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02 novembre 2017

Défunts

Ce que m'inspirent les gens qui se prennent au sérieux (et ça vaut pour moi-même quand ça m'arrive, évidemment) :

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08 juillet 2017

Carnet

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La grande glissade dans l’insignifiance des saisons de spectacles à Oyonnax n’en finit pas ces dernières années, ce qui se confirme encore dans la nouvelle édition. Amateurs de culture classique, il vous faudra prendre la route, le train ou l’avion vers des contrées plus clémentes. En ce qui concerne la variété, on nous annonce une chanteuse qui se présente comme héritière de Véronique Sanson. C’est dire le niveau...

Cette vertigineuse dégringolade suscite des questions concernant les choix des spectacles et le fonctionnement du centre Aragon, notamment lorsqu’on constate qu’un intervenant, directeur d’une compagnie et associé à la programmation de la scène (on se demande bien pourquoi), produira deux spectacles. C’est ce qui s’appelle être juge et partie, une pratique digne des républiques bananières qui n’est peut-être pas interdite mais peu élégante, disons limite, et qui en dit long sur la dérive générale des usages en matière de programmation culturelle. C’était déjà le cas lors de la saison précédente. À cet égard, on a l’impression que le centre culturel Aragon, livré à la récurrente indifférence des décideurs locaux, navigue à vue, au gré des courants, ballotté entre les modes futiles, les nouveaux conformismes idéologiques et l'animation sociale, ce qui le rend évidemment vulnérable à l’entrisme d’intervenants parfois douteux ainsi qu’on l’a vu ces quatre dernières années et encore tout récemment à travers des conférences aux contenus ambigus et une résidence d’auteur qui s’est soldée par un fiasco retentissant.

On ne peut que s’attrister de cette situation quand on a connu l’espoir suscité en ses débuts par le centre culturel Aragon.

Lancer de Cochonou : ne circulez plus même s’il n’y a rien à voir

Si la culture redevient la cinquième roue de la charrette, tout roule pour le sport de masse. On refait même des routes spécialement pour le confort des cyclistes du Lancer de Cochonou. Moi qui avais choisi de me protéger de cette affligeante vision, je subis pour la troisième fois ce barnum depuis mon installation dans un petit village jurassien qu’il me sera interdit de quitter aujourd’hui samedi entre midi et 17h30.

Tout le monde hurle à la prise d’otage lorsque la légitime exaspération sociale se traduit par des grèves mais personne ne moufte lorsque la liberté de circulation et l’espace public sont confisqués au profit d’un sport dénaturé (pardon pour le pléonasme) dont la seule justification est le passage crapoteux d’une caravane publicitaire grotesque.

Burkini vs bikini : pas de trêve à la plage
En attendant de retrouver ma liberté de circuler, je peux toujours patienter en feuilletant la presse. Dans Télérama, le magazine que je ne continue de lire que pour savoir comment pense l’ennemi, je tombe sur la prose très politiquement correcte d’un de ces quadras que la rédaction a l’art de convoquer comme des experts en analyse de notre merveilleuse époque, un certain Christophe Granger, historien qui affirme doctement : Si le burkini a tant choqué, c’est qu’il contrevient à la norme estivale de la dénudation et de la visibilité du corps. Rien de plus ? Vraiment ? Ainsi ne devrions-nous pas nous en soucier plus que cela ?

Cette conclusion aussi courte qu’expéditive est heureusement nuancée en termes forts diplomatiques quand même par le philosophe Roger-Pol Droit dans sa chronique du journal Le Monde : Que « l’indifférence » envers le burkini soit la meilleure attitude me semble une profonde erreur. L’historien minimise l’affichage religieux produit par cette tenue, et le réduit presque à néant, sous le prétexte que des femmes qui la porte peuvent très bien penser à autre chose... Que le burkini ne puisse ni ne doive être interdit est une évidence. Mais il doit être critiqué, dénoncé, et donc combattu par le texte, l’image, la parole. À la différence du bikini, il me semble bien constituer un élément d’un puzzle idéologique, politique et religieux structuré.

