03 mai 2008
Jour et nuit avec les arbres
La flaque d’eau toujours à la même place sur la route forestière où attend la vieille voiture n’est ni le miroir ni le contraire du monde
Juste une facette de ce diamant qu’on appelle la Terre
L’image condamnée à refléter ce qui n’est pas se dissipe dans l’évidence des feuilles rendues à l’air blond
(Extrait de : Le Monde lisible, éditions Orage-Lagune-Express, 2004)
Photo : sur la route de la Brétouze au-dessus d'Oyonnax (photo C. C-E)
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14 février 2008
Jeux marins des arbres la nuit
Au bord de la mer, c'est pareil. J'entends le vent dans le feuillage.
Rien n'est plus facile. Il ne faut que de l'air dans des feuilles ou dans de l'eau pour s'offrir à sa porte la mer ou la forêt.
Alors pourquoi partir, pourquoi bouger ? Qui pourrait bien me le dire ?
(Extrait de : Le Grand variable, éditions Editinter, 2002).
Gravure de Jacki Maréchal (pour cet extrait en ligne).
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08 février 2008
Syndrome du dimanche soir
On aurait dit des perce-neige les derniers réverbères avant la forêt
La route avait disparu à travers les flocons tu cherchais l’un des vieux épicéas désigné par un camarade de lycée comme celui de sa pendaison ce dimanche de l’année 1975 à 19h
On a presque tous de bonnes raisons de se pendre et d’aussi bonnes raisons de ne pas le faire mais la perspective du lundi fait du dimanche un jour à risque
Tu sais qu’il existe une difficulté technique à se pendre dans un épicéa de quarante mètres de haut à moins d’apporter une grande échelle pour atteindre les premières branches solides (est-ce bien raisonnable ?)
Se compliquer la vie est-ce bien raisonnable le soir même où l’on veut se la simplifier pour toujours en se coltinant une échelle sans compter la route escamotée dans la tourmente de neige ?
Il t’aurait montré un foyard ou même une de ces variétés de pins qui se sont contentés du sol qu’ils ont trouvé sur l’autre versant (arole, ou de montagne à la rigueur) peut-être
À 18h45 on ne sait jamais tu es venu rôder dans le secteur des vieux épicéas secoués par les bourrasques pour en conclure vers 20h :
1) que la route attendrait au moins la nouvelle lune pour réapparaître
2) que le camarade avait sans doute trouvé mieux à faire que de se pendre un dimanche soir de tempête dans un épicéa de deux cents ans en pleine hibernation
3) que la forêt de résineux ne se prête pas à la pendaison
4) que décidément ces réverbères on aurait dit des perce-neige
© Éditions Orage-Lagune-Express, 2008.
Photo © Marie-Christine Caredda
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