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30 mars 2020

Carnet / Haïkus et amuse-gueules

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J’essaie parfois de lire des haïkus mais mes tentatives sont brèves car malgré l’indéniable beauté que l’on peut rencontrer dans cette forme, mon esprit cent pour cent occidental s’adapte décidément mal à cette lecture. Et je ne parle pas des querelles byzantines entre les gardiens sourcilleux de la tradition de composition et ceux qui préfèrent s’en inspirer pour l’adapter librement.

Une brassée de haïkus me fait le même effet qu’un apéritif dinatoire raffiné ou la nouvelle cuisine : après ces amuse-gueules, quand est-ce qu’on passe à table ?

Le haïku ne me nourrit pas.

Cela me rappelle cette soirée commencée dans un restaurant vénitien certes excellent mais dont l’expertise en cuisine légère ne risquait pas de faire culpabiliser les convives soucieux de leur ligne et de leur poids. Sur le chemin du retour à l’hôtel, dans les rues désertes de Venise, j’ai dû imposer à mes compagnons de table navrés quelques détours vers les rares estaminets en train d’éteindre leurs néons où des employés fatigués mais compatissants acceptèrent de me vendre le restant de sandwiches thon-artichaut-oeufs-mayonnaise d’allure un peu flagada mais pas mauvais quand même.

Une fois à l’hôtel, bien après vingt-trois heures, jugeant imprudent d’aborder la nuit sans diluer tout ce pain de mie, je trouvai par bonheur le bar encore ouvert. Mon irruption fit sursauter le barman somnolent en veste blanche et à la cravate noire légèrement de travers. Il me gratifia d’un sourire reconnaissant lorsqu’il constata qu’ayant à peine grignoté de vieilles chips et vidé mon verre de grappa, je n’avais pas l’intention d’en commander deux ou trois autres en lui racontant ma vie.

Quel rapport avec les haïkus ? Lointain, je l’admets.

 

17 juin 2015

Carnet de Porto en images

La vue depuis les fenêtres de ma chambre d'hôtel

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Achat de cigares dans l'humidor de la civette du Corte Inglés. Une excellente adresse à recommander aux amateurs. Le plus : un accueil charmant.

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15 février 2015

Carnet / De la sincérité

Levé à 6h ce samedi matin. Je ne dors que d’un œil et seulement quelques heures. Dehors, grand vent, averses et éclaircies dans la matinée. Les frênes s’ébrouent de leurs glaçons et se redressent.

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La maison émerge peu à peu de sa gangue de neige. Encore quelques gros flocons fondus transformés en pluie battante. C’est toujours moins pénible que la neige. Dès qu’il fait plus doux, les parfums de terre sont libérés. J’ai de nouveau entendu la chouette.

Musiques chorales et avec orgue de Walton le matin (The Twelve, Coronation Te Deum, Magnificat and Nunc Dimittis, Jubilate Deo, Antiphon) et Brahms l’après-midi (Variations sur un thème de Haydn, Ouverture tragique, Ouverture académique). Poursuite de la lecture du pavé de Samuel P. Huntington, Le Choc des civilisations

Avant de rendre visite à ma mère vers midi, une brève incursion au marché d’Oyonnax pour acheter du comté Seignemartin. Oyonnax, bourgade de plus en plus déprimante et pas question de lui préférer Saint-Claude qui est dix fois pire dans un autre style. Pas étonnant que le photographe Raymond Depardon ait fait son miel de ces deux villes dans son affreuse et éprouvante série intitulée La France

Je remonte vite dans mon village jurassien où ma maison et ma propriété un peu à l’écart et donnant sur un beau paysage me plaisent (malgré l’hiver) mais je n’irai ni plus haut ni plus loin dans la Franche-Comté que je trouve sinistre.

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Ce coin de nature où je suis installé est une bulle spatio-temporelle dans laquelle j’arrive à faire mon nid parce que je sais que je peux m’en échapper quand je le souhaite. Cette solution me semble plus prudente et plus adaptée à mon caractère assez réactionnaire, craintif, méfiant et peu enclin aux adaptations rapides que nécessiterait un déménagement dans le Sud-Ouest ou à Lisbonne ainsi que j’en suis souvent tenté. C’est aussi une question d’argent. Je ne suis pas dans le besoin mais je n’ai pas non plus les moyens d’avoir des résidences secondaires. Le mieux pour moi est donc de garder ma base actuelle et d’effectuer des séjours touristiques dans les grandes villes et capitales qui me plaisent. En plus, j’aime les hôtels (de préférence standards et où l’on parle français). 

Je sais, tout cela n’est ni brillant ni original mais l’originalité, j’essaie de la réserver à la littérature tout en lui préférant tout de même la sincérité. Sinon, à quoi bon ces carnets ?