Voilà qui a le mérite d’être dit, même avec une prudence un peu appuyée à mon goût, face au déni de réalité qu’on rencontre si souvent aujourd’hui chez cette génération d’intellectuels dont Christophe Granger est un parfait exemple.

Il importe à mon sens de considérer le port du voile et du burkini pour ce qu'il est : un message d’hostilité et de sécession qui nous est adressé à titre délibéré et permanent dans le cadre d'une stratégie de tension et de test de notre volonté de résistance.

 

08 avril 2017

De la sociologie de vestiaire

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J’ai lu attentivement ce bref reportage qui prétend donner une sorte d’instantané de la ville en cette période de campagne électorale. Oh, je n’ai guère de mérite. L’argument est si rudimentaire qu’on ne risque pas la surchauffe des neurones et la fusion de la matière grise.

La population d’Oyonnax, comme dans l’univers des Shadoks et des Gibis, vivrait sur deux planètes proches mais radicalement étrangères. D’un côté le rugby, de l’autre le foot. (Pour moi, cela ne fait que des gens qui courent après une baballe mais bon, il paraît que non.)

Premier constat : parmi les différents thèmes abordés et esquissés à gros traits (passé et présent industriels, déclin, urbanisme, quartiers populaires, politique, délinquance, immigration, action municipale), pas un mot et pas un dessin à propos de la culture. À croire que les cultureux à Oyonnax sont des martiens.

Certes, la médiocrité des saisons culturelles qui se succèdent ces dernières années au centre Aragon (ainsi que beaucoup d’animations relevant plus de l’action sociale que de la culture de création, sans parler du retentissant fiasco de l'affaire Insa Sané) n’encouragent-elles pas à développer cet aspect de la vie de la ville.

Deuxième constat : le chantage et les menaces d’une brochette de petites frappes qui jouent les caïds de quartiers occupent complaisamment un large extrait du reportage qui ne vient pas de Mediapart pour rien. On est soulagé d’apprendre de la bouche du maire « qu’ils ne sont pas des mauvais garçons » ! Qu’est-ce que ce serait s’ils l’étaient ! J’imagine que les gens qui ont vu brûler leurs voitures en juillet dernier parce que des bandes de délinquants avaient des vapeurs apprécient beaucoup cette mansuétude.

Troisième constat (le principal) : n’est-il pas un peu court et condescendant de réduire l’évocation d’une ville ouvrière et de ses habitants à une opposition rugby / foot, sachant quand même que sur vingt-deux mille habitants, tous ne s’intéressent pas à ces enfantillages. Par exemple, moi, le ballon, je m’en bat l’œil pour parler poliment, et je suis sûr que je ne suis pas le seul.

À la lecture de ce reportage dessiné, je me demande ce qui a bien pu exciter la curiosité d’Arte et de Mediapart pour une bourgade qui, comme beaucoup d’autres, a perdu depuis longtemps son identité et cherche désespérément à s’en bricoler une, artificielle, avec le ballon et d’autres gesticulations de ce genre.

Est-ce pour faire oublier que le passé prestigieux de l’ornement de coiffure et de la lunette est révolu et qu’Oyonnax est toujours embourbée dans la nostalgie mortifère des Trente Glorieuses ? Sans doute, car le sport est l’opium du peuple.

Pour ma part, je suis content d’avoir quitté Oyonnax où j’ai vécu de ma naissance en 1959 jusqu’en 2009 et où j’ai travaillé comme rédacteur dans l’agence du quotidien local.

En huit ans de journalisme encarté (nous étions deux professionnels dans cette agence), je me réjouis encore aujourd’hui de n’avoir jamais mis les pieds au stade, jamais couvert un match de ballon ou quelque autre manifestation sportive.

Alors, la fracture sociale oyonnaxienne vue du stade, franchement... Nous avions déjà la psychologie de bazar et la philosophie de comptoir. Voici la sociologie de vestiaire.

 

 Image prise ici.