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04 août 2011

Robert Walser à propos de son roman Les enfants Tanner :

robert walser,les enfants tanner,folio,gallimard,traduction,allemand,jean launay« L’écrivain doit se laisser aller, avoir le courage de se perdre, d’oser tout, chaque fois ; il doit espérer, il ne peut qu’espérer. Je me souviens d’avoir commencé la rédaction du livre en alignant des mots sans suite, mêlés à des dessins et des gribouillages qui ne voulaient rien dire. Je n’aurais jamais cru alors pouvoir réussir quelque chose de sérieux, quelque chose de beau et de bon. Les idées, et avec elles le courage, ne vinrent que lentement, d’une façon qui me paraissait d’autant plus mystérieuse qu’elles sortaient d’abîmes où il n’y avait rien sinon le refus de me prendre au sérieux et la légèreté de ne pas croire à ce que je faisais. »robert walser,les enfants tanner,folio,gallimard,traduction,allemand,jean launay

(Propos cités par le traducteur Jean Launay dans la postface de l’édition Folio Gallimard des Enfants Tanner.)

Photo : Robert Walser en couverture d'une édition de textes préfacée par Susan Sontag.

02 août 2011

Les collines clignaient de lents feux aux complicités de vieux domestiques.

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Ils servaient d’autres maîtres plus rustiques mais nous les investîmes du pouvoir d’aromatiser notre saison.

Rien ne réclamait de nommer ces instants signés des pas de nos enfants buveurs de ciel.

La part encore intacte dévolue à nos trouvailles suffisait à nous nourrir de pépites accessibles aux plus humbles.

Paysan tout empressé de tes écobuages te souvient-il du zèle des flammèches à sourire de leurs chants au bonheur des passants ?

Je n’aurai de cesse d’engranger ces fournaches en vue d’hivers incalculables.

(Extrait de mon recueil L’Alerte joyeuse, éditions Orage-Lagune-Express, 1997.)

27 juillet 2011

L’enseigne de vaisseau Mhorn

constata avec satisfaction que son corps d’homme âgé glissait dans l’eau sans grand effort.

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Après une, deux puis trois balises fixées au fond de la mer, il dépassa la limite où se brisent les vagues et progressa dans une étendue à peine ridée de vent mourant. Parfois, il se retournait et pouvait encore distinguer la plage et les dunes.
En nageant sur le flanc, il leva un peu la tête et aperçut, éclairé par le soleil en déclin, le ventre blanc d’une hirondelle de rivage. Elle frôla l’eau en plusieurs passages, tout près de lui, puis s’éloigna. Ce fut ensuite un vol de libellules transparentes qui gagnaient en hâte les étangs salés.
Maintenant, l’enseigne de vaisseau Mhorn flottait sur le dos. Un papillon apparut dans son champ de vision avec ceci de remarquable qu’il était impossible, dans le vide du ciel, de déterminer sa taille. Communes ou extraordinaires, ses dimensions ne pouvaient être mesurées en l’absence de tout objet de référence. C’est alors que l’enseigne de vaisseau Mhorn repensa à ses navigations sur des mers et des océans dans lesquels il ne s’était jamais baigné.
Son regard se porta tour à tour vers le grand large et la côte et, pour la première fois de sa vie, il hésita un instant dont la durée, comme l’envergure du papillon, ne pouvait se mesurer.

Extrait de mon roman Le grand variable, éditions Éditinter, 2002. Épuisé.