11 novembre 2021
Carnet / 11 novembre
Détails de tombes de jeunes soldats de la première guerre mondiale dans un cimetière de village (photos Christian Cottet-Emard)
Au lieu des bannières tricolores pavoisant les villes, ce sont des drapeaux noirs qu’on devrait déployer, pour que plus personne ne puisse oublier que dans cette immense escroquerie de la guerre, les vies de millions d’hommes ont été fauchées par les munitions fabriquées par leurs proches, leurs épouses, leurs collègues non mobilisés, leurs anciens chefs trop vieux pour partir à l’abattoir mais à la manœuvre dans les usines. Pendant que les chanteurs de variétoche à deux balles de l’époque voire les compositeurs officiels « contribuent à l’effort de guerre » par des chansons et des musiques de propagande, les affaires continuent. Pour les patrons d’industrie lourde, elles ne sont même jamais si florissantes. Voilà pourquoi vous mourrez, pauvres gars envoyés au front à coup de bottes de gendarmes dans le derrière. Même le vieil Anatole France l’a écrit : « On croit mourir pour la Patrie, on meurt pour des industriels. »
Aujourd’hui encore, après avoir connu l’après soixante-huit où les commémorations tricolores énervaient presque tout le monde, je suis déçu et inquiet du retour de ces effets de manche patriotiques, de cette façon de parler de la guerre au moyen de vieux clichés qu’on croyait définitivement ringardisés. Bien sûr, les journalistes sont trop souvent les premiers à resservir cette soupe en osant encore parler de « morts au champ d’honneur » mais les politiques ne sont pas en reste...
Extrait de mon livre Prairie Journal (Carnets 2006-2016), éd. Orage-Lagune-Express.
Renseignements, commandes et demandes de services de presse : éditions Orage-Lagune-Express
Pour les personnes de ma région, ce livre est aussi disponible à la médiathèque municipale d'Oyonnax (Ain), au centre culturel Aragon.
00:04 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : 11 novembre, littérature, viry, jura, franche comté, oyonnax, ain, rhône-alpes, france, europe, commémoration, sdf, ordre établi, nouveau conformisme, engagement, vie privée, paix, sécurité, paix sociale, occident, individu, notion d'individu, anatole france, 14-18, première guerre mondiale, blog littéraire de christian cottet-emard, prairie journal, carnets, éditions orage lagune express
11 novembre 2020
Carnet / Ceux à qui on a tout pris.
En cette époque à tous égards régressive, je me désole de constater qu’on recommence à n’évoquer le souvenir de la guerre de 14-18, à travers les commémorations de l’armistice du 11 novembre, que sous l’angle de l’héroïsme.
J’y vois une paresse intellectuelle gravement dommageable à la compréhension, pour les jeunes générations, des mécanismes à l’œuvre dans le déroulement de la première guerre mondiale.
Tout événement extrême met des individus en situation de se comporter en héros mais dans le cas spécifique de la première guerre mondiale, l’héroïsme est l’arbre qui cache la forêt.
Les gens de ma génération, la première du vingtième siècle à ne pas avoir connu directement la guerre, ont eu la chance de bénéficier d’un enseignement plus distancié concernant 14-18, c’est-à-dire un enseignement dans lequel, peu à peu, l’Histoire prenait le pas sur la propagande en évitant de se focaliser sur l’héroïsme qui fait écran à l’analyse des faits.
La réalité de ces faits est cruelle et dérangeante, en contradiction avec l’héroïsme : la première guerre mondiale fut une guerre menée contre les peuples par leurs dirigeants, leurs industriels et leurs commandements militaires et ceux qui en payèrent le prix le plus exorbitant furent notamment les jeunes et les pauvres.
C’est de cela qu’il faut se souvenir et rappeler avant tout aux jeunes générations. Il y eut certes des héros mais il y eut surtout, par millions, des jeunes et des pauvres à qui on a tout pris.
Détails de tombes de jeunes soldats de la première guerre mondiale dans un cimetière de village (photos Christian Cottet-Emard)
23:33 Publié dans carnet, NOUVELLES DU FRONT | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : 11 novembre, armistice, première guerre mondiale 1418, souvenir, commémoration, deuil, blog littéraire de christian cottet-emard
25 février 2016
Carnet / La Saint-Valentin de la littérature
Hélas, bientôt le Printemps des poètes, cette Saint-Valentin de la littérature. Et le collage de ces deux mots, printemps et poète, comme de la chantilly sur de la crème anglaise... Quand serons-nous enfin délivrés de cette usine à gaz, de ce machin qui n’a plus guère à envier aux commémorations d’anciens combattants ?
00:51 Publié dans carnet | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : carnet, note, journal, blog littéraire de christian cottet-emard, prairie journal, écriture de soi, autobiographie, printemps des poètes, commémoration, usine à gaz, chantilly, crème anglaise, mièvrerie, machin




























