13 décembre 2019
Du pied gauche
La vieille cafetière rote crache et bave le canari la prend pour sa femelle
Le bois coupé en mauvaise lune pète et empeste dans la cheminée
Les lunettes sont parties se faire voir ailleurs
Le journal noircit le bout du nez
Pas de bons morts aujourd’hui dans la rubrique nécrologique pas de traitres pas de collègues malveillants pas de petits chefs vicieux pas d’arrivistes
Juste des inconnus sympathiques allez savoir
Demain ça ira mieux demain sera un autre jour un jour de moins
Photo Christian Cottet-Emard
Extrait de Poèmes du bois de chauffage, © éditions Germes de barbarie 2018.
00:01 Publié dans Estime-toi heureux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : canari, cafetière, christian cottet-emard, bois, mauvaise lune, cheminée, lunettes, journal, bons morts, rubrique nécrologique, collègues malveillants, petits chefs, arrivistes, inconnus sympathiques, demain, un autre jour, amélioration, blog littéraire de christian cottet-emard, poésie, poème, littérature, poèmes du bois de chauffage, éditions germes de barbarie, photo insolite, du pied gauche, mauvaise humeur
22 novembre 2019
Alliés substantiels
Le vieux Leos Janacek fait ses yeux d’enfant.
Sir Edward Elgar n’a fermé que le premier bouton de sa veste pour éviter les faux plis.
André Breton a su s’attirer les bonnes grâces des ombres.
Nicolaï Rimski-Korsakov se barbe devant l’objectif.
Aaron Copland esquisse un sourire penché.
Igor Stravinsky et Benny Goodman éclatent de rire.
Heitor Villa-Lobos fume comme « le petit train du paysan brésilien ».
Michel Simon avec la perruche Lolita sur son épaule se fait remonter les bretelles par « la très jalouse Léontine » (mainate).
Federico Fellini crie « moteur ! » sous son chapeau de paille.
Le vieux treillis de René Char fait de la résistance.
Gustav Mahler a un pétard dans le cheveux.
18:31 Publié dans Alliés substantiels | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : leos janacek, edward elgar, andré breton, nicolaï rimski-korsakov, aaron copland, igor stravinsky, benny goodman, heitor villa-lobos, federico fellini, rené char, gustav mahler, alliés substantiels, portraits, poésie, littérature, musique, cinéma, blog littéraire de christian cottet-emard, michel simon
17 novembre 2019
Écrit sous la petite lampe bleue
Les pessimistes ont souvent tort. Ce qui arrive est bien pire que ce qu’ils avaient prévu.
Je suis réactionnaire pour le seul plaisir de ne pas être progressiste à votre façon.
Être conservateur prouve au moins qu'il y a quelque chose à conserver.
L’autre jour, le ciel était comme une vinaigrette en train de prendre.
Ce qui compte dans le roman, c’est le rythme. Le romancier n’a pas besoin de grande intelligence mais de rythme.
Lorsque quelque chose paraît absurde, illogique, incompréhensible, il faut toujours chercher du côté de l’argent, de la raison financière.
Pour quelqu’un qui mange trop comme moi, l’exercice physique n’est pas profitable car juste après l’effort, j’ai encore plus d’appétit.
L’école a gâché mon enfance, le travail a gâché ma jeunesse. On ne peut pourtant guère éviter l’une et l’autre. Quel dommage d’avoir dû attendre si tard pour en être débarrassé et vivre désormais ma meilleure période.
Si vous rencontrez quelqu’un qui vous dit l’argent, ce n’est pas ce qui compte, ce n’est pas important, vous verrez qu’il est d’autant plus sincère qu’il en a beaucoup et qu’il sait donc de quoi il parle.
Il n’y a rien de péjoratif dans la notion d’étranger. Il peut me plaire d’être étranger dans les pays que j’aime et dans ceux que je n’aime pas. Il m’arrive même parfois d’aimer me sentir étranger en mon propre pays.
De tous les poètes que je lis et que j’admire, c’est Fernando Pessoa avec qui j’aurais aimé prendre un verre de vin à un comptoir de Lisbonne.
Dans la vie, nous devons nous fixer des objectifs à notre portée. C’est pourquoi j’ai tendance à ne m’en fixer aucun.
La vie n’ayant aucun sens, peu importe d’échouer ou de réussir.
Pourquoi l’individu devrait-il s’engager dans une collectivité qui n’aspire qu’à le faire dégager ?
Faire le point est d’autant plus bénéfique que cela n’engage pas à aller à la ligne.
Quand je vois une étoile filante, je pense à Laïka, la petite chienne de l’espace, et je n’ai même plus envie de faire un vœu.
Parfois, je me sens aussi peu réel que les personnages du roman auquel je travaille.
La condition humaine se résume souvent à des problèmes d'épicerie et de tuyauterie. On en fait des épopées pour moins que ça.
Je suis sur l’autre versant sans être passé par le sommet.
En littérature, on n’atteint pas à une forme de vérité par la vraisemblance.
Cherchez et vous trouverez au fond de vos ténèbres.
Les mots « bonheur » et « liberté » ne peuvent se comprendre qu’au pluriel. Au singulier, ils ne désignent rien de connu.
Je vois s’éloigner des rêves comme des nuages d’été, lourds, massifs, constitués de rien.
Dessine-moi un mouton : ça m'énerve à un point, Le Petit Prince..
Il vient un âge où l’on s’inquiète d’acheter une nouvelle veste car ce sera peut-être celle avec laquelle on sera porté en terre.
L’échec est un rideau de théâtre. La pièce est finie mais derrière le rideau, il se passe encore quelque chose.
La liberté dans le langage courant, c’est comme l’oiseau dans les poèmes de Jacques Prévert, mièvre et vague.
La beauté n’a rien d’autre à nous dire que « je suis belle » .
Ce n’est pas par orgueil et vanité que je dédaigne la politique, l’économie, le sport et tout ce qui est censé intéresser mon prochain. C’est parce que tout cela est sans joie et sans bonté. Surtout sans joie.
Un écrivain est un auteur qui est capable de retenir notre attention, même avec une histoire sans intérêt.
La vie n’a que le sens que nous lui donnons. Autant dire qu’elle n’en a pas.
La vie fonce tout droit devant sans autre objectif que de se développer tant que la possibilité lui en est donnée. Une anomalie.
Un poème est toujours nostalgique. On essaye de retrouver quelque chose qui n’existe plus ou qui aurait dû exister. Un poème est une tentative de retrouvailles.
Pourquoi je ne suis guère intéressé par la science fiction ? Parce que nous sommes arrivés à une époque où les pires scénarios de la science fiction se sont déjà réalisés.
Mon garagiste : "Les autos, c'est comme les gens, il y en a qui durent longtemps, d'autres non."
Moi : "Les gens, c'est comme les autos, ils vont vite et dans le mur."
Mon institutrice de l'école primaire : " Quel est ton souvenir d'école le plus marquant ?"
Moi : "Quand vais-je être puni et pourquoi."
Les jours où je suis de mauvais poil, je ferais mieux de choisir une marche en forêt plutôt qu'une promenade en ville. Au moins, avec les sangliers, on se comprend.
© Éditions Orage-Lagune-Express 2015, droits réservés.
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