22 septembre 2020
Fugace (Lisbonne)
Fin d'été ombres douces
Tout le monde se reconnaît sous les arbres
On parle encore éblouis vers la fontaine
des bonheurs têtus dans les squares
où l'on croit en l'instant un peu bancal
mais unique et irremplaçable
(Extrait de La vie au bord, in Poèmes du bois de chauffage, un de mes livres parus aux éditions Germes de barbarie)
Photo / Détail de la fontaine du Rossio à Lisbonne (Photo Christian Cottet-Emard)
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21 juin 2020
Légende d'été
Photo Marie-Christine Caredda
Dans mon rêve l’été est une grande fleur qui s’ouvre et qui contient toutes les autres
comme une légende qui contient toutes les histoires
ou bien un parasol qui fleurit dans les rues du monde et qui contient tous les autres
puis sous l’averse fraîche et parfumée comme une passante inaccessible
un parapluie qui éclôt et qui contient tous les autres
et dans sa brève nuit de fête où l’on erre comme une ombre heureuse avant de s’éloigner des lampions
un abat-jour qui veille jusqu’à l’aube et qui contient tous les autres
Mais peut-être n’ai-je pas rêvé
Extrait de mon recueil Estime-toi heureux
© Éditions Orage-Lagune-Express
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11 juin 2020
Carnet / Dans le seul but de bien rêver
Photo © Ch. Cottet-Emard
Moi qui suis accroché pour le meilleur et pour le pire à ces vallons et à ces forêts où j’habite aux confins de l’Ain et du Jura, je me demande toujours, piètre voyageur, touriste des plus ordinaires, ce qui me rend si familier de mes villes étrangères préférées parmi lesquelles, évidemment, Lisbonne où je me rendis pour la première fois en octobre 2013.
Cette photo date de cette époque. Sept ans déjà, et le souvenir intact, comme neuf, de cet instant privilégié, de ce moment à poème où un changement d’angle et de perspective transformait en quelques pas ma vision de ce coin de place.
Dans le carnet de voyage et de lecture que j’ai récemment publié dans le cinquième numéro de la belle revue Instinct nomade (éditions germes de barbarie) intitulé Les sept vies de Fernando Pessoa (Lisbonne est bâtie sur sept collines, comme Rome) je me demande si la capitale portugaise est une ville borgésienne. Malgré toutes ses bibliothèques, je ne le crois pas.
Cette question m’est pourtant venue à l’esprit au moment de prendre la photo, peut-être à cause de quelques couleurs aux nuances sombres malgré la lumière qui se joue des courbes et des plis de la ville et qui entre partout. Rien de suffisant pour penser à Borges et Buenos Aires.
Chaque regard invente sa propre géographie dans le seul but de bien rêver.
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