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07 octobre 2015

Carnet / Du rythme intime

L’automne à ma fenêtre. Roses tardives, derniers cosmos.

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Quelques jours avant, le rythme, les foules et les courants d’air des grandes avenues de Barcelone, son métro noir et moite, ses façades théâtrales, son passé austère, son futur clinquant et son présent fébrile, ses marchés en vitraux, ses palabres, ses nuits courtes, ses réveils agités, ses déjeuners sur le pouce. 

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Maintenant, retour aux heures lentes où l’on entend tomber les feuilles et craquer les arbres.

Les manuscrits à relire sans cesse, les projets à adapter après les avoir négligés, faire l’effort de s’imposer un peu, négocier juste ce qu’il faut. Relancer une ou deux personnes intéressées. Pas envie. On sait où me joindre. Ce qui doit arriver de bien doit arriver facilement ou ne pas arriver. Laisser venir, se tenir à distance sans rompre le fil mais sans se laisser entraîner par la vitesse des autres. 

L’automne et l’hiver à ma porte mais de petites provisions de printemps et d’été dans mon esprit pour que le ciel reste ouvert.

10 mai 2015

Dans la nature indifférente

Pendant que l’agriculteur sillonne les champs au loin avec son tracteur tu tonds tes trois mille mètres carrés autour de la maison et tu te demandes si cela peut bien avoir un sens pour la nature

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Lui et toi rudoyez un peu la nature quoique les fleurs et le foin repoussent mieux s’ils sont fauchés

Ni lui ni toi n’êtes à genoux devant la nature même si vous aimez la contempler de temps en temps pour vous raconter des histoires (surtout toi)

D’ailleurs la nature n’a pas plus d’affection particulière pour vous que pour qui que ce soit et elle ne se raconte jamais d’histoires

Elle est comme une femme qui n’aime pas être aimée de manière trop sentimentale et puis comment pourrait-elle être aimée par cette partie d’elle-même que vous êtes l’agriculteur et toi ?

Pousser la tondeuse pendant des heures ne t’amuse pas mais cela te permet de penser à tes livres en cours d’écriture et à leurs improbables ou mystérieux destinataires

À cette vie plus écrite que vécue depuis la prairie et les vallons où tu essayes de te tenir le plus possible à distance du monde illisible et de ses principaux chagrins

Rien que de très artificiel et d’assez peu écologique en somme te dis-tu en versant de l’essence dans ta tondeuse et en gardant toujours un œil sur ce qui pourrait surgir d’un buisson d’une haie des confins du cosmos ou d’une simple flaque d’eau

 

© Ed. Orage-Lagune-Express, 2015

12 avril 2015

Carnet / Des cris des étoiles, du cosmos piteux, des fleurs de frêne et de l’émulsion romanesque

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Je n’ai jamais pu analyser avec précision la nature ambiguë des sentiments et l’étrange vertige que m’inspire cette phrase, je sais juste qu’elle m’accompagne depuis une trentaine d’années et qu’elle remonte à la surface de ma conscience dès que je lève la tête en direction du cosmos pétillant.

Hier j’ai été frappé par une autre phrase de Nabokov dans son autobiographie Autres rivages (Folio) : « Comme le cosmos est petit (une poche de kangourou le contiendrait), comme il est dérisoire et piteux comparé à la conscience humaine, à un seul souvenir d’un individu et à son expression par des mots ! »

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Citation de Nabokov aussitôt notée sur mon carnet bleu.

Étrange vertige encore une fois, qu’il m’est aussi arrivé d’éprouver au milieu des anémones pulsatilles si nombreuses derrière chez moi sur les versants du petit mont au-dessus de la maison. Pour moi, la correspondance entre les étoiles et les fleurs est évidente.        

Cette année, la floraison des frênes a commencé plus tôt que l’an dernier et les fleurs sont plus grosses. Vues de loin, on ne dirait pas des fleurs mais des sphères noires irrégulières. Si on les observe de près, on se rend compte que ces fleurs sont violettes. C’est le bourgeon qui est noir et qu’on peut voir tout l’hiver totalement verrouillé. Sur un même rameau, les bourgeons n’éclosent pas tous en même temps. Ce début de floraison me laisse espérer que le feuillage des frênes sera plus en avance que l’année dernière où il avait fallu attendre jusqu’à presque début juin, ce qui n’aidait guère le moral à se maintenir.

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Bourgeon et fleurs de frêne photographiés hier chez moi.

Petite rectification concernant la mention de mes lectures de John Irving dans mon carnet du 9 avril : Le monde selon Garp m’est tombé des mains, un recueil de nouvelles ne m’a laissé aucun souvenir, mais j’ai quand même lu, certes laborieusement, les 589 pages du roman À moi seul bien des personnages (éd. Points). Ce pavé m’avait si peu intéressé que j’avais oublié de le mentionner. Je parlais de la profusion qui me gêne le plus souvent dans le roman. Je pense qu’il ne s’agit pas vraiment de profusion dans À moi seul bien des personnages mais d’émulsion. Ça mousse et ça gonfle, ça ne nourrit pas, ça écœure.

 

Dessin : Frédéric Guénot. Ce dessin fait partie d'une série qui a illustré la parution de mon livre Le Grand variable, en feuilleton dans la revue littéraire Salmigondis dirigée par Emmanuelle et Roland Fuentès.