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11 février 2022

Carnet / L’amitié au risque du virus ?

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Giorgio de Chirico. École de gladiateurs. 1953. Huile sur toile 100 x 80 cm. Collection particulière, Rome.

 
Il m’arrive souvent de penser que le virus met les plus belles amitiés à rude épreuve mais au moment de noter ce constat dans un carnet, je réalise que je me trompe de coupable. Le virus n'y est pour rien.
 
Pour suivre le fil de cette idée, il faut prendre un peu de hauteur. Je rappelle au passage que mon humble réflexion, comme d’habitude, ne s’inscrit pas dans un débat d’ordre sanitaire dans lequel je n’ai aucune compétence mais dans une perspective exclusivement politique dans laquelle j’ai les compétences de tout citoyen ordinaire. C’est donc le vecteur du passe vaccinal, mesure dont presque plus personne ne conteste aujourd’hui le caractère essentiellement politique, que prendra mon argumentation.
 
Désormais, la ligne de front (parce que c’est bien d’un front qu’il s’agit) sépare ceux qui approuvent le passe vaccinal et ceux qui s’y opposent. Que cette mesure soit un jour levée ou pas, le fossé est creusé, le malaise durable et, pour rester sur le fil de mon sujet, les amitiés chancelantes.
 
Une des émotions les plus compréhensibles des partisans du passe vaccinal est la peur du virus. De ce fait, comment peuvent-ils éviter de considérer comme une menace leurs amis opposés au passe ? Du côté opposé de la ligne de front, chez les opposants au passe, la peur de la perte de liberté aboutissant à la relégation comme citoyen de seconde zone peut aussi se comprendre. Comment ceux-là peuvent-ils éviter de considérer comme une menace leurs amis favorables au passe ? Comment une amitié peut-elle tenir si chacun devient une menace réelle ou supposée pour l’autre ? Éviter le sujet qui fâche ? Comment l’amitié peut-elle se priver du débat, de l’échange d’opinions, sans devenir une coquille vide ? Chers amis « pro ou antipass » , vaccinés ou non, il faut et il faudra du sang-froid pour ne pas se fracasser sur les récifs.
 
Ce pouvoir paniqué et dévoyé nous a placés dans la situation des gladiateurs dans l’arène, il veut faire de nous des ennemis sans visages contraints de s’affronter alors que nous n’y gagnons rien. Aux premières loges de l’arène, les yeux de César ne sont pas fixés comme on pourrait le croire sur les gladiateurs qui s’épuisent au vain combat mais sur la foule qu’il veut passive, distraite et avide de privilèges aussi comptés qu’illusoires.
 
Il n’existe plus aucun César depuis longtemps mais les arènes sont toujours là avec leurs roitelets et tyranneaux qui portent le même regard sur la foule animée des mêmes passions et avide des mêmes promesses, quel qu’en soit le prix.
 
Pour rester dans le sujet :
 
 
 
 

23 janvier 2022

Carnet / De l’honneur de déplaire

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Voir ces poètes avec leur masque sur la tronche continuer de lire leurs œuvres en public comme si de rien n’était après avoir dûment présenté leur passe de la honte à l’entrée me laisse perplexe. Sans doute abordent-ils d’une manière ou d’une autre l’un des grands thèmes de la poésie, la liberté...
 
Je ne sais plus qui a dit tout poème est un poème d’amour (mais tout poème n’est-il pas aussi un poème de liberté ?), cette liberté dont beaucoup de poètes s’inquiètent à juste titre lorsqu’en sont privés les peuples des contrées lointaines mais qu’ils ne semblent pas voir fondre comme neige au soleil à leur porte, chez eux, dans leur propre pays.
 
Je peux encore comprendre ceux qui sont payés car jamais il ne me viendrait à l’idée de reprocher à quelqu’un de gagner sa croûte comme il peut mais les autres, les bénévoles, j’avoue, j’ai du mal.
 
Sur le réseau social que je fréquente et où j’interviens, j’ai beaucoup de poètes dans ma liste de contact. La plupart d’entre eux sont muets sur le passe de la honte et sur toutes les mesures non plus sanitaires mais désormais exclusivement politiques dont le pouvoir en place accable les citoyens et pire encore les plus jeunes à qui ce gouvernement vole leur enfance et leur jeunesse.
 
Parmi les nombreux poètes de mon réseau, je n’en connais que deux qui protestent au grand jour et avec véhémence sur leurs pages Facebook, un qui s’exprime à demi-mot et quatre ou cinq qui interviennent dans les commentaires. Les plus silencieux sont ceux qui sont fortement liés à des groupements plus ou moins idéologiques, à de petits éditeurs, ou impliqués dans des maisons d’édition d’envergure ; eh oui, les (petites) affaires continuent, il faut veiller à ne pas trop déplaire.
 
Est-il donc si terrible que cela de déplaire ? Je croyais qu’en certaines circonstances graves, déplaire était un peu le métier des poètes et aussi leur force car à part quelques-uns d’entre eux qui sont de petits rentiers de situations gérant au plus juste le livret d’épargne d’une carrière durant laquelle ils se servent plus de la poésie qu’ils ne la servent, la plupart n’ont rien à perdre. Les poètes sont les sous-prolétaires de la littérature et comme tous les sous-prolétaires, que peuvent-ils gagner à se taire ?
 
Tableau / La femme au masque, Lorenzo Lippi (1606-1665)
 

29 septembre 2021

Dans la presse :

« Le passe sanitaire est un moyen extrajuduciaire de désactiver socialement les gens » .

(Guillaume Zambrano, maître de conférences en droit privé à l'université de Nîmes)

Entretien à lire ici.