à des sites de vente par correspondance : mon dernier livre ainsi que l’avant-dernier d’ailleurs, sont disponibles à la librairie Mille Feuilles, rue Anatole France.

Que dire de ce livre dont la couverture a été pensée tout exprès pour économiser l’énergie et le papier nécessaires à la confection d’un paquet cadeau ?

J’indique pour ma part qu’il est tout particulièrement destiné aux gens qui ont peur de la poésie mais qui ont parfois quand même envie de lire autre chose que des romans.

On y trouve des histoires qui peuvent être lues dans le désordre sans se forcer. Si vous en lisez une par jour, le livre durera un peu moins d’un an puisqu’il compte un peu plus de deux cents pages, ce qui est quand même économique. Pardon mais dès qu’il s’agit de calcul, je ne peux pas être plus clair.

Voici un extrait de la postface (pourquoi une postface plutôt qu’une préface ?) Parce qu’il y a toujours un avant et un après. C’est l’après qui a gagné.

Extrait de la postface :

... Des poèmes fabriqués avec ce que l’auteur avait sous la main, une grosse pierre, des brins d’herbe, du bois sec, des bâches qui claquent comme des voiles dans le vent, des branchages tombés, une petite cafetière italienne, des souliers usés, une encyclopédie pour enfants intitulée « Pourquoi, comment ? » , un parasol qui a déteint, une guirlande de Noël électrique, une photo d’oiseau mort, un rétroviseur de tramway de Lisbonne et un portrait de femme peint sur tôle ondulée. Car ce que nous nommons très doctement poésie, est-ce si éloigné de ce bric-à-brac ?

 

15 octobre 2018

Carnet / Des notaires et des poètes

notaires,poètes,blog littéraire de christian cottet-emard,julian barnes,expérience,nouvelle,le rêve du poète,giorgio de chirico,la nostalgie du poèteEn lisant une nouvelle de Julian Barnes, Expérience, j’apprends qu’il existe un dicton français selon lequel chaque notaire porte en soi les débris d’un poète. Et le narrateur de poursuivre : cet échantillon de sagesse populaire est-il plus vrai que son contraire : chaque poète porte en soi les débris d’un notaire ? Je précise que je n’ai rien contre les notaires, je les estime même beaucoup car sans eux, ce serait le chaos. Cela précisé, plus j’y réfléchi, plus je crois qu’il existe une grande proximité entre les notaires et les poètes. Les uns comme les autres gèrent une manière acceptable d’habiter le monde des humains.

Tableau : Le rêve du poète de Giorgio de Chirico, appelé aussi la nostalgie du poète.